Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekendLundi, 6 Février 1747.Ayant appris que Mr. de MacanazGa naar voetnoot3) étoit arrivé la veille, j'allai lui faire visite chez le Marquis del PuertoGa naar voetnoot4), où il étoit logé. Pendant que j'y étois, Monsr. de Twickel y vint. Monsr. del Puerto se mit à faire l'éloge et la | |
[pagina 246]
| |
recommandation de la paix, à vanter les dispositions pacifiques de sa Cour, et à faire voir comment tout alloit à présent s'arranger; que toutes les difficultés alloient cesser, qu'on pourroit à présent dresser des Préliminaires, pour préparer les choses pour un Congrès. Ce mot de préliminaires sembla choquer Monsr. de Twickel, et il se mit à faire des réflexions sur la forme qui gâte le fond, etc., qu'au bout du compte il ne s'agissoit pas du nom ni du comment, pourvu que la chose se fit. Monsr. Del Puerto dit que tous les Ministres des Puissances intéressées alloient être admis aux conférences, que cela étoit naturel, qu'il n'y avoit rien de plus juste ni de plus conforme au Droit et à la Raison. Mr. de Twickel dit que ces raisonnements étoient fort beaux, mais qu'il s'agissoit de savoir si l'on convenoit de cela en France, que Mr. de Puisieux avant de partir de Breda avoit dit que la France ne s'étoit pas encore déclarée sur l'admission de Mr. de Macanaz. Monsr. del Puerto, qui vouloit avoir raison, soutenu de Monsr. de Macanaz, dit que certainement Monsr. de Macanaz y seroit, et que cela lèveroit toutes les difficultés qu'il y avoit eu touchant l'admission des Ministres de Vienne et de Turin. Je demandai à Monsr. de Macanaz (si) le Roi de France avoit donc consenti (en) forme à son admission. Il me dit oui. Je lui demandai quand. Il me dit, Lundi 26 Déc. ‘Comment? dit......Ga naar voetnoot1) ‘dites vous le 6 ou le 26?’ - ‘C'est le 26 Déc.’, me dit Macanaz pour la seconde fois. - - N.B. Puisieux étoit parti de Breda subitement le 14 Jan. sans rien dire à Twickel de tous les changements - -. Après quoi Macanaz ajouta que Puisieux avoit eu une authorisation du Roi d'Espagne pour traiter d'une certaine façon en son nom, que ce pouvoir avoit été révoqué quand lui Macanaz avoit été nommé et qu'il en avoit donné connaissance au Roi de France; que les Ministres en France avoient dit, cela est bon, Macanaz est un homme connu; que lui Macanaz étoit muni des plein pouvoirs et instructions nécessaires pour finir tout sans envoyer demander aucun nouvel ordre à sa Cour. Je demandai si la Cour de France | |
[pagina 247]
| |
consentiroit à présent à l'admission des Ministres des autres Puissances. Del Puerto et Macanaz dirent tous deux positivement qu'oui. Je remarquai que (cela) causoit quelque surprise à Twickel, qui ne put s'empêcher de le témoigner par les questions réitérées qu'il faisoit, si cela étoit bien sûr, auxquelles ces deux Messrs. répondoient toujours affirmativement. Quand il se crut bien sûr du fait, il se mit à faire un discours sur les inconvénients de la manière de négocier, proposée par l'expédient accepté à Vienne, les longueurs auxquelles elle auroit été sujette, etc., ajoutant que quand il avoit appris la nomination de Macanaz il avoit bien jugé que l'admission suivroit bientôt, et puis après celle des autres Ministres, mais que quand monsr. de Harrach lui en avoit parlé, il ne s'en étoit pas expliqué clairement, ne sachant pas quelle étoit la résolution finale de la France. | |
