Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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est de la dernière conséquence; parceque de la décision de cette question et du parti, que le Prince prendra en conséquence, dépend le crédit et l'autorité du Pr(ince), ou en d'autres termes: c'est de la décision de cette question que dépend celle d'une autre question, savoir, si ce sera le Prince, ou ce sera l'ancienne Cabale Françoise, qui gouvernera l'Etat: si la Nation, qui a appellé le Prince, et l'a élevé à la dignité de Stadhoudre, sera de nouveau livrée à la Cabale, qui a risqué de perdre l'Etat, plutôt que de risquer de se voir privés d'un pouvoir usurpé, dont ils ne se sont servis que pour fouler et piller le sujet, et pour s'engraisser du sang du Peuple. Il s'agit de savoir si le Prince qui est à présent encore l'objet de l'amour et du respect et de la vénération d'un Peuple, et qui par là est le maître de sauver l'Etat et l'Europe entière, de se satisfaire à lui-même en faisant le plus grand bien qu'il soit possible de faire, et de s'acquérir un nom inmortel; si le Prince, dis-je, veut renoncer à touts ces avantages, être inutile, tomber dans le mépris, et puis devenir l'objet de la haine des Peuples, le tout pour sauver une trouppe de gens, qui actuellement sont encore les mêmes à tous égards qu'ils ont été, qui feroient encore de même, s'ils pouvoient, qui en attendent avec impatience l'occasion et font touts leurs efforts pour faire naître cette ocasion. Il s'agit de savoir, si le Prince veut exposer et perdre touts ses anciens amis et serviteurs, et laisser aller les choses de façon, que dans le public ceux qui ont perdu l'Etat soyent confondus et traités de même que ceux qui n'ont point eu de part à la mauvaise direction, ou qui s'y sont opposé. Il s'agit de savoir, pour mettre le comble au tout, si le Prince veut laisser à la postérité un exemple d'impunité plus pernicieux encore dans ses conséquences, que tout le mal passé. Mal à la verité très grand, mais | |
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qui n'est pas sans remède, si le Prince le veut, et qu'il aplique ce remède sans délai et sans perte de tems. Le public n'est pas informé de la moïtié du détail de toutes les infamies, qui se sont commises, mais il en sait assés pour être indigné de ce qu'il sait. L'on voit par les libelles qui courentGa naar voetnoot1), que l'on est informé des auteurs de nos malheurs; et ce qui confirme avec raison le public dans ces idées, c'est le silence des gens même, qui sont ataqués publiquement, qui le savent, et qui n'osent pas demander d'être justifiés des soupçons, ou plutôt des accusations de la Nation contre eux. Ces accusations ne sont pas produites d'une façon légale ni juridique; et on ne peut atendre, qu'elles le soyent, parceque le public n'est pas informé d'une façon à pouvoir fournir des preuves juridiques telles qu'il les faudroit pour mettre un homme entre les mains de la justice, et pour lui faire son procès. Mais d'un autre côté, ce que le public dit est vrai, quoique les preuves ne soyent pas juridiques. Quant à moi à mon particulier, je ne puis ni ne veux aveugler le public et quand il vient chés moi - - comme cela arrive tout les jours partout où je me trouve - - des gens sensés, zélés et bien intentionés me représenter le tort que souffre le public et la réputation du Prince, par la simple connivance accordée au Pensionaire Gilles, au Secrétaire van der HoopGa naar voetnoot2), à Randwijk, à Twickel, à Buys, à 's Gravemoer, je ne puis, ni ne veux les patrociner directement ni indirectement dans le public. Quand je me tais ou que je hausse les épaules, cela confirme, comme de raison, ces gens dans leurs idées. Quand je leur demande quelles preuves ils ont de ce qu'ils disent, ils allèguent la décadance des finances, de l'Armée et de la Marine, la perte de la Barrière, le mauvais état où sont toutes nos Places, par la faute du Conseil d'Etat, le projet formé de faire avec la France une Neutralité | |
