Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekendAken, 28 April 1748.[Onderhoud met St. Séverin, niet geslaagd hem zich te doen uitspreken.] Il m'a donné à entendre très clairement que la France n'avoit aucune prétension sur la République, ni la République sur la France, que nous n'étions pas en guerre, et qu'il se tiroit des coups de part et d'autre pour la querelle d'un tiers; ce sont ses propres paroles. Quoique je ne convienne pas du tout de ce principe, et que je sois au contraire persuadé que la République a pour sa conservation et pour sa sûreté un intérêt manifeste indépendamment de tout traîté à soutenir un système que la France cherche à renverser, j'ai laissé passer cela sans contredire, pour tâcher d'engager la conversation et de le faire parler. Mais inutilement. [Sardinië verkeert volgens hem in hetzelfde geval. Het is duidelijk] que Mr. de St. Séverin ne veut absolument pas entrer en détail ni en discussion sur rien provisionnellement avec nous. J'en comprens parfaitement la raison, et je trouve qu'il se conduit en cela habilement et selon les règles de l'art. Vous avez vu par la lettre du 26 du courant de Myld. Sandwich à Mr. Keith où les choses en sont, et que Mr. de St. Séverin négocie avec Myld. Sandwich; et par mes précédentes, si vous prenez la peine de | |
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les relire avec attention, vous verrez que ce que Myld. Sandwich dit qu'il m'a informé de tout ce qui se passoit, est très vrai; et vous devez en conclurre qu'étant au fait, je devois d'autant moins pousser Mr. de St. Séverin sur des points particuliers, qui lui auroient fait voir, ou du moins soupçonner fortement, que j'étois informé de ce qui se passoit entre Myld. Sandwich et lui, parce que cela auroit retardé et embarrassé une négociation que j'ai ordre d'avancer et de faciliter...... Ayant lu et relu avec toute l'attention les ordres que j'ai reçus de vous en date du 24 du courantGa naar voetnoot1), je vois que le but et la somme de tout c'est de finir conjointement avec l'Angleterre et de faire pour les autres alliés le mieux que nous pourrons; car après toutes les considérations sur chaque point de l'instruction, cela revient toujours à concerter avec Myld. Sandwich. Ce qui est vrai pour le fond, l'est tout autant pour la forme et pour la méthode, et dans ce cas-ci, si l'on veut la fin, il faut vouloir les moyens. Au bout du compte je n'ai pas de choix. Je sai les instructions, et j'ose dire toutes les instructions de Myld. Sandwich, je vois qu'elles s'accordent parfaitement avec la façon de penser en Hollande, et je vois que Myld. Sandwich s'y prend, d'un côté avec toute l'adresse et l'habileté possibles pour faire réussir les choses comme on les souhaite en Hollande, et que de l'autre il en agit avec toute l'ouverture due à un allié tel que la République l'est, dont les intérests sont inséparables de l'Angleterre, principe dont Sandwich ne s'est jamais départiGa naar voetnoot2) et dont il ne peut pas se départir sans se prostituer et se ruiner sans ressource. Je comprens, par exemple, que le point qui tient le plus à coeur en Hollande, et qu'on y regarde comme le moyen le plus promt et le plus sûr de prévenir immédiatement les malheurs dont la République est menacée, c'est celui d'un armistice; et j'ai eu l'honneur de vous dire que je croyois qu'il ne faloit pas, et qu'il n'étoit pas de l'intérest de le demander. Je suis encor de cet avis, et c'est le seul moyen de l'obtenir que de ne le pas demander, mais de le faire venir naturellement à la | |
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suite des autres articles, où la France est intéressée, au lieu qu'à celui-ci elle ne l'est point. Aussi Myld. Sandwich a-t-il conduit l'affaire de cette façon-la, et cela a réussi. Les points préliminaires dont Myld. Sandwich fait mention à Mr. Keith, ne sont pas des points constatés jusqu'à ce qu'ils reviennent avec l'approbation de la Cour de France. [Daarom en volgens plechtige belofte kan ik ze niet meedeelen, maar onder het meest dringende verzoek om geheimhouding geef ik ze toch in hoofdzaak; wapenstilstand bij teekeningGa naar voetnoot1).] Si j'avois voulu m'en mêler directement, diriger en apparence, et faire comme la mouche de la fable sur le chariot, qui disoit: ‘voyez comme je fais de la poussière’, j'aurois tout gâté...... [Chavannes heeft desgelijks gehandeld. Nog eenige twijfel of het de Franschen wel ernst is, aangezien de preliminairen Genua feitelijk in de steek laten: terugkomst van de koerier dus afwachten.] Ce qui me feroit pancher à croire que la France a envie de finir, c'est l'article des restitutions réciproques, par lequel elle regagneroit Cap Breton. C'est la clef de tout...... Je me flatte que je pourrai procurer à la République quelque avantage présent et immédiat. Mais comme la réussite est encore incertaine, et que j'en veux avoir l'honneur si je réussis, je ne le dirai pas d'avance. Je ne crains pas d'être désavoué, car il n'y a qu'à gagner pour la République dans ce que je me proposeGa naar voetnoot2). | |
