Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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gezien de opening te Londen geschied was, heb ik Sandwich en St. Séverin het eerst over laten spreken. Verslag van Sandwich's onderhoud met St. SéverinGa naar voetnoot1): 1o. St. Séverin meende ‘un établissement décent’ te moeten eischen; 2o. onwrikbaar over Finale; 3o. Sandwich evenzoo onwrikbaar nopens Duinkerken; 4o. Frankrijk zou niet aanhouden om Veurne; 5o. geen positief antwoord betreffende verbintenissen tegen de pretendent, maar Sandwich niet ongerust dat dat punt de onderhandelingen zal ophouden. Vanochtend ben ik zelf bij St. Séverin geweest. Ook mij sprak hij van un établissement décent.) Mais il m'a dit quelque chose de plus; car dans la conversation il a laissé tomber que cet établissement devroit naturellement être trouvé au dépens de la Reine de Hongrie...... (Uitvoerig verslag van het besprokene betreffende de andere punten. - Vervolgens Kaunitz bezocht.) Je lui ai représenté la nécessité de finir une fois cette guerre, qui ne pouvoit pas durer toujours, et l'impossibilité de la continuer plus longtems avec aucune apparence de reduire la France dans les bornes, où il seroit à souhaiter qu'elle fut réduite, pour le bien et pour la sûreté de ses voisins; qu'en outre cela tous les Alliés étoient épuisés et las de la guerre; que quand même ils auroient des ressources, cette lassitude étoit une disposition d'esprit, qui méritoit bien que l'on y fit une attention très sérieuse, parcequ'elle a des suites terribles dans de grandes affaires; qu'il étoit de la bonne politique de rester unis. J'ai trouvé le Comte Kaunitz fort raisonnable et très convaincu surtout de l'importance et de la nécessité de rester unis avec les Puissances Maritimes; mais très mécontent de la Cour de Turin. (Bentinck bezweert hem dat de schikkingen voor de nieuwe veldtocht daarvan niet mogen lijden. Spreekt vertrouwen uit, dat het Weensche hof de Republiek niet boven haar krachten zal beproeven:) | |
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......que si nous étions réduits trop bas, nous leur serions inutiles pour une autre fois. (Verzekeringen van gemeenschappelijk optreden.) Il s'est engagé d'en écrire sur ce pied à sa Cour, et nous nous sommes séparés. De là j'ai été chez le Comte de la Chavanne, à qui j'ai tenu, mutatis mutandis, le même langage. Comme nous nous connoissons beaucoup et sommes au fait depuis longtems des sentiments l'un de l'autre, cette conversation n'a pas été aussi longue qu'avec le Comte de Kaunitz. J'ai trouvé Mr. de la Chavanne aussi piqué contre la Cour de Vienne que Mr. de Kaunitz contre celle de Turin. Mais Mr. de la Chavanne avouoit d'abord de luimême, et sans que je m'en mêlasse, que non obstant cette mésintelligence il faloit pourtant que ces deux Cours s'entendissent pour les opérations de la campagne, et cela d'abord et sans perte de tems. Il a fort insisté que nous restions tous unis, et que nous ne fassions rien, que de concert, et avec la plus parfaite harmonie, et ouverture entre nous. Je lui ai promis que cela seroit ainsi, et je l'ai prié de représenter au Roi son maître l'état véritable des choses tel qu'il étoit connu à lui - - Mr. de la Chavanne - -, aussi bien qu'à qui que ce soit; que j'étois persuadé que son Maître verroit clair comme le jour qu'il est tems de finir, et qu'il étoit trop éclairé pour ne pas voir que si l'on finissoit, il falloit finir ensemble, et ne point faire de marché à part. Nous n'avons pas eu de dispute là-dessus, et il a promis de représenter les choses de cette façon-là à sa Cour. Nous nous sommes séparés. | |
11 Avril 1748.Je ne saurois m'empêcher de remarquer ici en passant combien les discours de Mr. de St. Séverin diffèrent de ceux que l'Ambassadeur de Venise fait tenir à Monsr. de PuisieulxGa naar voetnoot1). Il faut donc que les uns ou les autres ne soient pas vrais, et je serois fort incliné à croire que les véritables sont ceux de Mr. de St. Séverin, qui parle avec l'authorité et au nom de sa Cour, au lieu que les discours tenus à Londres ont passés par la bouche de deux autres | |
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Ministres, tous deux Vénétiens, et ont par conséquent perdu de leur authenticité dans les canaux où ils ont passé.
