je cherche depuis un temps, il n'en faut plus qu'un. Je vais le montrer au patron.
Un dimanche que j'avais mis une lavallière bleu marine, il me dit:
- Mais c'est une cravate d'homme, elle m'irait mieux qu'à toi. Regarde, la mienne est une vraie ficelle.
- Oui, mais que mettrai-je alors?
- Tu as encore une broche.
- C'est vrai. Viens, je vais te mettre la cravate
Quand j'eus fait le noeud, il se plaça devant la petite glace, et regarda avec satisfaction le noeud à deux bouts, sous son col rabattu.
- Ne trouves-tu pas mon cou trop long?
- Mais non, un long cou, c'est très beau.
- Ah! c'est beau... je ne savais pas.
Tout cet été, Hein vécut son bonheur sur la terre.
Je m'étais rapprochée de plus en plus de lui: nos dimanches soir étaient exquis; moi, je lisais, et lui dessinait. Il avait de longues mains fines, au bout de poignets très minces, mais ces délicates mains étaient si habiles et si solides qu'elles me semblaient un outil admirable...
Vers l'automne, il devint triste.
- Voyons, lui dis-je un soir, parle-moi.