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Les premiers traducteurs de Rabelais: Wieringa lecteur de Fischart et d'UrquhartGa naar eind*
par Enny E. Kraaijveld et Paul J. Smith
1. Introduction
Dès sa parution, l'oeuvre de François Rabelais n'a cessé de constituer un défi aux traducteurs. La citation suivante, prise dans la Préface de la traduction anglaise de Pantagruel (1653) en porte témoignage. Cette oeuvre, y lit-on, est
so difficult [...] to be turned into any other speech, that many prime spirits in most of the Nations of Europe since the yeare 1573 (which was fourescore yeares ago) after having attempted it, were constrained (with no small regret) to give it over, as a thing impossible to be done [...].Ga naar eind1.
Malheureusement, ces projets échoués nous restent inconnus; nous ignorons jusqu'à leurs noms ces ‘prime spirits’.Ga naar eind2. Si l'on fait abstraction des quelques traductions ou adaptations de la Pantagruéline Prognostication, il ne nous reste, des xvie et xviie siècles, que trois traductions de l'oeuvre rabelaisienne. Ces traductions sont loin d'être des tentatives: véritables chefs-d'oeuvre en leur genre, elles n'ont pas manqué d'attirer l'attention des spécialistes. Ainsi, la première en date, la traduction allemande de Gargantua (1575), faite par Johann Fischart et connue sous le titre Geschichtklitterung, a été étudiée encore tout récemment par Florence Weinberg.Ga naar eind3. Celle-ci analyse, de façon exemplaire, parmi d'autres choses, la manière ‘grobianesque’ dont Fischart, d'édition en édition, a amplifié le texte
rabelaisien.Ga naar eind4. La traduction anglaise des deux premiers livres de Rabelais par l'Ecossais Thomas Urquhart, parue en 1653 et remaniée en 1694 par Peter Motteux, a fait l'objet des études fort informatives de F.C. Roe et de Richard Boston.Ga naar eind5. Enfin, les Alle de Geestige Werken van Mr. Francois Rabelais (1682), la traduction néerlandaise des oeuvres complètes de Rabelais, ont été étudiés par C.L. Thijssen-Schoute, qui a découvert l'identité du traducteur publiant sous le pseudonyme de ‘Claudio Gallitalo’: il s'agit du Frison Nicolaas Jarichides Wieringa, auteur
de nombreuses traductions.Ga naar eind6.
Malgré leurs indéniables mérites, ces études ont une faute en commun: elles ont toutes tendance à étudier les traductions de façon isolée, comme si celles-ci étaient conçues dans un vacuum. Préoccupées des qualités intrinsèques de leurs objets d'étude, elles ne les comparent que pour faire ressortir leur spécificité, leur dissemblance. Or, une telle approche n'est guère justifiée. La Préface de la traduction anglaise, citée plus haut, semble en effet non seulement indiquer que les autres traductions (et tentatives de traduction) étaient généralement connues à l'époque, elle suggère aussi, par l'indication de la date 1573, que, dans le cas précis d'Urquhart, celui-ci est au courant de l'existence de la traduction fischardienne.Ga naar eind7. Qui plus est, un examen comparatif montre qu' Urquhart fait de nombreux emprunts à son confrère allemand. L'analyse de ces emprunts, surtout visibles lorsqu' Urquhart
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amplifie et/ou commente le texte de Rabelais, fera l'objet d'une étude à part.Ga naar eind8. Dans le cadre limité du présent article, nous devons nous contenter de citer, à ce sujet, quelques exemples illustratifs. Ainsi, l'un des propos des bien ivres, ‘je n'entens poinct la théoricque’ (g 5,51),Ga naar eind9. Fischart le rend par ‘Ich verstand dise Redtorich nicht, Theorie solt ich sagen’ (119),Ga naar eind10. ce qui devient sous la plume d'Urquhart: ‘I understand not the Rhethorick (Theorick I should say)’ (i,25). De même, en traduisant la phrase ‘[...] que Ponocrates soit sus tous ses gouverneurs entendant’ (g 50, 186) par ‘[...] that Ponocrates be overseer & superintendent above all his governours’ (i,225), Urquhart se laisse visiblement inspirer par Fischart qui utilise les mots ‘Einseher, Superintendent’ (400). Un dernier exemple: un mot difficile comme ‘vielleuz’ (g 17,88) (= joueur de vielle) est mal compris par Fischart, qui traduit
‘ein blinder Spieler’ (215), traduction adoptée par Urquhart: ‘a blinde fidler’ (i,77).
