Échos limbourgeois(1842)–Aug. J.Th.A. Clavareau– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 3] [p. 3] Aux Incendiés de Hambourg. Frères! vos cris de mort épouvantent nos rives, Et vos gémissemens arrivent jusqu' à nous! Frères! nous répondons à vos douleurs plaintives: A défaut de nos bras nos coeurs viennent à vous! L'Éternel, sur vos murs, fit tomber sa colère; La flamme a dévoré vos trésors et vos toits; Mais les hommes sont tous enfans d'un même père, Et, dans le monde entier, vos malheurs out des droits! [pagina 4] [p. 4] A l'aspect de ces feux, toujours inextinguibles, Comme une ardente mer roulant d'avides flots, Ah! vous pensiez, sans doute, en ces momens horribles, Que l'ange avait sonné le réveil des tombeaux! Quel spectacle, grand Dieu! Tout s'enflamme, s'embrase! Femmes, enfans,vieillards, précipitent leurs pas; Ceux qu'épargne le feu, la pierre les écrase; Votre ville n'est plus qu'un flamboyant amas! Tous adressent au ciel une plainte stérile. Où courir? où traîner des débris tout fumans? Le feu! le feu partout! - Sans pain et sans asile, Quarante mille humains poussent des hurlemens! Tel on vit autrefois un célèbre incendie, Aux torches de la guerre, et trois nuits et trois jours, Poursuivre dans Moscow sa rage inassouvie, Et ne laisser que cendre où s'élevaient ses tours! Le feu ne rugit plus; mais lorsque la nuit tombe, Ce gouffre lance encor de livides lueurs: Le voyageur croit voir une brûlante tombe D'où surgissent au loin de funèbres clameurs. O qui consolera tant de douleur commune, Tant de trésors perdus, longuement recueillis? Qui viendra réparer tant d'amère infortune, Tant d'objets précieux, à jamais engloutis?...... [pagina 5] [p. 5] La nature a parlé: franchissons les distances! Elle offre à nos regards de frappantes leçons: Ses sources, de leurs eaux, forment des lacs immenses; Imitons la nature et rassemblons nos dons. Oui, oui! nous entendons vos sanglots, ô nos frères! Aidons à relever les ravages du feu; Aidons à soulager d'effroyables misères: Le denier de la veuve est cher aux yeux de Dieu! Le brasier s'est éteint: la volonté céleste Confie à tous les coeurs un sublime devoir: Que la sainte pitié, dans ce revers funeste, Répande son dictame au sein du désespoir! Aux mêmes Océans versant leurs nobles ondes, L'Elbe et la Meuse, un jour, réuniront leurs flots, Et, sur des bords lointains, la voix des mers profondes, Du nom de Limbourgeois frappera les échos. Et quand votre cité, sortant de ses décombres, Redressera son front brisé, noirci de feux, Quand ses tours, ses palais, et ses basars sans nombres, Renaîtront de leur cendre et brilleront aux yeux; Si quelqu'un d'entre nous visite ce rivage, Qu'il sera beau de dire, avec la joie au coeur: ‘Ces murs, qu'on releva, sont aussi mon ouvrage; ‘Car j'ai porté ma pierre en offrande au malheur!’ Vorige Volgende