(Ongedateerd. Begin Februari 1747.)La manière, dont Monsr. de Roosendaal en avoit agi à l'égard de tous ceux qui s'étoient intéressés pour faire nommer le Pce. de Waldeck pour le commandement en chef de nos Troupes pendant la Campagne de 1747Ga naar voetnoot1), m'avoit donné lieu de croire qu'il vouloit rompre totalement ses liaisons avec eux. J'avois déjà eu cette idée quand Mr. de Roosendaal s'étoit démis de la Commission au Conseil d'Etat, et qu'il avoit pris le parti de se retirer dans sa Province et d'y entrer dans le collège des Députez. J'y fus confirmé par les liaisons, qu'il avoit recherchées avec Mr. Iddekinge, et par plusieurs messages très obligeants que j'avois reçus de lui par le Général Smissaert, qui avoit été logé chez moi pendant tout le mois de Déc. 1746 et une partie de Janv. 1747, et puis par Mr. Iddekinge pendant le tems que la nomination de Waldeck étoit sur le tapis. | |
[pagina 248]
| |
J'allai trouver Made. TorkGa naar voetnoot1) le Mercredi 15 Févr. 1747 et je lui communiquai le dessein que j'avois de former des liaisons avec Mr. de Roosendaal. Je lui dis que la manière dont il avoit quitté le Conseil d'Etat, la hauteur avec laquelle il avoit publiquement déclaré les raisons de cette démarche, la manière dont il s'étoit déclaré contre la nomination de Waldeck, et dont il s'étoit conduit à l'égard de Mrs. de Witt, Ackersloot, Van de Poll, Van Kolle, le vieux Bassecour, m'avoit donné très grande idée de sa manière de penser, et m'avoit fait voir qu'il méritoit d'être distingué de tous ceux, qui jusqu'à présent, à ce que je croyois, avoient été du même parti, mais en qui je n'avois encore remarqué aucun des sentiments relevez, ni le courage de soutenir une affaire d'importance avec résolution et vigueur, et de se roidir contre le torrent. Je priai Made. Tork d'aller de ma part chez lui, de lui dire ce que je venois de lui dire à elle, Made. Tork, et d'y ajouter que la raison que j'alléguois étoit la véritable raison pour laquelle je souhaitois de contracter des liaisons avec lui; que tout ce qui s'étoit fait en 1741 étoit une affaire passéeGa naar voetnoot2), qu'il n'étoit pas nécessaire de rebouillir; que j'avois fait alors ce que je croyois devoir faire; que si c'étoit à refaire, j'en ferois encore de même; que par rapport aux affaires publiques Mr. de Roosendaal savoit ses principes, moi les miens; qu'il suivoit les siens, moi les miens; que je me flattois d'être assez connu pour être pas soupçonné d'avoir aucune vue basse ni cachée dans la démarche que je faisois présentement; que je souhaitois de parler à Monsr. de Roosendaal, et que je la priois de lui proposer une entrevue, où et quand il jugeroit à propos; que je pouvois assurer Made. Tork qu'elle ne se répentiroit pas de ce qu'elle feroit à cet égard, et que, comme d'un côté j'étois assuré de la politesse et du savoir-vivre de Mr. de Roosendaal, elle de l'autre devoit être sûre de la mienne; et qu'il ne se passeroit rien dans | |
[pagina 249]
| |
cette entrevue, qui put donner occasion à élargir la brèche, mais au contraire; mais qu'avant que Monsr. de Roosendaal se retirât en Gueldres je souhaitois le voir. Made. Tork fut chez Mr. de Roosendaal à 6 heures le même soir, et à 9 elle vint chez moi me porter réponse; que Mr. de Roosendaal avoit très bien pris ce qu'elle lui avoit dit, y avoit paru très sensible, et avoit dit qu'il seroit charmé de me voir; mais qu'il trouvoit que dans les circonstances présentes il ne convenoit pas que ce fût ni chez moi, ni chez lui; mais que si je voulois que ce fût chez Made. Tork, il s'y trouveroit au jour et à l'heure que je marquerois. J'acceptai cette proposition, et je marquai le lendemain matin à onze heures.
