La légende d'Ulenspiegel(1869)–Charles de Coster– Auteursrechtvrij Vorige Volgende V Décembre étant venu, le mois des longues ténèbres, Ulenspiegel chanta: Monseigneur Sa Grande Altesse Lève le masque, Voulant régner sur le pays Belgique. Les États espagnolisés Mais non Angevinés Disposent des impôts, Battez le tambour D'Angevine déconfiture. Ils ont à leur discrétion Domaines, accises & rentes, Création des magistrats, Et les emplois aussi. [pagina 458] [p. 458] Il en veut aux réformés, Monsieur Sa Grande Altesse, Qui passe en France pour athée. Oh! l'Angevine déconfiture! C'est qu'il veut être roi Par le glaive & par la force, Roi absolu pour tout de bon, Ce Monseigneur & Grande Altesse; C'est qu'il veut prendre en trahison Plusieurs belles villes & même Anvers; Signorkes & pagaders levés matin. Oh! l'Angevine déconfiture! Ce n'est pas sur toi, France, Que se rue ce peuple, de rage affolé; Ces coups d'armes meurtrières Ne frappent point ton noble corps; Et ce ne sont point tes enfants Dont les cadavres entassés Remplissent la porte Kip-Dorp. Oh! l'Angevine déconfiture! Non, ce ne sont pas tes enfants Que le peuple jette à bas des remparts. C'est d'Anjou la Grande Altesse, D'Anjou le débauché passif, France, vivant de ton sang, Et voulant boire le nôtre; Mais entre la coupe & les lèvres... Oh! l'Angevine déconfiture! Monsieur Sa Grande Altesse, Dans une ville sans défense Cria: ‘Tue! tue! Vive la messe!’ Avec ses beaux mignons, Ayant des yeux où brille Le feu honteux, impudent & inquiet, De la luxure sans amour. Oh! l'Angevine déconfiture! C'est eux qu'on frappe & non toi, pauvre peuple, Sur qui ils pèsent par impôts, Gabelles, tailles, déflorements, Te dédaignant & te faisant donner [pagina 459] [p. 459] Ton blé, tes chevaux, tes chariots, Toi qui es pour eux un père. Oh! l'Angevine déconfiture! Toi, qui es pour eux une mère, Allaitant les déportements De ces parricides qui souillent Ton nom à l'étranger, France, qui te repais Des fumées de leur gloire, Quand ils ajoutent. Par de sauvages exploits... Oh! l'Angevine déconfiture! Un fleuron à ta couronne militaire, Une province à ton territoire. Laisse au coq stupide ‘Luxure & bataille;’ Le pied sur la gorge, Peuple français, peuple de mâles, Le pied qui les écrase! Et tous les peuples t'aimeront Pour Angevine déconfiture. Vorige Volgende