Enquête sur l'influence de l'esprit français en Hollande
La Haye 18 déc. '16
Généralement, en Hollande, on est assez en retard sur le mouvement artistique et littéraire français. Le succès du jour est rarement le même dans les deux pays. Telle oeuvre, depuis tout un temps célèbre en France, demeure encore longuement ignorée ou méconnue aux Pays-Bas. L'infiltration, l'assimilation se font, mais lentes; et je crois qu'il en est ainsi pour tous les arts.
La sympathie, par contre, y est toute spontanée et vive pour la France. On l'aime et on l'admire.
Je crois, et je crains, que les français n'apprécient pas assez ce sentiment. Pendant le séjour assez prolongé que j'ai fait cet été en France, il m'est arrivé plus d'une fois d'entendre parler des Hollandais et de la Hollande en termes peu sympathiques. Et, malheureusement, comme il arrive presque toujours en pareil cas, on généralisait. Il y avait les bons et il y avait les mauvais; et la Hollande comptait parmi ces derniers.
C'est fâcheux et ce n'est pas juste. Certes, en Hollande, par des causes et pour des raisons très diverses, une partie de la population est germanophile; et le ton de certains grands journaux qui d'ailleurs, selon moi, ne traduisent pas le sentiment public, n'y est pas de nature à modifier cette impression. Mais, - et j'insiste vivement sur ce fait, - il ne s'agit que d'une partie de la population. Ce sont, par exemple, beaucoup de chefs militaires, admirateurs naturels du militarisme allemand (peut-être parce qu'ils n'en connaissent point d'autre); ce sont certains nobles, imbus de féodalisme allemand; ce sont les gros marchands de Rotterdam et d'ailleurs, fournisseurs attitrés et opulents de l'Allemagne. Mais, ce que j'ose affirmer sans crainte d'être contredit par qui connaît bien la Hollande, c'est que presque personne dans le pays entier, même s'il est