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etc. etc. Ils ajoutent que voyant les effets, qu'ils n'ont pas les preuves en mains telles qu'ils les faudroit pour attaquer en justice tel ou tel, mais que ceux, qu'ils nomment, passent dans le public pour des traîtres à la Patrie, et pour les ennemis jurés du Prince. Que si on leur fait tort, ils doivent être justifiés pour leur propre honneur, pour celui du public et pour celui du Prince, qui continue à les employer, et qui travaille avec eux; que s'ils sont coupables ils doivent premièrement être éloignés des affaires, pour ne plus nuire, ni trahir le Prince, et après cela punis, pour servir d'exemple à d'autres. Quand je demande ce que l'on veut donc, et comment ils voudroient qu'on fit pour satisfaire le public, ils me répondent par me dire: ‘C'est ce que nous vous demandons à vous, Monsieur, et c'est pour cela que nous nous adressons à vous.’ Que répondre? Si j'étois le maître de décider, je ne serois pas ambarrassé. Mais je le suis, parceque le Prince n'a pas pris un parti final sur ce qu'il veut faire à cet égard. Du moins je n'en suis pas informé. Il est de la dernière importance, que le Prince se détermine, et qu'il fasse savoir au petit nombre de personnes à qui il se peut fier, ce qu'il aura résolu sur ce point capital, afin qu'ils sâchent comment parler, et comment faire à l'avenir, sans s'exposer eux-mêmes et sans exposer le Prince. J'ai des raisons plus fortes que qui que ce soit, pour souhaiter de savoir comment me conduire à l'avenir, parceque ma conduite doit être uniforme et cadrer avec celle que j'ai toujours tenue jusqu'à present. Tout le monde sait, que je me suis depuis plusieurs années déclaré contre les mesures qu'on a suivi jusqu'à la Révolution, et contre les gens, qui avoient la direction des affaires; que je me suis ouvertement expliqué qu'il faloit un changement dans le Gouvernement pour tirer l'Etat des mains des gens, qui le vouloient perdre, et qui le perdoient actuellement. Ce changement par une direction singulière de la Providence, arrive. Je ne prétens à aucun mérite d'y avoir contribué, parceque, quand je l'aurois ocasionée moi tout seul, je n'aurois fait que ce que je devois à ma patrie, et à moi-même. Mon attachement et mon affection pour le Prince, quelques grands qu'ils soient, ne m'auroient pas seuls fait agir comme j'ai fait, si ces | |
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principes ne se fûssent réunis avec les autres dans le même objet. Pendant la crise de cette Révolution j'ai eu le bonheur de pouvoir montrer au public, que dans toute ma conduite passée mon but avoit été l'élévation du Prince, comme un moyen de sauver l'Etat, et non pour satisfaire aucune pique, ni aucune vangeance particulière contre ceux, qui m avoient traité d'une manière indigne de moi, et du poste où j'étois. J'ai calmé les esprits de plusieurs personnes très échauffées, en les priant de ne se point faire justice à eux-mêmes, mais d'attendre l'arrivée du Prince qui la leur feroit. Je me suis servi du nom du Prince en public et en particulier, pour empêcher un désordre tumultueux; mais je me suis fait fort en même tems, que justice seroit faite par le Prince. Ma conduite a été conforme à mon charactère, et ce que je savois être les sentimens du Prince. J'ai été approuvé en général par le public, et il est certain, que la Révolution comme elle s'est faite, sans effusion de sang, fait plus d'honneur au Prince, que si Mr. Hallewyn, Mrs. Gilles et 's Gravemoer etc. avoient été massacrés, comme ils l'auroient été, si je ne l'avois empêché. Mais des gens qui pensent plus profondément, que je n'ai eu le tems de faire ce fameux SamediGa naar voetnoot1), blâment ce que j'ai fait. Les uns me disent, que j'ai passé le but, que j'en ai trop fait, que ce n'est pas à moi à sauver des traîtres. D'autres qui à la vérité ne me blâment pas, parceque j'ai agi en galant homme, mais (sic; voor mais lees disent) qu'un plus grand homme que moi