Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermdWenen, 6 juni 1750Le 28 mai le comte d'Ulfeld fit prier monsieur Keith et monsieur De Burmania de venir chez lui le soir à cinq heures. J'allai ce même matin, sans savoir rien de ce message, faire une visite au comte d'Ulfeld, qui me dit, qu'il avoit appointé ces messieurs pour le soir et qu'après qu'il leur auroit remi la réponse au mémoire, il m'enverrait réponse à ma lettre. Je lui dis, que je viendrois la chercher. Monsieur De Burmania enverra la réponse au mémoire. J'allai ce soir vers les huit heures chez le comte d'Ulfeld, qui me remit la réponse à ma lettre. Je vous envoye copie de ma lettre et de la réponse. Mais je supplie très instamment, que ces deux pièces ne soient vues que du prince d'Orange, du pensionaire, du greffier et de vous et que | |
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même aucun autre n'aye seulement connaissance que pareilles pièces existent. Je me suis trouvé obligé d'entrer dans un détail, qui ne doit point être confié à personne, dont je ne sois parfaitement sûr, par rapport à l'usage qu'il en voudroit faire. La manière dont je parle dans ma lettre au comte d'Ulfeld du système de certaines gens chez nous, était nécessaire pour faire sentir le danger auquel l'on s'exposait ici. J'ai vu, que le prince d'Orange a dit l'équivalent au prince Charles et dans le même butGa naar voetnoot1). Ici personne n'a vu ma lettre au comte d'Ulfeld, que l'empereur, l'impératrice, le prince Charles et les ministres de conférence. J'ai très fort insisté, qu'elle ne fut pas montrée à Taroucca. Et j'ai eu de très bonnes raisons pour cela, car c'est un très mauvais sujet et qui ne fait que de mal: par dessus le marché, un très petit génie, selon moi, et qui n'a d'autre talent, que la finesse et subtilité, sans aucun nerf ni solidité dans l'esprit. Je ne crois pas non plus, qu'il se soutienne longtems, parcequ'il est généralement trop peu estimé. Mais j'en reviens au secret par rapport à ma lettre. Il suffit pour le bien et pour la conduite des affaires, que les personnes, que j'ai nommées ci-dessus, sachent le dessous des cartes. Tout autre n'en a que faire. Et j'espère, qu'à notre première entrevue vous me tranquiliserez sur ce point. Reste à considérer ce qu'on devra résoudre à La Haye sur le papier donné par cette cour en réponce au mémoire du 20 avril. Je vous avoue naturellement que je souhaiterois fort, que la délibération fut différée jusqu'à mon retour. Je ne vois pas, qu'il en puisse résulter un fort grand préjudice. Il importe, que vous soyez informé, du génie et du caractère des personnes employées et il ne me sera pas possible de vous faire voir dans cent pages d'écriture, aussi clair que je le pourrai faire en un jour de conversation. Outre cela considérez, qu'en employant l'intervalle à ramasser des informations suffisantes touchant le commerce, le tems ne sera pas perdu tout à fait. D'ailleurs en passant par Hanovre, je m'aboucherai avec le duc de Newcastle et je parlerai au roi. Je ferai rapport du tout à La Haye et alors on sera mieux encore en état de juger de ce qu'il faudra faire. Ce que je propose à cet égard me paroît naturel, parceque l'on devra dans la déliberation et dans la résolution combiner ensemble tout ce qui est jusqu'à présent parvenu d'ici à la connoissance et tout ce qu'on l'en apprendra à Hanovre, afin de pouvoir juger quel parti l'on en peut tirer pour aller en avant et venir à une conclusion. Il faut que nous allions de front | |
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avec l'Angleterre pour gagner terrain à cette cour-ci et il faut voir, avant que de faire un nouveau pas ici, jusqu'à quelle hauteur on peut attirer l'Angleterre et l'engager dans ce que nous jugeons, qui convient à l'intérêt commun. La réponce donnée en forme à Keith et à Burmania, doit donc, selon moi, être faite commissoriale, l'on doit se mettre au fait de tous les points, qui y sont touchés, pour être ferrés à glace, quand il faudra entrer dans un détail sur le commerce et sur d'autres points litigieux et de discussion. Mais remettre la déliberation jusqu'à ce que vous ayez reçu de Hanovre les informations, qui sont absolument nécessaires avant que d'aller en avant et que je tâcherai de vous apporter aussi amples, qui me sera