Cet exemple nous amène à une autre découverte, qui constituera le point de départ du présent article: la traduction de Wieringa est redevable aussi bien à Geschichtklitterung de Fischart qu'à la traduction d'Urquhart. Si dans le cas de ‘vielleuz’ il est encore impossible de décider lequel des deux a été suivi par Wieringa (qui traduit: ‘een old blindeman’ (57)),Ga naar eind11. la traduction néerlandaise offre plusieurs autres exemples où l'influence tantôt de Fischart tantôt d'Urquhart se fait valoir de façon très marquée. Avant d'examiner plus en détail ces exemples, disons quelques mots sur la traduction de Wieringa.
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2. Alle de Geestige werken
Pour les détails qui nous sont connus sur la vie et l'oeuvre de Wieringa, nous renvoyons aux études de Thijssen-Schoute. Celles-ci, déjà anciennes, appellent quelques remarques. D'abord, Thijssen-Schoute affirme sans hésitation aucune que Wieringa est le premier traducteur néerlandais de Rabelais. C'est discutable. Même si l'on fait abstraction des traductions néerlandaises de la Pantagruéline Prognostication des années 1560,Ga naar eind12. dont une seule nous est parvenue sous le titre de Lieripe (1562),Ga naar eind13. il n'est pas impossible qu'il existe encore d'autres traductions néerlandaises antérieures à celle de Wieringa. Ainsi, dans un catalogue anonyme de vente aux enchères, publié en 1680, nous avons trouvé parmi les livres néerlandais et allemands un ‘Pantagruel’, sans autre précision.Ga naar eind14. Est-ce la traduction allemande de Fischart (dans ce cas-là on s'attendrait peut-être plutôt à ‘Gargantua’, bien que le nom de ‘Pantagruel’ figure aussi dans l'interminable titre complet du livre) ou est-ce une traduction néerlandaise inconnue? Dans un autre catalogue de vente aux enchères, celui du magasin du libraire Pieter van den Berge (Amsterdam, 1670), on rencontre ce titre à tonalité rabelaisienne: ‘Vojagie ende
wonder-Reyse van Pentagure’. Traduction, adaptation ou imitation?Ga naar eind15.
Notre seconde remarque concerne plus particulièrement les éditions que Wieringa a utilisées pour sa traduction. Comme l'a bien vu Thijssen-Schoute, l'édition de base, utilisée de Wieringa, est sans doute l'édition pseudo-elzevirienne qui date de 1675 (= Plan 131).Ga naar eind16. Constatant chez Wieringa plusieurs divergences par rapport au texte de cette édition, Thijssen-Schoute avance l'hypothèse d'une seconde édition, sans pouvoir donner de précisions. Nous croyons qu'il s'agit probablement
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de l'une des éditions de Jean Martin, non datée mais parue probablement en 1608 à Lyon (= nrb 86)Ga naar eind17. ou de celle publiée à Troyes en 1613 par un certain ‘Loys qui ne meurt point’ (= nrb 92). Ces éditions sont, à notre connaissance,Ga naar eind18. les seules à insérer la phrase ‘Du nombre d'or’ non pas tout de suite après le titre Pantagruéline Prognostication, mais, comme le fait le traducteur néerlandais, après l'avant-propos de l'auteur, juste avant le premier chapitre intitulé ‘Du gouverneur et seigneur de ceste année’.
L'utilisation que Wieringa fait de ces différentes éditions (auxquelles il faut ajouter l'édition de 1651 des Epistres de Rabelais) (cf. Plan, p. 236) montre qu'il est un traducteur consciencieux. Cependant, sans pour autant avoir voulu faire une ‘belle infidèle’, il se permet mainte fois envers ses textes-sources des libertés, qui sont le plus souvent d'ordre stylistique. Voici comment Thijssen-Schoute caractérise le style de Wieringa:
Dans Alle de Geestige Werken on trouve peu de phrases qui ne soient pas enjolivées par des allitérations [...]. L'allitération se combine souvent avec le pléonasme, il divise un seul substantif ou un seul adjectif en plusieurs mots. Il va sans dire que cet effet de style s'applique avec succès au style de Rabelais, déjà pléonastique lui-même.
Elle souligne ensuite la dissemblance entre le ‘sans-gêne délicieux’ de Wieringa et la ‘faute qu'a commise [...] Fischart: à savoir l'exagération’.Ga naar eind19. En revanche, elle note les ressemblances entre Wieringa et les traducteurs anglais de cette époque; pour l'emploi fréquent de l'allitération et du ‘doubling’ elle cite comme exemple John Florio, le traducteur de Montaigne, sans mentionner Urquhart. Or, dans les deux paragraphes qui suivent, nous démontrerons que ces effets de redondance et d'amplification que l'on rencontre chez Wieringa ne sont pas toujours de son propre cru: ils sont souvent inspirés par les traductions de ses prédécesseurs allemand et anglais.