À mon retour au logis hier je dînai avec mes deux confrères sans compagnie. Au dessert je commençai par leur dire que j'avois été chez Monsr. de St. Séverin et que je lui avois parlé d'affaires. J'ai cru devoir prendre cette précaution, parce que si tous deux ou l'un d'eux avoit parlé à Mr. de St. Séverin, et que celui-ci leur eût parlé de sa conversation avec moi, cela auroit pu faire un mauvais effet. Je leur ai donc dit en termes généraux que j'avois vu Mr. de St. Séverin et que je lui avois parlé de l'établissement pour Don Philippe, de l'affaire de Final, de celle de Furnes, de Dunkerque, de l'extension des engagements à la postérité du Prétendent, des enclaves de Hainaut et de St. Hubert, et je leur ai dit en gros ce qu'il m'avoit dit. J'avois déjà préparé d'avance Mr. de Katwijck afin qu'il ne me fît pas trop de questions, et que la chose se passât de la façon que je le souhaitois; aussi cela est-il allé fort bien. Mr. de Katwijck et moi sommes amis d'ancienne date; nous pensons de même; nous avons les mêmes liaisons, et les mêmes vues. Il est sage et mesuré dans ses discours, et se tient exactement dans les bornes dont-il est convenu déjà avec moi. Je vous ai dit que je tirerois grand parti de lui; et nous nous aiderons mutuellement, parceque nous nous fions parfaitement l'un à l'autre, et il voit aussi bien que moi que notre autre confrère n'en est pas logé là où nous sommes; car il ne peut cacher sa manière de penser, nonobstant la situation où les choses sont dans la République, et le changement qui y est arrivé par la Révolution. J'espère que par ce que je viens de dire vous jugerez que j'aurai répondu au bout du Prince, et à la confiance qu'il a mise en moi. Mais permettez-moi de vous faire remarquer que si j'avois été obligé d'en consulter un seul, ou de concerter d'avance ce qu'il auroit falu dire ou non, je n'aurois rien fait qui vaille, et que, si je suis obligé dans la suite d'en consulter quatre, cela ne peut pas aller du tout, et je ne serai bon à rien ici. En affaires il ne faut point d'esprit, il ne faut que du bon sens, de l'assi- | |
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dicité, et de la constance à suivre sans varier un but fixe, qu'il ne faut jamais perdre de vue, quoiqu'il en arrive. Quand on cherche à briller, on donne du nez en terreGa naar voetnoot1). Voilà pourquoi je vous prie que dorénavant vous continuiez de faire comme vous avez fait cette fois-ci. Je regarde les conférences de tous les Ministres, quand elles se tiendront comme je regarde les Assemblées d'Etat. Il faut que les affaires y viennent mûries et préparées, ce qui se doit faire par un petit nombre de personnes. C'est à quoi je puis servir, et en quoi je me flatte de pouvoir réussir selon les désirs, et selon les intentions du Prince; et je laisserai briller dans les conférences qui voudra. Mais je demande que je sois maître du secret, comme il m'a été promis par le Prince, et comme il en a été convenu entre nous au mois de novembre passé. Pour cet effet je vous supplie donc que les dépêches d'importance, comme celle du 7. à laquelle je réponds par celle-ci, me soient envoiées sous couvert à Mylord Sandwich, qui peut toujours dire que c'est KeithGa naar voetnoot2) qui a emprunté un courier n'en ayant point, et vous ne feriez pas mal de faire mettre un couvert avec le cachet et l'adresse de la main de Keith. Sandwich aura le mot, ouvrira seul et me donnera seul ce qu'il aura pour moi. Je vous prie de me répondre précisément et cathégoriquement sur ce point-ci, parcequ'il y va, selon moi, tant pour le succès des affaires que pour ma direction. Je vous prie aussi de me dire si le Prince juge que je me suis bien conduit, et s'il y a quelque chose en quoi j'ai manqué, parceque je le redresserai, si cela se peut, ou bien je ferai autrement à l'avenir; mais si l'on trouve que j'ai bien fait, je prie qu'on me le dise aussi, non seulement pour ma satisfaction, mais aussi pour ma justification, parceque je regarde votre dépêsche du 7. comme des ordres en forme à moi en ma qualité. Il y a encore un point très important, c'est de pouvoir en cas de besoin disposer d'une somme d'argent pour être | |
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informé de ce qui se passe non seulement dans Aix, mais aussi ailleurs, si j'en trouvois l'occasion.
[P.S.] Comme celle-ci doit être lue au Prince, je ne lui écris pas sur ces matières aujourd'huy, ce que je ferai dorénavant promiscue à S.A.Se ou à vous. Tout ce que je demande, c'est que mes lettres soient bien gardées ensemble, et sur toutes choses qu'il n'en soit pas fait de copies. J'écris trop librement pour ne pas être en droit d'exiger cela: et en tout cas, s'il y avoit quelque extrait à en faire pour quelque point où il s'agiroit d'une grande précision, j'espère, Monsieur, que vous voudrez bien vous charger de faire ces extraits de votre propre main, tant de mes lettres au Prince, que de celles que je vous écris. Je recommende de plus le plus parfait secret. Adieu. Si l'on vouloit suivre les règles de la prudence et de la bonne politique, on devroit dès à présent commencer à travailler, et à faire les arrangements pour faire encore la campagne en 1749, et je crois qu'on devroit même le faire incessamment, afin que la France le sâche, et que cela lui donne à penser. Cette démarche jointe à ce qu'on fait pour persuader les Alliés d'être faciles, feroit un tout complet; mais si on montre de la foiblesse à l'ennemi, dans le tems qu'on décourage ses Alliés, cela ne peut jamais rien produire de bon. Je vous prie de faire que cette idée ne sois pas rejettée sans être bien examinée, quelque peu qu'elle paroisse au premier coup d'oeil proportionnée à notre état et aux dispositions tant de nousmêmes que de nos Alliés. Vous verrez par la lettre que nous vous écrivons en commun, où nous en sommes, et je ne doute pas que vous n'approuviez ma conduite en ceci. |
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