possible. Je ne vois pas, je vous l'avoue, que l'on puisse avoir un autre plan ou suivre aucune route, qui ne soit sujet à un beaucoup plus grand nombre d'inconvéniens, qu'il n'y en a dans ce que je propose, où le principal inconvénient est la perte de tems. Mais à celui-ci je ne vois pas de remède. Vous serez certainement peu content de la façon dont monsieur le comte d'Ulfeld a répondu à ma lettre et vous ne trouverez pas dans la réponce la même franchise ni l'envie de faciliter, qui règne dans ma lettre à lui. Ce qu'il y a de poli n'a pas l'air naturel et outre cela il y a de l'aigreur, quoiqu'on ait pris de la peine pour le cacher. Vous observerez aussi, que ce n'est pas tout de même stile, qu'il y a des hiatus et qu'on voit manifestement, qu'il y a eu des passages retranchés et d'autres ajoutés. J'en pourrois dire autant de la réponce au mémoire. Nous avons pourtant cru, qu'il falloit dissimuler tout cela, faire semblant de n'en être pas mécontents, faire usage de ce qu'il y a de bon, en tirer parti et laisser là, ce qu'il y a de mauvais ou d'aigre, sans faire semblant de le remarquer. Je suis persuadé, que l'intention de la souveraine est dans le fond meilleure, qu'elle ne paroît être dans les écrits ci-joints, qui n'ont pas été dressés par elle, mais par des gens, qui auroient été très aises, qu'elle ont donné dans leur façon de presser toute différente du principe général, qui règne pourtant dans tous ces écrits, assavoir, l'aveu clair et formel des traités et particulièrement de celui de la barrière, qui est ici réclamé par la cour de Vienne et qui est posé pour base de tout, au lieu qu'auparavant ce point-là l'avoit point été fixé ni constaté, mais on y avoit épilogué et on avoit évité d'entrer en matière sur la supposition de l'existence entière du traité. J'ai jugé, parceque j'ai entendu de la bouche de l'empereur et de l'impératrice, que quand on viendroit au fait, l'existence du traité en | |
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entier seroit avouée et c'est pour cela, que j'ai cru, qu'il valoit mieux ne pas faire la question, s'il existoit ou non. Le parti, que je propose de faire semblant de n'être pas mécontent et de prendre le tout provisionellement pour argent comptant, paroîtra peut-être un peu extraordinaire, mais je suis sûr, qu'à mon retour je convaincrai le Prince, vous et les deux autres, que j'ai nommés ci-dessus, que c'est le parti le plus sage et qui mène par le plus court au but, qui est de finir et de finir le plutôt et au plus grand avantage. Les autres, qui voudroient finasser ou chercher midi à quatorze heures, se rangeront, j'espère, et suivront. Un point de la dernière importance (et qui a pensé m'échaper) est, qu'il faut que nous prenions garde à l'avenir d'avoir la raison et la vérité de notre côté. S'il y en a, dans la conduite de la République quelque chose en quoi l'on aye contrevenu au traité de Münster (comme cela est très positivement affirmé de la part de cette cour) il faut en ce cas, que nous soyons prêts de notre côté à passer condamnation et à exécuter le traité-là de notre côté, dans le tems, que nous insistons sur l'exécution de ce traité-là et des autres traités de la part de cette cour-ci. Je ne suis pas assez au fait pour juger de ce qui est vrai, ou de ce qui ne l'est point; mais je suis fort trompé, si notre tarif de 1729Ga naar voetnoot2) cadre avec le traité de Munster. Je suis obligé de mettre fin à cette dépêche et de réserver à dire pour une autre occasion ou de bouche ce que j'aurois à y ajouter. P.S. Le 28 mai la réponce fut remise. Mais monsieur Keith ayant trouvé que l'article où l'on prioit le roi d'Angleterre de concourrir au rétablissement des places des Païs-Bas, n'étoit pas tel, qu'il faloit, cet article a été changé et on l'a ajusté, tel que vous le voyez dans le papier, qui fut remis hier à monsieur Keith et échangé contre le premier. Celui ci vaut beaucoup mieux, parceque la demande n'y est pas si directe. Je vous dirai à mon retour tout ce que je sai du détail de ce changement.
Je vous envoye un extrait d'une lettre du prince Louis. Et je vous prie de faire en sorte que les gazettiers se retractent, quand ce ne seroit que pour leur donner le démenti. Ce qui est une espèce de satisfaction. |
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