Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermd750
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princesse Caroline où étoit la Princesse Royale, je remarquai, que monsieur De Back s'étoit joint à la troupe. Sur quoi je laissai passer les autres devant et je restai le dernier. Et en entrant dans la chambre où étoit la Princesse je restai sur le pas de la porte, tenant le marteau à la main. De Back s'y présenta pour y entrer comme je l'avois bien cru. Je lui dis: ‘Mijn Heer, je hoort hier niet bij’. Il répondit: ‘Ik hoor hier al’. Je lui répétai: ‘Je hoort hier niet’. Il me répéta: ‘Ik hoor hier al’. Je lui dis: ‘Je bent hier niet geroepen’. Il dit: ‘Ik ben al geroepen’. Là-dessus je demandai à monsieur BigotGa naar voetnoot2): ‘Monsieur De Back a-t-il été appellé?’ Monsieur Bigot répondit: ‘Non’. Sur quoi je fermai la porte au né de monsieur De Back. Dans la conférence il fut résolu, que l'on examineroit les registres pour voir ce qui s'étoit fait dans des occasions pareilles et que l'on formeroit son avis à madame la Princesse sur tout ce qu'il y avoit à faire dans celle-ci. La conférence étant séparée nous allâmes dans l'antichambre prendre nos arrangements sur la méthode d'exécuter notre commission et convinmes, que nous nous assemblerions chez le conseiller pensionaire. Pendant ce tems-là monsieur De Back entra chez la Princesse pour lui parler de ce qui s'étoit passé. Ce qu'ayant remarqué, je laissai partir les autres et entrai chez la Princesse, d'abord après que De Back en fut sorti. Je fis un court récit à la Princesse de la chose, comme elle s'étoit passée, afin qu'elle ne se laissât pas prévenir par de fausses insinuations. La Princesse me dit, qu'elle attendoit de moi et de mon amitié pour la mémoire du Prince et pour elle, que je ferois point naître d'incidents dans un tems comme celui-ci. Je lui dis, que je n'en ferois certainement pas naître et qu'elle pouvoit compter, que je mettrois tout en oeuvre pour satisfaire à que je devois au public et aux sentiments, que j'avois toujours professés pour la Maison; que je ne ferois pas de difficulté de parler avec monsieur de Back et de lui porter les ordres de S.A.R. d'abord que l'on auroit résolu ce qui devoit être fait, mais que délibérer avec lui étoit une chose bien différente et qui ne pouvoit avoir lieu; que monsieur De Back n'étoit pas membre du gouvernement et n'étoit pas légitime dans cette conférence; qu'il ne pouvoit pas non plus y être admis, ni mis à côté avec le prince Louis quand même les autres s'en accommoderoient; ce dont je doutois; que pour moi j'assurois que non. La Princesse dit, que la distinction étoit bonne et qu'elle étoit fort contente de voir que je voulois ne pas regarder aux personnes et que dans cette | |
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délibération il suffiroit, que monsieur De Back fut instruit de ce qu'il devoit faire, quand cela seroit résolu. Je sortis. Les autres étoient partis et monsieur De Back se mit vite en carrosse et à toute bride passa le carosse où étoit le pensionaire, s'arrêta, sortit de son carosse, arrêta celui du pensionaire, se mit dedans et alla descendre chez le pensionaire, où je le trouvai assis devant une table avec un volume in folio d'Aitzema. Monsieur de Catwijk, le greffier et monsieur De Larrey étoient dans la chambre. Je ne dis rien, parceque le pensionaire n'étoit pas dans la chambre et que je ne voulois parler qu'en présence de toute la compagnie. Le pensionaire étant rentré je dis à monsieur De Back, que j'étois surpris de le trouver là, puis qu'il n'y avoit rien à y faire et que nous y avions des affaires auxquelles il ne devoit pas assister. Il me dit, qu'il devoit être présent à l'examen des retroacta et qu'il avoit l'ordre de la Princesse pour cela. Je lui dis, que j'avois parlé à la Princesse depuis lui et que j'avois rendu compte à S.A.R. de ce qui s'étoit passé et de mes raisons, que la Princesse m'avoit dit, que lui De Back devoit savoir ce qui se seroit passé afin d'expédier en conséquence ce qui lui seroit ordonné, mais point du tout qu'il dût assister aux délibérations, mais bien au contraire. Monsieur De Back dit, qu'il devoit savoir ce qu'il avoit à faire et qu'il devoit obéir aux ordres de la Princesse. Je lui dis que ces ordres étoient comme je disois et que j'avois parlé à la Princesse depuis lui. Il dit, qu'il s'en tenoit aux ordres, qu'il avoit reçus de la Princesse elle-même et de sa propre bouche. Je lui dis, que je savois aussi par la Princesse elle-même ce qu'elle pensoit sur ceci et qu' en tout cas elle ne pouvoit ordonner à d'autres de délibérer avec lui, mais bien à lui d'exécuter les ordres, qu'il recevoit; que pour moi je ne voulois pas délibérer avec lui sur ces affaires-ci; qu'il n'avoit pas les registres, ni les retroacta; que c'étoient le pensionaire et le greffier, qui les avoient et qu'il ne s'agissoit pas seulement ici des retroacta, mais d'une délibération d'état, où il n'avoit rien à faire, ni à dire, n'étant pas membre du gouvernement et n'étant pas légitime ni admis dans cette conférence, que lui ou moi en sortirons et que je ne prétendois en rien être mis en compromis ni de pair avec lui, ni ne voulois avoir rien à faire avec lui. Il dit, que je lui disois des choses choquantes, dont il vouloit avoir satisfaction. Je lui dis, que ce que j'avois dit, étoit très vrai; qu'il devoit déjà le savoir de lui-même; que s'il en étoit choqué, c'étoit tant pis pour lui; que quant à la satisfaction, il n'avoit qu'à la venir chercher chez moi le lendemain ou quand il voudroit; que je le | |