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Je vois par mes instructions que l'on fait à la Haye sur la Cour de Vienne plusieurs réflexions qui certainement sont très sages et très fondées. Mais permettezmoi de vous dire qu'il faut que la porte soit ouverte ou fermée, je vois qu'il faut finir, et c'est là le grand point. Quand d'un autre côté je vois que la Cour de Vienne reste dans des protestations générales d'esprit pacifique, sans entrer en détail sur aucun point, et qu'au bout du compte nous ne pouvons pas l'aider à soutenir des prétensions quelques justes ou fondées qu'elles soient, je me détermine à aller en avant le mieux, c'est à dire le moins mal, qu'il est possible. Nous n'avons rien à donner, moins encore à restituer, à la France. L'Angleterre a Cap Breton, qu'elle rendra contre les Païs-Bas. L'Angleterre veut finir, rendre Cap Breton et procurer à la Cour de Vienne la possession des Païs-Bas. Quand même nous voudrions soutenir la Cour de Vienne dans des prétensions ultérieures, le pouvons-nous? Je réponds hardiment que non; que nous ne le pouvons pas. A quoi sert donc de l'essayer, si ce n'est à perdre un tems qui seroit irréparablement perdu? Mr. de Kaunitz n'est pas encore informé de l'état, où les choses sont ici. On l'y prépare journellement peu à peu, et tous les discours de Myld. Sandwich et de moi sont tels qu'il ne pourra guèrre être surpris, s'il entend qu'on va en avant, et qu'on prie après cela la Cour de Vienne de se prêter aux circonstances de ses alliés, puisqu'il ne leur est pas possible de faire autrement qu'ils font sans se perdre euxmêmes, et sans perdre la maison d'Autriche, à qui ils deviendroient inutiles, et même à charge, s'ils étoient perdus...... Cette considération qu'on doit avoir pour la Cour de Vienne, et le danger où l'on se mettroit de quelque négociation de sa part, soit avec l'Espagne, soit avec la | |
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France sans nousGa naar voetnoot1), est encore une raison pour exiger le plus grand secret. Je n'ai pas osé encore m'ouvrir à Monsr. Hasselaar, ni lui faire part de ce que j'ai reçu en particulier de vous, Monsieur, par ordre du Prince, et adressé à moi seul, parce que je suis sûr qu'il ne pourroit pas le cacher à Amsterdam, et qu'alors tout est perdu. Quant à Mr. de Katwijck, je me suis ouvert à lui, et je le trouve, comme je l'ai toujours trouvé, fidèle à ses principes, sage, mesuré, et de très bon conseil. Aussi je me conduis de concert avec lui, et lui avec moi. Je l'ai fait de concert avec Myld. Sandwich, qui en agit de même que moi avec lui...... Dans une de vos lettresGa naar voetnoot2) vous me parlez d'une idée que j'approuve infiniment, mais qui ne laissera pas d'avoir de la difficulté dans l'exécution, c'est d'engager l'Angleterre à mettre garnison avec nous dans les places de la Barrière, quand nous l'aurons. Pour faire réussir cette affaire, qui seroit un coup de partie en fait de politique, il ne faut pas en parler à présent et attendre même l'effet de la restitution des Pais-Bas. Si la France en avoit le vent, elle mettroit tout en oeuvre pour prévenir une mesure pareille, qu'elle verroit bien être prise pour sûreté contre elle, et cela pourroit retarder ou rompre la négotiation qui est à présent en train. Il faut s'en souvenir quand il sera tems, mais n'en parler pas à présent. | |
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[De Spanjaard, Sotto-Mayor, laat zich leiden door Frankrijk, dat altijd zijn bondgenooten opoffert.] Outre la raison que j'ai alléguée - - pour ne pas parler à Mr. Hasselaar - - il y a encore une, c'est que je le vois si fort prévenu pour sa ville, et pour ses sentiments, aussi bien que pour la direction qu'elle devroit, selon lui, avoir, que cela n'auroit pas manqué de causer de la confusion dans une affaire trop délicate et trop facile à gâter, et d'ailleurs trop importante, pour oser rien risquer avec quelqu'un dont je ne fûsse sûr tant pour le secret que pour la connoissance des affaires. Comme la situation où je me trouve est très délicate à plusieurs égards, je vous supplie, Monsieur, de me faire le plaisir de me dire si l'on est content de moi, et en cas que non, que l'on me dise en quoi j'ai manqué...... |
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