Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekendMercredi, 9 Novembre 1746.J'allai le matin à neuf heures chez le Pensionaire. Je lui dis en entrant que ce qui m'amenoit chez lui étoit la même affaire dont je lui avois déjà parlé itérativement. C'étoit l'article de la proposition à faire à l'assemblée sur la nécessité indispensable de se mettre en état de défense; quovis modo, soit que la négociation à Breda allât en avant ou en arrière; au premier cas, pour avoir de meilleures conditions, au second, pour n'être pas pris au dépourvu; que j'avois très mauvaise opinion de la réussite de la négociation à Breda; que j'étois sûr que lui devoit l'avoir encore plus mauvaise que moi: que l'Assemblée alloit se séparer; que la plus part des membres s'en | |
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retournoient persuadés que la négociation est en bon train; qu'ils s'endormoient là-dessus; qu'il les faloit réveiller; que son devoir l'y appeloit; qu'il ne pouvoit en conscience les laisser partir dans cette persuasion; qu'il les faloit avertir du danger; que dans la suite il auroit encore plus de peine à les réveiller; qu'enfin j'insistois là-dessus; que j'en parlerois aux autres membres de notre corps, et qu'il pouvoit dire la chose aussi fortement qu'il voudroit en notre nom etc. Il fut frappé cette fois-ci, et dit qu'il le feroit avant qu'on allât aux voix, et à l'occasion de la séparation de l'assemblée; qu'alors Messrs. les Nobles en votant pourroient dire ce qu'ils jugeroient à propos pour soutenir cette proposition. Il me communiqua aussi qu'il avoit dessein de rapporter à l'Assemblée de Hollande ce qui s'étoit passé samedi dernierGa naar voetnoot1) dans la Conférence secrette, pour savoir là-dessus les idées des Etats de la Province, et se mettre à couvert; que son dessin donc étoit de proposer une Besoigne Commissoriale pour examiner et régler ce qu'il y auroit à faire à l'avenir par rapport aux conférences, pour éviter les inconvénients auxquels ils sont sujets à présent; qu'il espéroit que je voudrois bien employer mon crédit en Overyssel pour y procurer de la facilité de ce corps-là. Je lui dis que pour que je me prêtâsse à quelque chose de pareil, il faloit que je fûsse moi-même convaincu de la légitimité des choses, et des moyens qu'on voudroit employer; que jusqu'à présent il y avoit dans les Provinces non seulement de Frise et d'Overyssel, mais aussi en Zélande, une grande méfiance des députés aux Etats Généraux, fondée sur ce que ces Messieurs avoient fait beaucoup plus qu'ils n'étoient en droit de faire; qu'ils avoient passé leur commission et s'étoient arrogé un pouvoir qui n'étoit dû qu'à leurs Souverains; que Mr. de RechterenGa naar voetnoot2) avoit même cherché de plus à rendre ridicule la Résolution de ses | |
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Etats, pour faire rejaillir la haine sur Mr. de HuffelGa naar voetnoot1) qui en est l'auteur, et à qui il en a voulu faire accroire au sujet de la négociation; que Mr. de Huffel le savoit, et avoit raison de s'en ressentir et de se méfier de plus en plus de Rechteren. Je lui demandai après cela où restoit Van HoornGa naar voetnoot2) avec sa Résolution; que je savois qu'il en avoit une; que je ne comprenois rien à la conduite de Van Hoorn, qui jouoit un jeu diablement hazardeux et surtout ayant à faire à Mr. Van CittersGa naar voetnoot3) qui est à la tête de la commission secrette en ZélandeGa naar voetnoot4). Il me dit que c'étoient les affaires de Van Hoorn. Après cela il insista de nouveau sur la nécessité de sortir des formes ordinaires pour la conduite d'une négociation aussi délicate que l'est celle-ci. Là- dessus je lui expliquai de nouveau les raisons de méfiance et de jalousie des autres Provinces, fondées sur ce qui s'étoit fait au commencement de JuilletGa naar voetnoot5) dont je lui fis le détail avec les raisons qui ont fait alors agir tant RandwijckGa naar voetnoot6) que Rechteren, et qui les font agir encore. A quoi il ne répondit rien, mais insistoit toujours sur la nécessité de trouver quelque moyen de continuer la Conférence secrette aux Etats Généraux sans tomber dans les inconvénients auxquels on a été exposé jusqu'à présent. Je lui demandai s'il vouloit donc faire de la Conférence secrette un Conseil comme le Conseil de Dix à Venise, et s'il croyoit que les | |
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Etats de Hollande me donneroient à moi un pouvoir illimité pour voter dans cette Conférence é Republica sans leur connoissance. A cela point de réponse. J'avois dès le commencement de la conversation pénétré son but; qui étoit 1o. de me faire parler le premier sur les moyens de régler à l'avenir la méthode des délibérations sur la négociation; 2o. de m'employer pour séparer l'Overyssel des Provinces de Frise, et de Zélande. Mr. de ReischachGa naar voetnoot1) et plusieurs autres personnes l'attendant dans une autre chambre durant cette conversation qui fut assez longue, nous fûmes obligés de la rompre, mais comme j'allois me lever pour m'en aller, il me dit qu'il prioit que nous pûssions encore nous parler là-dessus, avant son départ pour Breda; qu'il venoit de recevoir une lettre de Monr. de Wassenaer, qui lui mandoit que Mr. de Puisieux n'y seroit que dans cinq ou six jours; qu'aussi lui Pensionaire avoit remis son voyage jusqu'à la réponse qu'il recevroit de Breda, et ne partiroit tout au plutôt que Vendredi. Je lui dis que nous en reparlerions quand il voudroit. Je m'en allai. L'assemblée de Hollde se tint de bonne heure parcequ'elle se devoit séparer. Le Pensionaire fit la proposition dont nous étions convenus, et la fit fort bien, insistant surtout sur le peu d'apparence de succès des négociations, et la faisant dépendre de l'état où seroit l'armée; sur la perte de la Barrière etc. Les Nobles votèrent ad rem. |
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