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priois de se taire et de finir des discours, qui perdoient un tems précieux. Un moment après le pensionaire étant sorti de la chambre je le suivis, je fis chercher le greffier, puis Catwijk et Larrey et nous convinmes tous ensemble, que l'impertinence et l'insolence de cet homme n'étoit pas à souffrir. Le conseiller pensionaire dit, que nous devions faire cause commune en ceci et ne pas céder à monsieur De Back. Je leur dis à tous que si on ne vouloit pas le mettre dehors, ils n'avoient qu'à le laisser là et se rendre ailleurs, soit à la cour, soit chez le greffier ou chez moi. Nous retournâmes à la chambre où étoit De Back. J'attendis, que tous y fussent et puis je dis à De Back, que je le priois d'écouter ce que j'allois lui dire. Il feuilletoit son Aitzema, sans s'être levé pour aucun de la compagnie et restoit assis encore. Il me dit sans se retourner, que je n'avois qu'à parler; qu'il m'entendoit bien. Je lui dis, que j'attendrois s'il vouloit, qu'il eut achevé avec son livre. ‘Non’, dit-il, ‘parlez, je vous entendrai bien’, toujours feuilletant et le dos tourné à peu près vers moi. A la fin je lui dis: ‘Monsieur, je vous demande au nom de toute la compagnie si vous voulez vous en aller ou non et nous laisser ici délibérer en repos’? Pendant que ceci se passoit Catwijk avec un air doctoral dit: ‘Op die manier sullen wij niet veel vorderen’. Là-dessus il s'adressa au reste de ces messieurs et leur demande si c'étoit leur sentiment. Je lui dis, que je répondois pour ceque je disois; que s'il ne partoit pas, nous partirions tous et m'addressant aux autres je dis: ‘Messieurs, si monsieur De Back ne s'en va pas, je vous prie allons tous ensemble chez moi, nous y serons en liberté, je vous répons de ma porte et la garderai bien contre monsieur De Back’. Sur quoi il se leva et s'en alla. Après quoi monsieur de 's Gravemoer arriva chez le pensionaire et rapport lui ayant été fait de la scène passée avec De Back, monsieur de 's Gravemoer me remercia de ceque j'avois fait. La délibération finie je partis un peu avant les autres pour la Maison du Bois où nous devions faire rapport à la Princesse. J'entrai tout droit chez la Princesse pour lui faire rapport de cequi s'étoit passé chez le pensionaire. Pendant que j'y étois monsieur Bigot vint dire que De Back y étoit; la Princesse ne lui répondit rien, parceque j'étois encore occupé à lui parler. Quand je fus achevé elle dit, qu'elle admettoit la distinction, que je faisois touchant monsieur De Back et qu'il valoit mieux prévenir de nouvelles scènes. Elle fit appeler monsieur de SaumaiseGa naar voetnoot3) et dit d'ordonner à De Back de rester dans l'antichambre jusqu'à ce qu'elle eut besoin de | |
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lui et qu'alors elle le feroit appeller. En attendant les autres messieurs arrivèrent. On les fit entrer, pendant que j'y étois encore et le rapport des besognes tenues à La Haye fut fait à la Princesse sans que De Back y fut. Moi, monsieur de Catwijk, le pensionaire, le greffier, Larrey. Nous avons été assemblés à 6 heuresGa naar voetnoot4) chez la Princesse. Nous nous sommes retirés chez le conseiller pensionaire, où nous avons examiné les retroacta de 1647, 1650 et 1702 et délibéré sur ce qu'il y avoit à faire. Résolu de régler tout sur la résolution du 16 novembre 1747Ga naar voetnoot5) et sans porter la chose en délibération, mais comme un point d'ordre sur lequel il ne peut être question que de l'exécution et en vertu de la dite résolution de charger les députés des Etats de Hollande qui iroient faire à S.A.R. le compliment de condoléance, de faire prêter à S.A.R. le serment comme gouvernante et tutrice de son fils sur la commission de stadhouder du feu Prince et que cela se feroit ce soir même pour ne pas perdre de tems, ni laisser le gouvernement sans activité; aussi pour ne pas donner le tems de prendre des arrangements contraires. Il fut aussi résolu de convoquer les Etats Généraux à 3 heures et d'y faire mutatis mutandis la même chose qu'aux Etats de Hollande et d'envoyer une députation de condoléance et pour prendre le serment sur la résolution des Etats Généraux du 27 juillet 1748. Nous sommes retournés faire rapport à la Princesse. Après quoi le pensionaire et moi nous avons parlé à messieurs d'Amsterdam et après nous être assurés d'eux, nous avons porté nos mesures concertées dans le corps des nobles, où le tout ayant été approuvé comme parmi les députés d'Amsterdam, la chose a été portée aux Etats, où le tout a passé avec unanimitéGa naar voetnoot6). En vertu de quoi le secrétaire BoeyGa naar voetnoot7) a été envoyé demander à la Princesse son heure. Ella a appointé 5. La députation composé d'un du corps des nobles et d'un de chaque ville, avec le conseiller pensionaire, en tout 20 | |
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personnes, ont été envoyés chez la Princesse lui faire le compliment et la prendre sous serment. Elle les a reçus sur un lit et a prêté le serment. Les Etats Généraux se sont assemblés et ont fait mutatis mutandis au nom de l'Union la même chose. L'agent a été envoyé demander à la Princesse l'heure pour faire le serment. La Princesse a donné 6. Le premier député de chaque province avec le conseiller pensionaire et le greffier y ont été, lui ont fait le compliment et elle a fait le serment en leurs mains. |
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