Poésies
(1995)–Charles Beltjens–
Auteursrechtelijk beschermd
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1
Solo
Quand j'étais de l'armée,
T'en Souviens-tu, Crimée?
J'ai montré de l'aplomb;
J'aime les escarmouches,
Lorsqu'il faut des cartouches,
De la poudre et du plomb;
Choeur
Du plomb, plon plon, plon plon, du plomb
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2
Solo
J'aime aussi les tranchées,
Quand les bombes lâchées
S'éparpillent au loin:
Quand on est là-derrière,
De la bataille entière
On est juge et témoin.
Choeur
On est plon plon, juge et témoin
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3
Solo
Je tombe à la renverse,
Quand je songe à l'averse
Des boulets de canon!
Moi, j'étais du génie;
Quelle pyrotechnie!
On y perdrait son nom.
Choeur
Comment, plon plon, tu perds ton nom?
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4
Solo
‘Je connais mon affaire,
Et vous avez beau faire,
-Leur ai-je repondu;-
Essayez de me nuire!
Le plomb qui doit m'occire
N'est pas encor fondu'
Choeur
Le plomp, plon plon, n'est pas fondu.
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5
Solo
La palme est aux Zouaves;
J'entends encor ces braves
Rire au bruit du canon,
Leurs chansons africaines
Et leur calembredaines
Où se mêlait mon nom.
Choeur
Comment, plon plon, c'est la ton nom?
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6
Solo
Je vois bien que l'on m'aime,
Me disais-je en moi-même;
Mais un jour, Sacrebleu!
Je me sens des tranchées
Dans le ventre cachées....
C'était l'effet du feu.
Choeur
C'était, plon plon, l'effet du feu!
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7
Solo
Ou bien des casemates;
Nous autres, diplomates,
Nous sommes délicats;
Dès que les canons tonnent,
Nos abdomens s'étonnent;
Or, quoi faire en ce cas?
Choeur
Quoi, quoi, plon plon, faire en ce cas?
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8
Solo
J'étais maussade et sombre,
On m'eût pris pour mon ombre,
J'en perdais l'appétit;
Mourir n'est rien, me dis-je;
Ce n'est pas un prodige,
Mais mourir sans petit!
Choeur
Sans un petit, plon plon, petit!
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9
Solo
Je veux, si Dieu m'assiste,
Que ma race persiste;
Pour mourir tout entier
Je me sens trop d'entrailles;
Au diable tes mitrailles;
Guerre, o chien de métier!
Choeur
plon plon, chien.
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10
Solo
Je m'en retourne en France,
Une vague espérance
Parfois me fait rêver:
Souvent France varie;
Qui sait? - qu'on me marie, -
Ce qui peut arriver?
Choeur
Peut, peut, plon plon, peut arriver.
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11
Solo
Donc, je mets à la voile;
Guidé par mon étoile
Je débarque à Toulon.
Je n'aurais, camarade,
Jamais dû fuir ta rade,
Ç'aurait été moins long.
Choeur
Moins long, plon plon, beaucoup moins long.
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12
Solo
Mais va, quoi qu'il arrive,
On reverra ta rive,
O Toulon, j'en fais voeu;
O Toulon, ville immense,
Souvent l'oncle commence
Où finit le neveu!
Choeur
Où donc, plon, plon, est le neveu?
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13
Solo
Plus loin! voici Marseille!
Son accent à l'oreille
Fait l'effet d'un bonbon;
Au canon léthifère:
Mille fois je préfère
Tron de l'aire mon bon?
Choeur
Mon bon, plon plon, plon plon, mon bon.
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14
Solo
A Paris, la grand’ ville,
De façon moins civile,
Je débarque la nuit;
En secret je m'y glisse;
O mon Dieu quel calice
Plein de fiel et d'ennui!
Choeur
Quel fiel, plon plon, et quel ennui?
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15
Solo (petits pas anapestiques)
Je m'annonce, la garde
De travers me régarde;
Plus d'un sabre qui luit,
Comme un oeil plein de haine,
Veut sortir de sa gaine,
Et murmure: c'est lui!
Choeur
C'est lui, plon plon, c'est lui, c'est lui!
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16
Solo
Chez le maître j'arrive;
A ma place me rive
Son oeil froid et subtil;
Oh! l'étrange Sourire!
Je ne puis le décrire;
Comment va-t-il? dit-il.
Choeur
Dit-il, plon, Comment va-t-il?
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17
Solo
O mon Cher, que d'entraves!
Que vont dire ces braves
De ton horreur du feu?
La France aime la poudre;
Rien ne te peut absoudre,
Mon cher, voyage un peu!
Choeur
Mon cher, plon plon, voyage un peu.
