Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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Sorgvliet, 19 Juli 1746.......‘Vous savés déjà, Madame, que vos souhaits sur le rappel de Van Hoey n'ont pas été accomplis. Il a ici le mépris de tout le Public; mais il est chéri du parti dominant, de ce parti avec le quel l'Angleterre s'entend depuis longtems. Je ne puis pas m'empêcher de le répéter. Les deux nations se ressentiront pendant cent ans de cette faute que l'on a faite et dans laquelle on persiste. L'on sera indigné en Angleterre de ce que Van Hoey n'est pas rapellé, et l'indignation tombera sur toute la Nation Hollandoise. Il seroit bien à souhaiter que l'on publiât dans les Gazettes, que le parti du Prince d'Orange a fait son possible pour rappeler Van Hoey, que ce parti est ferme pour l'union avec l'Angleterre, mais que les ennemis du Prince travaillent de plus en plus à se séparer de l'Angleterre, et ont été dans cette occasion charmés de ne pas donner au Roi une satisfaction convenable. Si l'on ne prend pas cette précaution, tout bon Hollandois, même Mr. de Bentinck, quoique d'ailleurs il soit bien connu, sera regardé avec mépris par le public en Angleterre. Voilà le Pensionnaire mort. Il étoit en chemin pour aller à Spa. Il a été fort incommodé depuis quelque tems de grandes palpitations du coeur. Mr. de Bentinck lui a dit plusieurs fois, mais entr' autres le jour de son départ pour Spa, qu'il n'étoit pas malade de trop de travail, mais d'irrésolution. C'étoit, en effet, la principale source de toutes ses peines. Il auroit été plus regretté, s'il avoit continué comme il avoit commencé au commencement de la guerre. Il a pris alors un bon chemin. On est persuadé que ce qui a beaucoup contribué à l'en tirer c'est la conduite de l'Angleterre, de laquelle il a été d'avis qu'on ne devoit jamais se séparer. Le plus grand mal qui arrivera de sa mort, c'est qu'on lui choisira un successeur qui ne le vaudra pas. On prétend que ce sera Mr. Gilles. C'est à dire, que l'on fera venir un Pensionaire | |
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de VersaillesGa naar voetnoot1). Mr. Gilles a été au commencement de la guerre très zélé pour le bon parti. Il a de l'éloquence en Hollandois, et il s'en est souvent servi pour foudroier Messieurs de Dort: mais il a changé pour devenir greffierGa naar voetnoot2), et depuis qu'il est parvenu, il a été constamment le très humble serviteur de Messieurs d'Amsterdam et de Dort. Lorsqu'il étoit dans le bon parti, il a été fort lié avec Mr. de Bentinck, mais leurs liaisons ont cessé lorsqu'il s'est agi de donner la place de greffier. Le mauvais parti vouloit le faire premier greffier et Mr. FagelGa naar voetnoot3) second greffier. Il y a eu de grandes cabales, qui ont duré 15 jours, et qui ont fort tracassé Mr. de Bentinck. Enfin, il a réussi et Mr. Fagel a été fait premier Greffier, ce que Mr. Gilles et ses amis n'oublieront jamais. Mr. de Bentinck m'a chargé de vous dire, Madame, que votre amiGa naar voetnoot4) n'a pas été nommé pour faire en tout les functions du Pensionnaire, mais seulement pour tenir sa place aux Etats Généraux. C'est Mr. de s'Gravemoer, comme premier Noble, qui fait les fonctions du Pensionnaire aux Etats d'Hollande. Mr. de Bentinck m'a encore chargé de vous dire, que votre ami pense beaucoup moins aux affaires publiques, qu'à avancer ses filsGa naar voetnoot5) par le moien des vacatures qu'occasionnera le remplacement du Pensionnaire...... L'armée alliée doit être à présent à Gilsen. Vous trouverés cet endroit au dessous de Breda, un peu du côté de l'Est. Les françois ont détaché de l'Armée du Prince De Conti pour l'Italie dix-huit bataillons et trente escadrons. C'est l'armée du Prince De Conti, qui a fait le siège de Mons. Vous voiés, Madame, que l'on commence à se ressentir dans votre voisinage des heureux succès du Roi de Sardaigne et des Autrichiens. Mais je crains | |
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encore que cette diversion ne produise pas tous les effets qu'on auroit pu en attendre, mais qu'elle ne prouve seulement que les choses n'étoient rien moins que désespérées, et que c'est la mauvaise conduite de l'Angleterre et de la République qui a tout gâté. Mr. de Bentinck espère encore que les Pacificateurs ou neutralistes d'ici rencontreront plus de difficultés qu'ils n'ont passé. Les Etats de différentes Provinces s'assemblent extraordinairement. Le Prince est parti de Soesdyk pour aller à ceux de Friese. Ce n'est certainement pas pour tâcher d'effectuer ce que désirent les Ministres Anglois. |
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