Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekendDen Haag, 24 April 1748.Tibi soli.
La dépesche ci-jointeGa naar voetnoot1) contient un sujet assés important pour que je vous explique tout ce qui s'est passé à cet égard. Lundi passéGa naar voetnoot2) Monsr. Keith me communiqua les deux lettres du Duc de Newcastle à Mylord Sandwich, avec une troisième addressée à luiGa naar voetnoot3), dans laquelle on lui ordonne de me les faire voir avant que de les donner au Prince, pour examiner, s'il y avoit des termes à changer, et pour concerter avec moi de quelle façon il devoit s'y prendre. Ayant lu ces dépesches, j'ay cru qui si on laissoit tous les périodes offensants, qui s'y trouvent à plusieurs reprises, cela ne pourroit faire qu'un très mauvais effet. Ainsi je lui aij conseillé de les ôter dans les extracts qu'il donneroit au Prince, en y laissant seulement un ou deux passages, qui insinuent assés clairement que le Roi ne se seroit résolu à une démarche si précipitée si ce n'étoit à cause du mauvais état de nos affaires, et du peu d'assistence qu'on avoit à attendre de la République. | |
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Après avoir concerté avec lui j'aij été voir la Princesse l'après-diner, à qui j'aij vu la joie peinte sur le visage, quand je lui ay fait part des résolutions prises en Angleterre. Elle me témoignoit qu'elle commençoit asteur à avoir bonne espérance, et que nous ne devions pas attendre un moment à donner des ordres semblables à nos Ministres. Elle ne pouvoit pas cacher une petite insinuation, que les Anglois ne seroient apparemment pas venu si loin, si le Roi n'avoit pas eu quelque peur pour ses propres étatsGa naar voetnoot1). Le soir je voyois le Prince dans la compagnie du Pensionaire et de De Back, mais j'étois surpris quand je le trouvois fort modéré sur ces matières et que la première remarque qu'il me fit, estoit qu'on ne devoit pourtant rien précipiter, et qu'il estoit trop dangereux de signer sans la Maison d'Autriche. Le Pensionaire ne contredisoit en rien, et le Prince me pria de coucher quelque chose sur le papier, dont la conclusion devoit pourtant être de vous joindre en tout à Mylord Sandwich. Je l'aij fait ensuite sans oublier sa remarque principale. Mais avant que de revenir au logis, le Pense., de Back et moi, nous eûmes une conversation entre nous, au sujet de votre collègue Haren, sur qui le Prince avoit lâché un mot qui nous donnoit quelque soubçon. Nous crûmes tous trois que dans ces circonstances il pourroit faire un très mauvais effet, si Haren partoit asteur pour Aix, et qu'il eût connoissance de ces ordres de Mylord Sandwich, parcequ'il tâcheroit d'en profiter pour se donner à luy-même l'honneur de toute cette affaire, et que cela pourroit mettre de la confusion dans la négotiation. Je dois rendre la justice au Pensionaire qu'il s'est assés bien comporté, et entre autre il nous proposa de faire traîner la cérémonie de la pétition générale, dans laquelle Haren doit faire son harangue, et qui se fera demain jusqu'à la fin de la semaine, pour l'obliger de rester du moins ici jusqu'à lundi qui vient, le jour qu'il avoit fixé pour son départ. Et de plus il promit que le lendemain nous conseillerions nous trois au Prince, de garder Haren encore ici pour quelque temps, du moins pour quelques jours dans la semaine qui vient. | |