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18
Solo
Moi, je pars pour le pôle,
Un manteau sur l'épaule,
La Gloire c'est trop lourd:
Elle est sur la Colonne,
Attendant, la friponne,
Que j'y grimpe à mon tour.
Choeur
Grimpe, plon plon, grimpe à ton tour.
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19
Solo
J'aime mieux le champagne,
Et les mâts de cocagne
Aux riantes couleurs;
Attrayant péle-mêle!
Sitôt que je m'en mêle,
C'est un bouquet de fleurs,
Choeur
Un vrai plon plon, bouquet de fleurs.
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20
Solo
J'ai l'air aristocrate,
Mais je suis démocrate,
Et mon rôle est profond;
A tort on me critique:
Hélas! la politique
Est une mer sans fond.
Choeur
Sans fond, plon plon, plon plon, sans fond.
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21
Solo
Une mer sans rivage,
Messaline sauvage
Où chacun met du sien;
Moi, - ce n'est pas facile -
Moi je fais l'imbécile,
Comme Brutus l'ancien.
Choeur
L'ancien, plon plon, Brutus l'ancien!
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22
Solo
Mais pardon, je divague; -
Donc j'étais sur la vague,
Comme un autre Colomb;
Que c'est beau la nature!
J'eus plus d'une aventure;
Les conter c'est trop long.
Choeur
Trop long, plon plon, beaucoup trop long.
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23
Solo Sol mineur
J'ai vu la Sibérie,
Pays de barbarie;
Il y fait nuit le jour;
Plaignons ceux qui demeurent,
Ceux qui naissent et meurent
Dans ce triste séjour.
Choeur
Oui, oui! plon plon, triste séjour.
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24
Solo Si majeur
On m'a dit que pour vivre,
On y trouve du cuivre
Dont le sol est pourvu,
Mais comme d'ordinaire,
Les mines sont sous terre,
Moi, je n'en ai rien vu.
Choeur Iratamente
Comment, plon plon, tu n'as rien vu?
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25
Solo Si majeur
J'ai lu dans certain livre,
Qu'en dehors de ce cuivre
On y trouve du plomb;
O pays plombifère,
Tu ferais mon affaire,
Si ce n'était si long.
Choeur
Si long, plon, plon, plon si long.
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26
Solo
Car le Czar te gouverne,
Chez toi l'ours blanc hiverne
L'hiver comme l'été;
- Le Czar est un sans gêne -
C'est le seul indigène
Qui se soit présenté.
Choeur
Qui donc, plon plon, s'est présenté.
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27
Solo
L'ours blanc; quelle épouvante
On le prône, on le vante
Pour sa peau qui reluit;
Dans le jardin des plantes
Ses façons sont galantes,
Mais, faut le voir chez lui.
Choeur
Il faut, plon plon, le voir chez lui.
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28
Solo
Lorsqu'il bat la campagne,
Si la Faim, sa compagne,
Bat son flanc maigre et nu,
De sa gueule qui grince,
II vous prendrait un prince,
Pour un premier venu.
Choeur
Pour un plon plon, premier venu.
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29
Solo
Il s'approche, il renifle,
Et puis vous escornifle,
Le méchant carnassier!
Le sang coule, il déguste,
Et hurle: auguste, auguste,
C'est un dîner princier!
Choeur
C'est un plon plon, dîner princier!
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30
Solo
Va-t'en, sombre pécore,
Je ne veux pas encore
Rentrer dans le néant;
J'aime mieux les bipèdes:
Un jour des Samoyèdes
M'ont pris pour un géant.
Choeur
Pour un plon plon, plon plon, géant.
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31
Solo
Tout à coup l'ltalie,
Jamais je ne l'oublie!
Cria: taîaut, taîaut!
La Gloire me rappelle;
C'est par là, me dit-elle ....
- Les Alpes, c'est bien haut!
Choer
Très haut, plon plon, très haut, très haut.
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32
Solo
Pourtant je mets mes bottes,
Mais, adieu les ribotes!
Au sommet du simplon,
- Le croirais-tu, mon Oncle? -
Il me vint une furoncle
Au bout de mon talon.
Choeur
Pauvre plon plon, pauvre talon!
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33
Solo
La chair est si fragile!
Peut-on au grand Achille
Etre semblable en tout?
Il n'était, dit la Fable,
Qu'au talon vulnérable.
Moi, je le suis partout,
Choeur
Partout plon plon, plon plon partout.
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34
Solo
Je dus rester en route,
- On me traita de croûte -
Mais ce fut malgré moi;
Crillon, veux-tu m'en croire?
Tout me cria: Victoire!
On a vaincu sans toi.
Choeur
Sans toi, plon plon, plon plon, sans toi.
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35
Solo
Je n'allai pas me pendre;
Je me mis à descendre
En moi-même, un coup d'oeil
Me suffit: non la guerre,
Ce n'est pas mon affaire,
Et j'en fais bien mon deuil.
Choeur
Quel deuil affreux, plon plon, quel deuil!
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36
Solo
Mars et Bellone, arrière!
J'ai dans votre carrière
Trop longtemps pataugé;
A temps je me ravise,
Et je prends pour devise:
Cedant arma togae
Choeur
Cédant! plon plon a pataugé.
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37
Solo
Vive l'art oratoire, -
Il me faut dans l'histoire
Une place à tout prix;
Au Sénat je debute;
Tous ils font la culbute ....
Jugez qui fut surpris!
Choeur
C'est toi, plon plon, qui fut surpris.
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38
Solo
Suis-je un foudre de guerre?
Me dis-je, - un front vulgaire
N'a pas ces effets-là; -
J'eusse effacé Barrère,
Si quelqu'un par derrière
Ne m'eût crié: holà!
Choeur
Holà, plon plon, holà, holà!
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39
Solo
Une autre fois, en Corse,
J'allai montrer ma force,
Et j'éclipsai Trop long;
On me dit à l'oreille,
A nulle autre pareille:
Ce discours est trop long.
Choeur
Toujours plon plon, plon plon trop long.
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40
Solo
C'était, sous le prétexte
D'en recueillir le texte,
Un méchant argousin,
Chauve à moustaches rousses,
Qu'avait mis sur mes trousses
Mon diable de Cousin.
Choeur
Diable! plon plon, c'est ton cousin?
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41
Solo
Very well! c'est notoire;
Ignorez-vous l'histoire?
Il s'en moque, et pas mal;
Baraque où je suis pitre,
Quand je touche au chapitre.
Il dit: quel animal!
Choeur
Comment, plon plon, quel animal?
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42
Solo
Il était en Afrique;
Il lit ma rhétorique:
- Sapristi, que fait-il? -
Encor du linge sale;
Quelle erreur colossale!
Quand donc finira-t-il?
Choeur
Quand donc plon plon finira-t-il?
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43
Solo
Je retourne à mon poste;
Je reçois par la poste
Son affreux Moniteur:
‘Nous sommes des pygmées,’
Dit-il - Dieu des armées,
Lui-même en est l'auteur!
Choeur
De quoi, plon plon, est-il l'auteur?
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44
Solo
‘Toujours la même histoire!
Ton talent oratoire
Vient gâter mes engins
Quand je pêche en eau trouble;
Tu ne vaux pas un rouble,
Va-t'en, pars pour Prangins!’
Choeur
Pars, pars, plon plon, pars pour Prangins!
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45
Solo
M'y voici; quel asile
On me chasse, on m'exile,
Moi qui suis si rangé;
En plomb, vile matière,
Quoi, de ma vie entière,
L'or pur est-il changé?
Choeur
En plomb, plon plon, l'or est changé.
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46
Solo
L'or est une chimère
Et la vie est amère,
J'en ferais un psautier,
O Mort, ô Comédie,
A toi je me dédie:
J'apprends par coeur Gautier.
Choeur
Plaignons, plon plon, plaignons Gautier!
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47
Solo
Ce qui surtout m'attire,
C'est son berger Tityre
Et sa flûte à six trous
Jointe avec de la cire;
Ma porte, pauvre Sire,
L'est avec des verrous!
Choeur
Triste plon plon, sous les verrous!
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48
Solo
Parfois, quand je m'ennuie,
Les jours de grande pluie
Où le temps est si long,
Avec de vieux grimoires
Je bâcle mes mémoires
Qui paraîtront chez Plon.
Choeur
Plon, plon, plon, plon, plon, chez Plon.
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49
Solo
L'humanité m'irrite;
Je me suis fait Spirite;
Je lis Allan Kardek.
Et la nuit je t'évoque
O fantôme équivoque
O plan de Benedeek!
Choeur
O plan, plon plon de Benedeek!
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50
Solo
Puis toi, pauvre Encelade,
O Max, o mon Pylade!
Tu reviendras, clarté,
Luire en mes nuits opaques;
Si ce n'est pas à Pâques
Viens à la Trinité,
Choeur
Plan, Max, Plon plon, ô Trinité!
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51
Solo
O Veuillot, veux compère,
Vois, nous faisons la paire;
Nos beaux jours sont passés;
Dans le siècle où nous sommes
On devient saoul des hommes,
Et l'on se dit assez!
Choeur
Assez, Plon plon, plon plon, assez!
Pour copie conforme Tschel Ben Israel
[Gemeentearchief Sittard, archief Charles Beltjens] |
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