auroit fait autrement; que l'exemple dû à la postérité d'un peuple trahi reprenant ses premiers droits, et se vangeant des auteurs de la trahison, l'auroit emporté chés lui sur tout autre principe, et sur toute considération pour les idées du public, pour son propre charactère, pour l'honneur du parti, et pour celui du Prince. Objets de grande considération à la vérité, mais moindre que l'autre. J'avoue que j'ai été frappé de cette idée, et que je ne sai quoi répondre. Et cela me confirme dans l'idée, qu'il est absolûment nécessaire, que le Prince se détermine et satisfasse à ce qu'il doit au public, qui l'a appellé, à son honneur, à sa sûreté, et à celle de touts ceux, qui lui sont atachés. | |
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Il n'y a pas beaucoup de tems même à perdre. On commence déjà à crier contre le Prince. L'on dit qu'il est trop bon et trop facile, et pour peu que cela dure encore, l'on perdra le respect pour lui; ce respect n'étant fondé que sur la confiance et cette confiance n'ayant d'autre objet que le rétablissement des affaires délabrées. C'est sous ce point de vue-là, que le peuple avec raison et sur l'expérience du passé, conserve l'amour pour le nom d'Orange, et dans toutes les villes, villages, hamaux, et le long des grands chemins, où j'ai eu l'honneur d'accompagner le Prince, et où l'air retentissoit d'acclamations, Orange boven étoit suivi de Franssen onder et l'idée de Libérateur paroît partout dans les cris de joye du peuple, dans les devises etc. Si l'on perce l'écorce et qu'on aille au fond des choses, toute l'affection, que le peuple témoigne au Prince, ne peut faire aucun plaisir au Prince, qu'autant que cette affection a un fondement solide, sur lequel elle repose, et ce n'est autre chose, que la persuasion où est toute la Nation, que le Prince la préservera du joug françois et de la Cabale françoise. Preuve de cela c'est, que tant que le Prince a été dans une situation à ne pouvoir pas faire espérer à la Nation sa délivrance, il n'a jamais (été) suivi partout où il a passé, que par une curiosité ordinaire. Mais depuis qu'il se trouve en passe de pouvoir répondre aux voeux de la Nation et d'effectuer sa délivrance, l'on a vu les effets que cette idée nouvelle a causé. Le Prince lui-même en a été frappé et touché. Si la Nation perd cette espérance, l'on verra retomber les choses, où elles étoient avant la Révolution; l'on ne criera plus Vivat Orange, et bientôt après l'on verra le mécontentement et le murmure succéder à la joye et aux acclamations. La Cabale qui a opprimé le Prince et perdu l'Etat sent déjà, que cette affection se ralentira et finira, s'ils peuvent seulement gagner un peu de tems. Chaque jour, chaque heure est un objet pour eux, et s'ils peuvent encore gagner quelques semaines, ils auront gagné tout. Ils s'en flattent, et prennent actuellement leurs mesures et hors du pais et dedans, pour faire revivre leurs anciennes idées, et pour donner un air de sédition et de tumulte à notre heureuse Révolution; ce qui leur sera facile, si | |
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le Prince continuera d'employer Gilles et Van der Hoop, et que le Peuple, dont ces Messrs. - - l'âme de la Cabale - - redoutent la vangeance, commence à voir, que ce qu'ils ont dit est vrai: à quoi bon un Stadhoudre? les choses en iront-elles mieux? Un Stadhoudre nous fera-t-il avoir de l'argent, une Armée, une Flotte? et cela à tems? Tel a été leur language, et si l'évènement le justifie, que pensera le peuple du Prince, qui a en main le pouvoir de faire tout ce que le peuple attend avec raison de lui? Le Prince ne connoit pas ses forces; le Cabale s'en aperçoit déjà, et en profite. On le voit par les difficultés d'Amsterdam sur l'affaire des Postes; difficultés que ces Messieurs n'oseroient pas faire, dans la situation où sont les esprits, si l'espérance de persuader et de fléchir le Prince ne contrebalançoit chés eux la crainte qu'ils ont du peuple. Cette crainte va si loin, que Van