Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekendDen Haag, 19 December 1745.(Bentinck naar Doorwerth.) Je sai très bien qu'on a dit à Amsterdam qu'il seroit avantageux pour la République, que le Prétendant fut en possession d' l'Ecosse. Vous comprenés bien, Madame, de quelles sortes de gens cela peut venirGa naar voetnoot1). Il est même assés sensible que les gens de cette sorte ne s'intéressent nullement pour l'Angleterre, ni pour la famille Roiale, quoiqu'on ait tant ménagé ces gens-là, et que l'on veuille encore s'entendre avec eux, en abandonnant de plus en plus les autres. ......Les esprits ont été assés échaufés cet été pendant que les François prenoient la Flandre. Il y a bien des gens qui se sont attendus d'un moment à l'autre à un changement. On a répandu dans le païs des billets qui invitoient les païsans à se rendre tel jour à la Haie pour faire nommer le Prince Stadthouder. Quelques uns de ces billets furent portés à Maeslandsluijs. Il n'a pas été possible pendant quelques jours de faire embarquer les matelots d'un très grand nombre de vaisseaux qui devoient partir. Ils attendoient le moment d'aller à la Haye, et comptoient de recevoir encore des avertissemens. Sur ces entrefaites arriva un panier de Mr. de Bentinck pour vous. Ils crurent qu'il renfermoit des papiers. Ils coururent en foule chés la personne à qui il étoit adressé, et vouloient qu'on leur livra ce panier. Il fallut leur faire voir qu'il venoit de Mr. de Bentinck et qu'il étoit adressé en Angleterre. C'étoit le panier de melons. Le bruit est grand dans ce païs-ci que la république est à la veille d'entrer en neutralité avec la France. Autant qu'il est possible d'en juger, il paroit que cette idée ne | |
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plait pas dans le public. On parle un peu d'une augmentation de trente mille hommes, mais il ne paroit pas que l'on soit prêt à la conclure. Voici une autre chose qui fait assés de bruit içi: Messieurs de Dort ont proposé dans les Etats d'Hollande, que comme les Députés de la Province aux Etats Généraux étoient souvent d'un avis différent dans les ConférencesGa naar voetnoot1), il falloit leur ordonner d'être du même avis. Les Députés d'Hollande qui assistent aux Conférences dont il s'agit, sont toujours Monsieur de Bentinck et le PensionnaireGa naar voetnoot2). Il est très clair que cette proposition de Dort est une attaque faite contre Monsieur de Bentinck. C'est ainsi que tout le monde l'a prise. On a voulu lui faire un affront et le rendre inutile. Cette proposition attaque aussi le Corps des Nobles en général, parceque si leur Député est obligé de se conformer à l'avis du Pensionaire, il n'est plus député que pour la forme, et les nobles perdent une prérogative. Monsieur de Bentinck se leva après que cette proposition fut faite, et dit que si un des Députés devoit se conformer à l'avis de l'autre, c'étoit au Pensionaire à se conformer à son avis, parcequ'il - - Mr. de B. - - étoit le premier, et qu'il prétendoit que son avis valoit bien celui du Pensionaire, mais, que cependant il s'engageroit volontiers à l'avis du Pensionaire dans les conférences, à condition que Messeurs de Dort se conformeroient toujours à l'avis des Nobles, dans les Etats d'Hollande. D'autres membres du Collège des Nobles prirent les choses assés vivement. L'un dit qu'il vaudroit mieux nommer une commission pour rechercher les défauts du Gouvernement. Un autre, que si un Stadthouder avoit fait la proposition de Messieurs de Dort, elle auroit été trouvée odieuse. L'examen de cette proposition a été renvoié à une commission, qui apparemment ne se tiendra jamais. Le Prince de Wal(deck) est ici. La cabale lui témoigne beaucoup d'amitié et beaucoup de confiance. Cela n'empêche pas que le plus grand nombre de ceux qui ont pu juger de sa conduite, n'en parle d'une manière peu | |
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avantageuse. Voici qui vient d'un bon témoin. Mr. le brigadier De Salis dit pendant l'action de Fontenoi une demi heure avant qu'être tué, au Prince de Waldeck: ‘Monseigneur, ce n'est pas comme cela qu'on mène des troupes réglées’. Des officiers hollandois qui sont dans les troupes qui sont en Angleterre, ont écrit par des lettres venues avec une des dernières males, qu'ils n'avoient pas encore touché un sol, et qu'il(s) souffroient extrêmement; que l'armée étoit très mal fournie. | |
20 December.......Il n'est point hors de vraisemblance que les François ne profitent de la gelée pour s'emparer de la Flandre Hollandaise. C'est ce qui ne leur sera pas difficile. En général le République est ouverte de tous côtés, et l'on ne prend pas plus de mesures que si l'on n'avoit rien à craindre. J'admire la conduite des Anglois et des Hollandois. Les Anglois ont rappellé toutes leurs troupes dans leur isle et demande(nt) aux Hollandois le secours de six mille hommes, le tout pour les défendre contre 7 ou 8 milles rebelles qui ont jettés le terreur dans tous les esprits. Ils ont outre cela une puissante flotte qui garde les côtes. Les Hollandois ont à leurs portes ouvertes une bonne partie de la puissance de la France; ils n'ont point de flotte, point de bons généraux, et ils restent tranquilles sans prendre de précautions. Ils envoient un secours de 6 milles hommes aux Anglois contre des rebelles, et ils voient partir tranquillement toutes les troupes Angloises, et perdent sans rien dire l'espoir d'en être secourus... Mr. de Boetzelaer est de nouveau nommé pour aller exécuter une commission à Londres, Monsieur de Wassenaer retourne à Bonne. C'est tout ce que la République a fait jusqu'à présent pour se tirer des circonstances critiques dans lesquelles elle est. On ne peut pas emploier des moiens plus efficaces. |
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