10. Brief van dr. L.F. Bérard aan zuster Léonie Hanlotte
[Miavoye-Anthée, le 4 Avril 1928]
Chère Madame,
Voici quelques détails au sujet de Mr van Ostayen, le jeune homme qui est mort chez nous dernièrement. Ce malade qui était en traitement, depuis longtemps déjà, chez un médecin d'Anvers avait été envoyé pour consultation chez le Dr Mutsaars ancien directeur du sanatorium de Westmalle. Celui-ci avait conseillé à Mr van Ost. de venir faire une cure à Miavoye. A son arrivée je l'ai trouvé fort mal hypothéqué et j'ai commencé par le mettre au lit sans autre traitement. Puis, voyant que la fièvre persistait et que l'état allait plutôt en s'aggravant, j'ai, en désespoir de cause, tenté un pneumothorax. Mais il était déjà trop tard et le traitement a été inopérant. Après une légère amélioration passagère, l'état s'est de nouveau aggravé et j'ai perdu tout espoir. Le malade avait décidé de retourner à Anvers et, naturellement, je n'ai pas cherché à le retenir, J'avais autorisé le voyage à condition de le faire en auto et la date en était fixée quand, 3 jours avant cette date, brusquement le coeur a fléchi et, du coup, le malade n'était plus transportable. J'ai aussitôt fait avertir la famille. Le père est arrivé le matin même du dimanche où devait avoir lieu le départ mais, malheureusement, le pauvre garçon venait de mourir. Cela nous a fait de la peine car c'était un jeune homme très sympathique et fort bien doué.
C'est le second décès que nous ayons eu en deux mois de temps. L'autre était une demoiselle qu'on m'a envoyée alors qu'elle était à toute extrémité et que j'aurais refusée si j'avais connu la situation mais les médecins qui la soignaient me l'avaient présentée comme étant encore curable. - En ce moment nous avons encore un autre mauvais cas que je ne serais pas fâché de voir partir mais ce n'est pas toujours facile de renvoyer des malades qui se doutent bien qu'un renvoi est une condammation.
A part cela, la situation serait bonne si la vie n'était pas si chère. La maison est pleine mais malgré cela nous n'arrivons pas à faire de bénéfices.
Je vais rarement à Bruxelles et Georgette encore moins souvent. Je me suis déjà proposé d'aller vous dire bonjour mais chaque fois j'ai tant de courses à faire que c'est tout juste si je ne manque pas le train. Pourtant je ferai mon possible, la prochaine fois, pour aller vous voir entre deux trams.
Veuillez saluer, pour moi votre infirmière, ex-Mademoiselle Senden et, en vous souhaitant bon amusement et beau temps pendant votre voyage