Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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prudent et fort retenu au commencement, ne put pourtant s'empêcher à la fin d'avouer que bien des choses, cette campagne, n'avoient pas été comme elles auroient dû; et de fil en éguille entrant en détail, il m'a parlé au long de nos deux PrincesGa naar voetnoot1), et en particulier de Wald(eck) et il m'a dit tout net que si l'année prochaine on vouloit faire quelque chose de bon, il faloit d'autres chefs, que celui-ci n'avoit eu la confiance ni de ceux-ci à qui il commandoit, ni de ceux à qui il auroit dû obéïr; que le malheur du Pce. de Waldeck étoit d'avoir été avancé trop vite; qu'il auroit pu, s'il avoit été tenu en règle et qu'il se fût appliqué, devenir un Officier médiocre et capable de servir en second, mais qu'il avoit été toujours sans application et sans suite; qu'il avoit été prémièremant au Service de France, puis à celui de Prusse; qu'après il étoit venu au Service Impérial avec un Régiment de cercle, que par la faveur du Prince de Saxe Hilb(urghausen) - - celui qui s'est fait rosser à BanjalukaGa naar voetnoot2) - - et de BartensteinGa naar voetnoot3) il avoit trouvé moyen de se faire donner, hors de son rang, le grade de Génl. Major, et de se faire mettre au dessus de Leopold Daum, de Wanzel, Wallis, et de quelques autres dont je n'ai pas retenu les noms; que quand il avoit servi quelques mois en campagne, il avoit toujours été courir à droite et à gauche; qu'il n'avoit actuellement aucune application; que son quartier à l'armée étoit toujours comme un caffé dans une ville; que la Princesse y étoit toujours; qu'on ne s'y couchoit qu'à une ou deux heures du matin; qu'il étoit incapable de cette façon-là de se trouver le tems nécessaire pour penser à ce qu'il faut pour le commandement d'une armée; qu'aussi il étoit embarrassé à la moindre occasion et ne donnoit des ordres précis et justes sur rien; que quand on lui venoit demander quelque chose, c'étoit toujours, ‘Cornabé!, Cornabé!’Ga naar voetnoot4); que c'étoit proprement Cornabé qui avoit commandé les | |
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Corps Hollandais, et qu'il passoit pour cela dans l'autre aile; que Cornabé avoit bien fait sa bourse pendant cette campagne; que le Pce. de Waldeck avoit fait livrer des fourages prodigieux au Païs, qui n'avoient pas été mis en compte en diminution de ceux du Magazin, et qu'il étoit très probable que le Pce. ou Cornabé partageoit avec l'entrepreneur l'argent que payoit l'Etat; qu'à la vérité le Pce. de W. n'en étoit pas plus riche, car ce que lui vient d'un côté, s'en va d'abord d'un autre; que lui Cte. de Merci avoit été fort étonné de s'entendre demander ici par le Pce. de Waldeck pourquoi l'armée avoit passé le Saar, et qu'il lui avoit répondu qu'il étoit très surpris de cette demande, puisque c'étoit lui Pce. de Waldeck qui l'avoit voulu, et n'avoit non seulement insisté là-dessus, mais avoit même passé avec son Corps de son propre Chef; de façon que le reste de l'armée avoit été obligée de le suivre. A cette occasion le Comte de Merci m'a dit que le Prince de Waldeck s'étoit en tout mis sur le pied d'un homme qui étoit indépendant, et qui commandoit seul un corps à part; qu'il avoit pris ses camps à sa fantaisie, et sans concert avec le Pce. C(harles) ni le Marl. Batth(yany) qu'il avoit par là obligé l'autre aile d'être campée tellement quellement, et comme elle pouvoit; qu'il avoit donné de son Aile des sauvegardes sans la connaissance du Chef de l'armée - - ce qui ne se fait jamais que par le Chef - -, à quatre Ducats le