Sorgvliet, 22 Juli 1746.
Le comédie de Cap Breton choque ici tout le monde. Cette flotte, qui part et qui ne part pas, ne trompe ici personne. On dit tout haut partout, que le Ministère anglois veut faire semblant seulement, d'y envoier des forces, mais qu'il n'a nulle envie d'y en envoier, et qu'il voudroit que Cap Breton fut déjà entre les mains des françois. J'ai vu hier des nouvelles à la main, qui disoient que Mr. De Boetzelaer aiant pressé les Ministres sur la restitution de Cap Breton, ils lui avoient répondu, qu'on n'avoit aucun titre pour exiger que le Roi rendit cette conquête, que si les François avoient fait dans la Grande Bretagne ou en Allemagne des conquêtes sur les Etats du Roi, on pourroit proposer un échange. Que le Roi ne se résoudrait jamais à le rendre, parce que cela pourroit causer un soulèvement en Angleterre, mais qu'ils ne savoient pas pourquoi les françois n'envoient pas la flotte considérable qu'ils avoient en mer au Cap Breton pour le reprendre, au lieu de s'amuser à faire des tentatives inutiles sur la Grande Bretagne.
Ces nouvelles ajoutent que Mr. de Boetzelaer, aiant fait part de cette nouvelle aux Etats Généraux on avoit appelé Mr. De Puisieulx à une conférence, on lui avoit communiqué cette réponse, et on l'avoit pressé de faire part à Sa Cour