Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekendDen Haag, 17 Maart 1748.J'ai esté voir le Duc de Cumberland et je lui ai dit ce que vous m'aviez prescrit dans votre lettre. Il m'a reçu très gracieusement et il m'a parlé avec beaucoup de confiance. Il commença par me demander, si vous m'aviez parlé du mémoire que votre frére avoit présenté à LondresGa naar voetnoot1). Je lui dis que non. Le Duc en parut un peu étonné et hésita un moment si il devoit me dire le reste. Je lui dis alors que je ne comprenois pas comment Charles avoit pu présenter un mémoire, qui ne fût pas tracé sur le modèle de ceux que vous aviez produit de votre temsGa naar voetnoot2). Là-dessus le Duc me dit, que le mémoire de votre frère mettoit trop bas la République et qu'on donnoit par là trop de prise aux irrésolus et aux pacifiques outrés en Angleterre. Je répliquai, que le mémoire estant présenté dans l'idée d'obtenir un emprunt d'argent en cas de besoin, il estoit inévitableGa naar voetnoot3) de ne pas se servir d'un argument tiré de la disette d'argent dans la République. Le Duc m'avoua cela, mais il témoignoit toujours beaucoup d'inquiétude sur l'effet, que ce mémoire produiroit et sur les nouvelles qu'il attendoit de Londres. Après | |
[pagina 394]
| |
cela le Duc me demanda comment j'estois avec sa soeurGa naar voetnoot1); je lui avoua la vérité comme vous la sçavez. Hier Grovestins vint me dire, si je voulois voir la Princesse et le petit prince. Il se donna l'air comme si il me faisoit cette politesse; mais je me trompe, si il n'en a pas eu l'ordre: ceci en passant. Le Duc se plaignit de ce qu'il trouvoit tout le monde endormi icy, et pas les moindres marques de vigeur; qu'il avoit déjà demandé à plusieurs reprises au Prince d'Orange quel nombre de trouppes que la République mettroit en campagne etc.; mais que jusques icy il n'en avoit pas pu tirer aucune réponse. Je dis au Duc qu'il se pouvoit fort bien, que le Prince ne le sçavoit pas précisément encore lui-même; que je sçavois entre autres que Monsr. d'Haren estoit chargé de la combinaison des débris des Régiments prisonniers de guerre, dont on attendoit un corps de 9 a 10 m. hommes; que peut-estre les listes n'estoient pas dressées, le Génl. Maj. Rouse estant parti pour la Province d'Overijssel pour régler ses affaires particulières, etc. Je me suis mis du depuis en campagne pour en sçavoir quelques nouvelles, mais tout le monde est également peu instruit sur cet article. Demain j'irai voir le Duc pour savoir de lui, si il a quelque chose à me dire pour vous, et je vous l'écrirai aussitôt. Attendez aussi de moij une espèce de chiffre pour marquer les personnages dont nous pourrions estre obligé de nous écrire les noms; je vous enverrai aussi quelques addresses baroques et malotrues. Demain je concerterai avec ZenoGa naar voetnoot2) ce qu'il faut que je dise a Huffel. Jonkr. Jan GrovestinsGa naar voetnoot3) m'a beaucoup parlé de paix et des négociations des Anglais sous main; cela ne prouve rien, me direz-vous, - mais j'ai vu qu'il ne parloit pas de son chef, mais que c'estoit une leçon. En voici la preuve: je lui contestai le fait et lui dis que nous devions éviter toute défiance entre les alliés et faire la guerre jusques à ceque nous pouvions espérer d'avoir une paix | |
[pagina 395]
| |
solide; et que la République devoit toujours observer religieusement ses Traités et ses alliances; sans quoi elle seroit ruinée tôt ou tard, faute de secours de ses alliés qui ne se fieroient plus à elle etc.. Pendant ce discours il se promenoit devant moy, sans dire mot, et puis me dit: que c'estoient là les discours de Monsieur de Rhoon et des beaux esprits. Je lui répliquai que cela estoit vrai, mais que c'estoitent là des discours et des idées sur le système de la République que j'avois eu avant d'avoir jamais vu Monsr. de Rhoon; que j'étois invariable là-dessus et que j'estois fâché de voir que lui avoit changé d'avis par des insinuations de certaines gens. Là-dessus il changea de ton et me dit: que je ne devois pas le croire de ce sentiment, mais qu'il l'avoit soutenu pour sçavoir ce que j'en dirais. Je lui répondis, qu'il n'avoit qu'à dire à toute le terre, que j'estois de ce sentiment, que je m'en faisois honneur et que je souhaitai de pouvoir convaincre tous ceux qui ont part aux affaires, que c'est la seule bonne politique pour le maintien de notre Liberté et de notre indépendance...... |
|