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Le lendemain, qui a été hier au matin, je suis allé avec Keith chez le Prince, pour remettre les extraits, ce qui se passa amicablement, après quoij j'aij parlé seul au Prince sur l'article de Haren, en tâchant de lui faire comprendre quel mal cela pourroit faire, si Haren estoit informé de ce secret, et qu'il partit dans ces circonstances pour Aix, parceque cela pourroit déranger tous les projects de Mylord Sandwich. Le Prince le prit tout fort bien, et entra même dans mes idées, mais me dit qu'il falloit parler là-dessus le soir avec le Pensionaire et De Back. Le soir donc nous revînmes à l'heure ordinaire, et dès que je voulois commencer à lui faire voir ma lettre, le Prince proposa de demander la Princesse à assister à notre conférence, parcequ'elle avoit paru avoir envie de voir ce qu'on écriroit à nos Ministres. Ce n'étoit pourtant pas cela, car elle n'a jamais rien vu de ce qu'on vous a écrit. Mais elle devoit assister pour voir comment cela tourneroit avec Haren, pour qui elle devoit prendre le parti. Nous commençâmes donc à résumer la lettre, et la seule réflexion que la Princesse fit, éstoit qu'en vous enjoignant de vous joindre en tout à Mylord Sandwich, cela pourroit avoir quelques conséquences, parceque Mylord Sandwich pourroit avoir encore des ordres secrets, dont nous n'avions aucune connoissance. Il a fallu donc ajouter ces mots au milieu: ‘In die vaste suppositie’, etc. Le mention du traité de commerce et des avantages à obtenir de l'Espagne, est venu du Pensionaire. Après avoir ajusté cela le Prince commençoit à parler de Haren, et dans son discours il avoua qu'il avoit déjà fait des confidences à Haren - - ce que j'aij fort soubçonné, parce que Haren ne m'a jamais paru curieux de ce qui se passoit à Aix - -. Je pris donc la liberté de représenter les mauvaises suites qui pouroient arriver de tout ceci, surtout si Haren devoit partir dans ces circonstances, et je proposois si on ne pourroit pas sous quelque prétexte retarder son voyage. Le Pensionaire et De Back appuyèrent ceci de leur côté, mais j'avois d'abord remarqué que dès que j'avois commencé à parler sur ce sujet, le feu montoit à la Princesse au visage, et | |
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aussi elle prit d'abord la parole et disoit que le voyage de Haren estoit arrêté pour lundiGa naar voetnoot1), et qu'il n'étoit pas si sot de ne pas voir que si on ne le laissoit pas aller, il devroit y avoir quelque raison cachée. Mais que comme il dépendoit du Prince, il auroit des ordres de ne rien précipiter, et de laisser agir son premier collègue. Jusqu'où cela iroit, est assés facile à comprendre pour ceux qui connoissent Monsr. Haren. Enfin voyant qu'il n'y avoit rien à faire, il falloit plier, et on se sépara. La conclusion que je tire de tout ceci et des autres circonstances que je pourrois y ajouter, est que Monsr. Haren aura le dernier mot, que si l'Angleterre n'avoit pas donné des ordres tels que Mylord Sandwich en a reçu, on auroit gâté les affaires par luij, et que présentement il est de votre intérest - - je vous parle en véritable ami - - de profiter du temps avant que Haren viendra; ce que vous pourrés concerter avec Mylord Sandwich est ce que je laisse â votre direction. Si vous êtes assés heureux de signer quelques articles quelqu'ils soient, du consentement des alliés, ou avec l'Angleterre, avant que Haren vienne, votre crédit est établi à jamais, et on se mocquera de Haren partout. Si cela ne peut pas réussir, vous pourés conter que de quelque manière que les affaires tournent, Haren en aura le mérite, et quand même Mylord Sandwich et vous dans quelques semaines d'ici vous pourriés venir à une bonne conclusion par vos sages mesures, on dira toujours ici que c'est Monsr. de Haren qui a obligé Mylord Sandwich et vous à faire tout ce que vous faites. Pardonnés si je vous parle naturellement. Je vous dis la pure vérité; c'est asteur à vous d'en profiter. Adieu. [P.S. van A.A. van Iddekinge.] Vous voyés par cecij que Monsr. le Greffier a continué à avoir toujours en moij la même confiance. Il m'a lu tous les papiers, et sa lettre. Je me conforme avec lui en tout; je prévois vos chagrins, parce que j'en sens une partie. Mais il faut passer par là; et se tirer de ce pas, après il faut savoir comment s'y prendre, pour que le parallèlle qu'on fait entre nous et H. n'ait plus lieu. |
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