den BembdenGa naar voetnoot1) n'a pas osé risquer de venir à son tour à l'Assemblée des Etats. On le voit par la lenteur, et par la froideur du Conseiller Pensionaire, par le tour d'expression et par le style des Résolutions couchées par Mons. Van der Hoop. - - N.B. le mot de contributions omis dans le Raport du......Ga naar voetnoot2) - -. Mais on le voit encore plus clairement dans l'air et dans la physionomie des principaux de la Cabale, et dans un certain air courtois, et un souris malin, connus de touts ceux, qui ont eu le malheur d'avoir à faire avec eux. Il faut de toute nécessité que cette espérance soit frustrée, et que ces Messrs. soient les duppes de leur presomtion, et de leur insolence, ou bien, que l'Etat, l'honneur du Prince et son crédit, tant au dehors qu'au dedans en soient les victimes. Cela ne peut manquer. Que peut penser un homme impartial et simplement informé des faits passés, s'il voit le Prince employer dans les affaires les plus délicates et les plus secrètes, le Pensionaire Gilles et le Secrétaire van der Hoop? Je me borne à ces deux, afin qu'on n'objecte pas le grand nombre | |
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des coupables, pour occasioner l'impunité. La conduite double et fausse de l'un et de l'autre est également connue dans toutes les cours de l'Europe, aussi bien que dans le pais, aussi bien que leur passion et leur acharnement contre le Prince. Les Cours amies et alliées ne soupçonneront jamais le Prince de se servir de ces Messieurs par choix; et les Cours ennemies continueront par le moyen des mêmes instrumens, qui leur ont déjà servi si utilement, à miner l'Etat et l'autorité du Prince; car ces deux choses, je le maintiens, iront toujours de pair. La seule bride, qui a retenu ces Messieurs jusqu'à présent, a été la crainte d'un changement dans le Gouvernement, qu'ils ont regardé comme la perte de leur pouvoir et de leur crédit. Mais s'ils voyent, que ce changement, qu'ils ont tant craint, les confirme, au lieu de les culbuter, ils seront plus insolens, et feront pis que jamais ils n'ont fait. Ils seront même charmés de rejetter la moitié au moins, de ce qu'ils auront fait de mal sur le Prince, et de lui renvoyer touts les mécontents, pour lui porter leurs plaintes. Ils joueront au Prince tout les plus mauvais tours; ils le chicaneront sur chaque point dans l'exercice de l'autorité légitime qu'il a acquise. Ils lui subciteront difficulté sur difficulté pour le lasser et le matter, le tout avec l'air le plus soumis et le plus respectueux, ou pour mieux dire le plus bas et le plus rampant. Cela arrivera incessament, si le Prince ne les éloigne des affaires; cela commence déjà, et avance plus vite qu'on ne croit. La Zélande (sic). Si une fois ces Messieurs ont emporté leur point, le mal sera sans remède. Il n'y a ni art, ni savoir faire, ni manège, qui puisse sauver ni garentir le Prince des affronts accumulés qu'ils lui feront, et contre lesquels (il) ne pourra plus opposer la seule resource, savoir, l'affection de la Nation. Car cette affection diminuera à mesure, que l'autorité et le crédit de Gilles et de Van der Hoop augmenteront. Le Prince ne doit pas laisser refroidir cette affection, qui s'est manifestée avec trop d'ardeur, pour que le peuple ne s'en formalise pas, s'il voit que le Prince n'y répond pas. Amor spretus fit furor. Quand le peuple se sera rafroidi, la Cabale aura tout gagné. | |