billet, et à tant par jour; que par rapport à la parole, il avoit fait des difficultés, et que tantôt cela avoit été d'une façon, tantôt d'une autre; qu'au second passage de la Meuse, le Pce. de Waldeck étoit encore avec son corps occupé à passer la ville de Maestricht lorsque les Autrichiens y étoient arrivés, au lieu qu'il auroit, selon ce dont on étoit convenu, (dû) avoir passé quatre heures au paravant; cequi avoit occasionné beaucoup de confusion; qu' après cela il s'étoit allé camper beaucoup plus loin de Maestricht qu'on n'en étoit convenu; et qu'il s'étoit posté à sa façon, et comme il avoit jugé à propos: que le jour de l'action il n'avoit pas cru être attaqué, et s'en étoit expliqué ainsi au Pce. Charles. Quant au Pce. de Birkenfeld, il m'a dit que c'étoit un homme plus froid, plus tranquille et plus solide que l'au- | |
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tre, mais sans éducation, ni manières; de façon qu'il se faisoit haïr par sa brutalité, et par sa grossièreté; que c'étoit un homme accoutumé à avoir toujours le bâton haut; qu'il avoit été plusieurs fois averti; que de cette façon il ne réussiroit jamais; mais que cela n'avoit servi, ni ne serviroit de rien. Je lui demandai ce que c'étoit que le Pce. de HilburghausenGa naar voetnoot1), et ce qu'il en savoit. Il me dit qu'il avoit été Colonel aggrégé au Régiment de Grüne; qu'à la recommandation du Roi de Pol(ogne) il avoit été fait Général Major; qu'à Vienne il s'étoit attaché à la famille de Schönfelt, qui est fort riche; qu'il avoit fait à Vienne une trentaine de mille de fl. de dettes; qu'il avoit demandé de l'argent à Mr. de Schönfelt, qui ne lui en avoit pas voulu donner; qu'il avoit demandé au Gr(and) D(uc) - - à present Empereur - - un Régiment; que celui-ci lui avoit dit que cela ne pressoit pas, qu'il etoit jeune; qu'il y en avoit d'autres qui avoient servi plus longtems, qui devoient passer devant lui; que c'étoit par faveur qu'il étoit devenu Génl. Major; que le Pce. de Hilburghausen s'étoit la dessus retiré à Brünn; qu'il avoit écrit pour avoir sa démission, qui lui avoit été d'abord accordée; que ses dettes restoient encore à payer à Vienne; qu'il étoit passé en Bavière pendant la guerre, et qu'il y avoit obtenu de l'emploi, et s'y étoit poussé; qu'à présent ce Pce. souhaitoit d'entrer au Service de la République pour avoir de l'argent; que tous ces Princes cadets en étoient logés là, et qu'on en pourroit avoir de cette sorte tant qu'on voudroit. Il m'a dit que le Pce. de Birkenfeld n'avoit pas le rang de Général dans le service Impérial; que comme Général des Troupes de la République il avoit eu dans les Conseils de Guerre le rang devant les Lieutenants Généraux Impériaux qui étoient autrement plus anciens que lui; que le bruit s'étant répandu dans l'armée que le Pce. de Birkenfeld avoit obtenu le rang de Général de Cavallerie dans les Troupes Impériales; que lui Cte. de Merci avoit été, avec d'autres qui sont plus anciens Lts. Généraux que | |
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le Pce. de B., demander au Pce. Charles ce qui en étoit; que le Pce. Charles leur avoit dit qu'il n'en avoit aucune connoissance et que le Pce. de B. n'avoit pas été donné à l'ordre comme tel; que lui Cte. de M. ni les autres n'auroient pas servi sous lui, si la chose s'étoit trouvée comme on le disoit. Il m'a aussi dit que le Pce. de Waldeck lui avoit dit que Haren l'aîné avoit publié des écrits qui avoient fait un très grand mal; que Haren étoit abhorré ici et que le Pce. de Waldeck avoit paru très piqué contre Haren. |
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