Le Jeudi 16 Févr. je me rendis à onze heures chez Made. Tork, où Mr. de Roosendaal se trouva. On commença par se demander comment l'on se portoit - - Mr. de Roosendaal sortoit d'une grande maladie - - et l'on s'assit auprès du feu, Made. Tork présente. La conversation tomba d'abord sur le Pce. de Waldeck. Mr. de Roosendaal me dit que c'étoit un fou et un écervelé; qu'il regardoit tout comme perdu, s'il étoit à la tête de l'armée; qu'il avoit déclaré publiquement qu'en ce cas il comptoit son capital dans ce païs-ci détérioré de 25 pr. Ct. au moins; me fit le détail de tout ce qu'il avoit fait pour empêcher Waldeck d'être nommé, et des visites qu'il avoit eues de De Witt, d'Ackersloot, de Van de Poll, de Van Kolle, du vieux Bassecour, de la façon dont il les avoit renvoyés; comment il avoit déclaré à De Witt qu'il ne vouloit plus avoir aucune liaison avec Van de Poll, et avoit en sa présence jetté au feu des lettres de Van de Poll; comment De Witt étoit venu lui dire que, quoi qu'ils fussent d'avis différents sur Waldeck, il espéroit pourtant que dans les grandes affaires ils resteroient unis, et offrit à Mr. de Roosendaal l'amitié de la Hollande, en particulier de Messrs. de Dort et d'Amsterdam; à quoi Mr. de Roosendaal avoit répondu que comme particulier c'étoit trop d'honneur qu'ils lui faisoient, et que dans son caractère public cela seroit à l'avenir inutile, puisqu'il alloit se retirer en Gueldre, et ne vouloit plus avoir aucune commission dans aucun Collège; qu'aussi bien il se soucioit très peu de leur amitié, ni d'avoir aucune | |
[pagina 250]
| |
liaison avec eux; non plus que de concerter rien avec eux; que Mr. Randwyck étant venu lui parler de la nomination de Waldeck il lui avoit répondu que son dessein étoit de travailler à faire plaisir au Prince d'Orange, et à le faire Général, à quoi Mr. de Randwyck étoit resté muet; qu'en général Randwyck s'étoit conduit dans toute cette affaire d'une manière indigne, ayant manqué à ce qu'il avoit promis, et particulièrement au Duc de Cumberland; que Brand(s)enburgGa naar voetnoot1) étoit un Schoelje en een Vagabond, qui pour quelque bagatelle, que ceux d'Amsterdam lui avoient promis, avoit manqué à la parole donnée d'être pas pour Waldeck, et qui avoit engagé son neveu BeurzeGa naar voetnoot2) à voter pour Waldeck avec lui, mais qu'il le leur payeroit bien à tous les deux en Gueldres. ‘Tis en slegte waard die een gelach niet burgen kan,’ dit il. Il parla avec le dernier mépris, et dans les termes les plus injurieux du Secrétaire Van der HoopGa naar voetnoot3); témoigna être fort mécontent du Pensionaire Gillis, de ses airs brusques, et grossiers, et de ses manières réservées. Avant de nous séparer il fut convenu que nous nous reverrions chez Made. Tork, Mr. de Roosendaal jugeant qu'il n'étoit pas encore tems que nous nous vissions chez lui ni chez moi.
Le 24 Févr. 1747 j'eus encore une entrevue chez Made. Tork tête à tête avec Mr. de Roosendaal. Je lui dis que je souhaitois savoir de lui-même ce qu'il vouloit faire à l'égard de l'affaire de la promotion; par ce que, s'il avoit dessein tout de bon de travailler à cette affaire, je parlerois à mes amis en Hollande; que s'il ne vouloit pas y aller tout de bon, je ne voulois pas m'exposer inutilement; que Randwyck m'avoit assuré que son but, à lui Roosendaal, n'étoit que de faire peur à Messrs. d'Amsterdam et de Dort, mais pas du tout de pousser la | |
[pagina 251]
| |
promotion; qu'en cas que cela fut vrai, je comptois qu'il ne voudroit pas abuser de la manière franche dont j'en usois à son égard, ni m'exposer. Mr. de Roosendaal me dit que son dessein étoit réellement de pousser l'affaire, et qu'il étoit très charmé que Randwyck fut dans cette idée, me priant de ne le pas désabuser. Il dit de plus que son dessein étoit d'aller dans cette affaire pari passu avec la Province d'Overyssel, afin que d'un côté la Province de Gueldres ne put pas en être la dupe, et que de l'autre celle d'Overyssel n'eut pas seule l'honneur de la décision; que je pouvois faire état là-dessus; et qu'il en parleroit à Mr. de Huffel. |
|