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Je conclus, qu'il faut que le Prince éloigne Mrs. Gilles et Van der Hoop. C'est ce qu'il peut faire, en leur disant lui-même, ou en leur faisant dire par quelque autre: que la renomée - - fama publica - - est si violente contre eux, que le parti le plus sage, et le plus prudent qu'ils puissent prendre, est, de se retirer; qu'à present, que le Prince a occasion de voir de plus près le véritable état des affaires, et de savoir tout ce qui s'est passé, il voit que la Nation a raison de se plaindre de la conduite passée; que ces plaintes, qui continuent, et augmentent journellement, iront probablement jusqu'à demander un examen nécessaire pour justifier le Prince, et pour le mettre à couvert de tout reproche du public; que le Prince n'a garde de les condamner sans entendre ce qu'ils ont à dire pour leur justification; que c'est à eux à penser, et à considérer s'ils veulent attendre avec courage et constance cet examen, ou s'ils veulent se retirer; que c'est un avis qu'il leur donne, que ce n'est pas un ordre; qu'il ne prétend pas d'en donner dans les matières pareilles, ni controller le choix, que les Etats Généraux, et ceux d'Hollande ont fait de leurs personnes etc. ‘Qui mettre à leur place,’ me dira-t-on, ‘s'ils se retirent?’ - A quoi je répons: ‘Comment feroit-on, s'ils étoient morts?’ Je dis plus; ils sont morts civilement: car il est selon moi démontré, qu'ils ne sont pas capables d'être employés dans le poste où ils sont. Et cette incapacité d'action est une mort civile quand à leur poste. Il n'y a qu'à faire comme s'ils étoient morts ou mourants; et en désigner d'abord d'autres. L'homme que je nommerois pour Pensionaire est Van der StratenGa naar voetnoot1), parceque je sais, que c'est un homme, sur qui on peut compter, et qui n'a pas de liaisons contraires aux principes sur lesquels le Prince agit. Pour trouver un Secrétaire du Conseil, cela sera plus difficile. Mais encore faut-il se déterminer de l'une façon ou de l'autre, et il vaut encore mieux de prendre quelqu'un tout neuf, mais appliqué et fidèle, que d'en prendre un plus versé, duquel on seroit moins sûr. | |
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‘Mais,’ dira-t-on, ‘comment ces Messieurs prendrontils un compliment pareil?’ Ce sont leurs affaires. Ils suivront le conseil donné de se retirer, ou ils ne le suivront pas. S'ils le suivent, tout est bien. S'ils biaisent, ou s'ils délibèrent, ils courent grand risque, surtout si le public est informé du conseil, que le Prince leur aura donné, ou fait donner, et de la modération et prudence avec laquelle il (le) leur aura donné préférant la voye de la douceur à l'éclat et au bruit, qui résulteroit d'une recherche juridique, qui ne peut être refusée à la voix publique, qui la demande, dans un pais de loix et de justice. Au bout du compte le corpus delicti y est, et les indices et soupçons contre tel et tel y sont, et même très forts. L'état actuel de la République est public, c'est le corpus delicti. Je n'ai que faire de dire sur qui les soupçons tombent. Est il permis, de laisser une affaire pareille sans examen? L'impunité d'un meurtre, d'un assassinat sur un grand chemin est de bien moindre importance. A l'avennement du feu Roy à la Couronne d'Angleterre la première chose fut, d'établir un comité pour l'examen de la conduite des Ministres, qui avoient fait la paix d'Utrecht, après avoir abandonné les Alliés. Si la même chose se faisoit ici, je suis sûr, et il est démontré, que cela donneroit une face tout nouvelle à l'Etat tant au dehors qu'au dedans; que l'honneur et la considération seroit tout d'un coup rétabli au dehors, et quand au dedans, la Cabale françoise seroit tout à fait abbattue; le crédit suivroit tout d'un coup; le Prince trouveroit abondament de l'argent, pour soutenir la Guerre, ou pour faire une paix solide, et s'acquérir une gloire immortelle, dont les effets (se) feroient sentir à sa postérité et à la République. Mais si cela traîne, et que les choses restent dans l'état incertain où elles sont, la Cabale françoise reprendra le dessus, le crédit tombera plus encore; ces Messieurs, que jouissent de la protection ou de la connivence du Prince, le traverseront en tout; l'ampêcheront de trouver l'argent pour soutenir la guerre; feront la paix à leur façon quovis modo, malgré le Prince, et achèveront de déshonnorer la République en rendant le Prince petit, et peu considérable dans la direction des affaires, qu'ils s'arrogeront tout entière à eux-mêmes. |
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