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3. Wieringa et Fischart
La critique n'a pas manqué de le constater: la popularité de Rabelais aux Pays-Bas au xviie siècle est grande.Ga naar eind20. On en trouve la confirmation dans les bibliothèques privées des Hollandais, telles qu'elles apparaissent dans les catalogues de vente aux enchères de cette époque. Ces sources précieuses pour étudier la réception de tel auteurGa naar eind21. font à plusieurs reprises mention de Rabelais. Sur les 218 catalogues que nous avons glanés, 83 mentionnent un ou plusieurs ouvrages rabelaisiens ou pararabelaisiens (traductions, le Disciple de Pantagruel, le Nouveau Panurge etc.). A titre de comparaison: Montaigne et Du Bartas, auteurs beaucoup lus en français ou en traduction, sont tous les deux mentionnés 78 fois; Marot 51 fois (sans compter sa traduction des Psaumes), et chose remarquable, les deux chefs de la Pléiade, Ronsard et Du Bellay seulement 43 et 11 fois respectivement.Ga naar eind22. Dans un autre article nous espérons avoir l'occasion de revenir sur ces occurrences. Ce qui nous intéresse ici plus spécialement c'est que, dans notre corpus de catalogues, Geschichtklitterung de Fischart s'y trouve mentionnée 6 fois. On la rencontre 3 fois au début du siècle: ‘F. Rabelais in hoogduytsch’ (catalogue de J. Halsberch, 1607), ‘Rabelais germanice’ (catalogue du théologien Arminius, 1609), et ‘Rabelais Germanice, [15]90’
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(catalogue de B. Vulcanius, 1610),Ga naar eind23. une fois au milieu du siècle (catalogue de W. Staackmans, 1645)Ga naar eind24. et 2 fois après 1682 (Van Veen, 1695; Van Heukelom, 1699).Ga naar eind25. A titre de comparaison: la traduction néerlandaise n'apparaît que 2 fois depuis 1682 (Winkelmann, 1690; Vander Sluys, 1698)Ga naar eind26. alors que celle d'Urquhart est mentionnée une seule fois (dans le catalogue du poète anglophile Constantijn Huygens (1688), qui possède encore d'autres Rabelaesiana).Ga naar eind27.
La traduction de Fischart n'est donc pas inconnue aux Pays-Bas à l'époque de Wieringa. Malheureusement, nous n'avons pas d'autres informations sur la réception de Fischart aux Pays-Bas, ni sur la façon dont les Hollandais ont lu Geschichtklitterung. Or, pour revenir à Wieringa, celui-ci va sans aucun doute plus loin dans sa lecture de Geschichtklitterung que la plupart de ses contemporains. En tant que traducteur, il y a d'abord recours pour les nombreuses difficultés lexicales que présente le texte rabelaisien. Ainsi, Fischart semble inspirer à Wieringa les traductions suivantes des mots relativement techniques, appartenant à tel lexique spécialisé:Ga naar eind28.
Rabelais |
Fischart |
Wieringa |
agueillettes (g 8,60) |
Nesteln (162) |
nestels (23) |
onocrotal (g 8,62) |
Kropffvogel (170) |
kropvogel (26) |
organe (g 10,70) |
ursach (181) |
oorzaak (34) |
verbasce (g 13,78) |
Wollkraut (197) |
wollekruid (44) |
consolde (g 13,78) |
Walwurtz (197) |
waal-wortel (44) |
Parfois l'interprétation fischardienne suggère au traducteur néerlandais une brève glose. Ainsi, en expliquant le mot ‘rente foncière’ (g 53,194) par ‘onaflosselijke grondpacht of rente’ (203), Wieringa ne fait que suivre Fischart, qui écrit: ‘unablösslich auff grund unnd boden’ (407). De même, les notes de Wieringa en marge de son texte sont parfois également redevables à Geschichtklitterung. Le mot ‘Pantagruélistes’ (g, Prol., 40) est rendu littéralement par Wieringa qui note en marge: ‘Slampampers’, terme qu'il a sans doute trouvé chez Fischart qui, non pas dans le passage correspondant, mais ailleurs, écrit: ‘Ihr meine Schlampampische gute Schlucker’ (19). Pour la traduction de ‘bezans d'or’ (g 51,189): ‘Bizantinen gouds’ (52,199), Wieringa ajoute la note explicative: ‘'t Gewigt van een dubbelde Ducaat’, dont la source est encore Fischart: ‘Bisantinen Golds oder Toppelducaten’ (402).
Il arrive aussi que Fischart suggère à Wieringa une traduction incorrecte. Quelques exemples: ‘à my’ (g, