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Claire devant le portrait de sa mère qu'elle a perdue.
Hélas! j'ai perdu sa tendresse;
Mars je me souviendrai sans cesse
De ses derniers embrassemens
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Claire devant le portrait de sa mère qu'elle a perdue.
Devant le portrait de ma mère,
Tranquille, à genoux sur la terre,
Lorsque je contemple ces traits,
Des larmes mouillent ma paupière
Et viennent doubler mes regrets.
Cette image où peuvent se lire
Et, sous un gracieux sourire,
Me rend encore plus amère
La perte d'une tendre mère,
Enlevée à mes jeunes ans!
Que d'heures je passai près d'elle,
Lorsque sa bonté maternelle
Me prodiguait ses soins touchans!
Hélas! j'ai perdu sa tendresse;
Mais je me souviendrai sans cesse
De ses derniers embrassemens.
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Je verse des pleurs quand j'y pense,
Et j'y pense de si bon coeur!
‘Claire, dit-elle! ma souffrance
M'avertit d'un prochain malheur.
Oui, je vais quitter cette vie;
Ta mère va fermer ses yeux,
Pour les rouvrir dans la patrie
Qu'habitent les Anges heureux.
Entends mes derniers mots, ma Claire;
Donne-moi ton dernier baiser!
Adore Dieu; chéris ton père.
Tes devoirs, tu dois les puiser
Dans les vertus et la sagesse;
Et si tu veux passer tes jours
Dans le bonheur et l'allégresse,
Fuis le vice, fuis-le toujours!
Pour tes fautes, loin de les taire,
Sans nul détour fais-en l'aveu:
Ma chère enfant, un coeur sincère
Trouve grâce devant son Dieu.
Je ne serai plus sur la terre,
Mais toi, tourne souvent tes yeux
Vers le riant séjour des cieux,
Et dis: là réside ma mère!
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Oh! combien, lorsque tu mourras,
Dans ma tendre reconnaissance,
Je bénirai la Providence,
Si je te vois encor là-bas!
Oui, bonne Claire, à ta présence,
Tous les Anges tendront leurs bras!’
‘La mort pèse sur ma paupière;
Ma voix commence à s'épuiser.
L'heure est venue; adieu, ma Claire;
Adieu! prends encor ce baiser!’
Je descendis, fondant en larmes;
Bientôt après je la perdis,
Quand je pense à ce jour d'alarmes,
Devant ses traits que je chéris,
Des pleurs, où je trouve des charmes,
Roulent dans mes yeux attendris.
Vers le ciel je vois sa demeure,
Et je m'écrie, en gémissant:
‘Tu m'as donc ainsi, Dieu puissant,
‘Ravi la mère que je pleure!
‘Quels que soient les tristes regrets
‘Qui font soupirer ma tendresse,
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‘Je dois de tes divins décrets,
‘Adorer la sainte sagesse;
‘Aimer mon père, et, chaque jour,
‘Suivre les leçons de ma mère!
‘Alors, rendue à son amour,
‘Quand viendra mon heure dernière,
‘Tu me prendras dans ton séjour!
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