Het voorgeborchte

A M. le Chanoine Schwertfeger,
proton. et mission. apostolique, chevalier des s.s. maur. et laz. curé dans le pays de vaud,
venant demander l'aumône, pour pouvoir doter d'une Église sa pauvre et nombreuse paroisse.

Pareils au lac d'azur dont les ondes limpides

Nous présentent des cieux le miroir éternel,

Il est des coeurs ardents, courageux et candides,

Qui reflètent le ciel.

Quel bonheur de pouvoir leur dire: ‘ô grandes âmes

Vous qui ne fleurissez qu'a l'ombre de la croix!

Si je ne brûle encor de l'ardeur de vos flammes, -

Frères, j'aime et je crois!

‘Mais pour que je nourrisse un amour vivifique,

Pour que ma foi soit ferme et féconde en labeurs,

Ah, demandez pour moi l'esprit évangélique

Qui consume vos coeurs!’

Des rives du Lehman, muni d'une prière

Vous venez cheminer dans nos sombres climats,

L'aumône de mon coeur, hélas, ne sera guére

Qu'une larme et ces mots: ‘Jésus guide vos pas!’

[p. 94]

 

Cependant vous portez en sacrifice an Maître

 

L'éclat éblouissant d'un esprit cultivé;

 

Cachant gloire et grandeur sous l'humble habit du prêtre;

 

De parquet et pavé choisissant le pavé....

 

 

 

En présence de vous que faut-il qu'on vous dise?

 

Je n'ai rieu? - C'est l'orgueil qui pourrait le dicter...

 

Non, voici mon denier! - plaise à Dieu qu'il suffise

 

Pour un humble support dans l'église à vouter.

 

 

 

Et maintenant, de grâce! oubliez mon aumône!

 

Je suis l'un des heureux que compte le destin:

 

Une femme, un enfant... tout ce que Dieu me donne...

 

Priez pour nous, pieux pelerin!¹⁾

29 Sept. 1848, veille de l'anniversaire de sa prêtrise.

1) Conformément à l'intention primitive de l'auteur ces couplets anonymes n'auraient pas du paraître sous les yeux du public: mais l'homme éminent, auquel ils étaient adressés, ayant découvert et divulgué le nom de l'auteur, ce dernier n'a pu se défendre de porter ici, par la reproduction de ces faibles strophes, un hommage sincère à une âme - belle de tout ce qui peut la faire chérir par Dieu et les hommes.