Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermd697
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au commencement, lorsqu'il en étoit encore tems. Le certain hommeGa naar voetnoot3) en question est bien un des plus dangereux outils, que le Prince puisse avoir autour de lui et il viendra toujours aisément à bout de faire un mal infini, si on ne trouve pas le moyen d'y porter des remèdes efficaces et durables. Il s'agit donc de trouver ces remèdes. V.A.S. a eu la bonté au mois de janvier passé d'approuver le moyen, que je proposai alorsGa naar voetnoot4), mais elle paroît craindre, qu'on ne puisse pas à présent par le même moyen parvenir au même but. Je continuerai toujours de prendre la liberté de parler à V.A.S. sans aucune réserve et sans ménager qui que ce soit au monde, étant sûr, que tout ce que j'aurai l'honneur de lui dire, ne sera jamais sû de personne. Il me semble, que ce qui dégoûte V.A.S. des mesures vigoureuses qu'on pourroit et qu'on devroit peut-être prendre est sur l'apparence, qu'il y a qu'on ne les soutiendroit pas comme il faut. V.A. n'est par malheur que trop bien fondée dans sa crainte. Mais si j'ose le dire, monseigneur, ceux même, qui pourroient bien ne pas soutenir des mesures vigoureuses sont les moins capables de rien gagner par intrigues, contre un intriguant, qui ne s'arrête à rien. Je crois pourtant, que ce second moyen est le seul, qui reste au defaut des mesures vigoureuses. Une preuve, selon moi, très claire, que nous ne sommes pas des gens propres à supplanter un intriguant en nous servant des mêmes armes que lui. C'est ce que V.A.S. me fait la grâce de me dire elle-même: que nos ennemis ont gagné et gagnerons toujours davantage de terrain. Si j'ose le dire, je crois, que personne n'est si dangereux pour un homme comme Gronsfeld, que ceux, qui agissent ouvertement contre lui. Je me suis très bien trouvé de cette conduite pendant l'absence de mon frère. Je n'ai vu réussir à mon frère, qu'une seule intrigue. C'est celle par laquelle il est venu à bout d'établir Gronsfeld dans ce païs-ci et je ne crois pas, qu'il se vante de l'heureux succès de celle-là. Je supplie V.A.S. de ne pas croire, que je veuille insister sur mon propre sentiment, mais monseigneur, si on en veut suivre un autre, je souhaiterois simplement, qu'on eut formé un plan d' action, quelqu'il soit et qu'on le suivit et il faut dire, que je ne vois rien de pareil, car comme j'ai eu l'honneur de le dire de | |
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bouche à V.A.S. tous ceux, que j'ai vu suivre jusqu'à présent ne sont que des plan d'inaction. Lorsque j'ai fort prié, au mois de janvier, en présence de V.A.S., qu'on voulut agir; il falloit attendre le départ de Gronsfeld au commencement de février. Nous voici quasi à la fin d'avril et on attend toujours ce fameux départ, dont il n'est plus question. Et plus on attend, plus on se perd, car on laisse toujours enraciner le mal plus fortement chez le Prince pendant qu'on reste soi-même dans un état d'autant plus dangereux que la moindre lueur d'espérance fait d'abord croire, qu'on a tout gagné. Tout ceci me persuade de plus en plus, monseigneur, que si on ne peut pas mener nos amis à quelque chose de vigoureuse et de solide et les tenir à suivre un plan fixe, qui mène à quelque chose de réel, nous ne ferons que battre l'eau et nous n'avancerons en rien. On aura beau parler d'ordre, qui commence à s'établir et de deux conférences réglées par semaineGa naar voetnoot5) sur les affaires étrangères, je n'en espérerai pas mieux pour cela. J'aurois beau bâtir, mon bâtiment n'avancera jamais, tant que je laisserai derrière moi les gens, qui démolissent pour le moins aussi vite que je puis bâtir. Je sai bien, que lorsqu'on voudroit faire prendre à un de nos amis un chemin différent de celui qu'il a en tête, il s'emporte et s'impatiente, mais il ne me persuadera jamais par là, que j'ai tort; au contraire je dois juger, qu'un homme, qui ne me répond que par des impatiences et des généralités n'a pas de bonnes raisons à alléguer. Je ferai pourtant toujours tout ce qui me sera possible pour le persuader. Je compte si fort, monseigneur, sur les bontéz de V.A.S., que je crains, que j'en abuse en lui parlant trop librement et dans des termes moins mesurez, que je ne devois; mais je suis persuadé, que le bon coeur de V.A.S. le fera passer par dessus ce que je puis avoir dit moins respectueusement, qu'il ne me convient et qu'elle ne regardera qu'à l'intention sans s'arrêter à la forme. Comme feue ma mère m'avoit nommé pour être un de ses exécuteurs testamantaires, je serai obligé de passer en Angleterre le plutôt, que je pourrai. Je me flatte d'être à La Haye la semaine prochaine pour partir avec le pacquet de samedi prochainGa naar voetnoot6) en huit. Je tâcherai pourtant de m'entendre avec mon frère, afin que nous ne soyons pas tous les deux absens. | |
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Quant à mon retour à La Haye il n'y a pas à craindre, monseigneur, qu'il donne aucun soupçon, car le Prince lui-même m'a dit de revenir le plutôt que je pourrois. D'ailleurs ils sont assez accoutumez à me voir aller et venir, sans m'embarasser de ce qu'on juge à propos d'en dire. Je fais passer encore celle-ci par le canal de mylord Holdernesse, afin que mon frère ni le petit Larrey même ne sachent pas, que j'aye eu honneur d'écrire à V.A.S. (Beleefdheidsbetuigingen). |
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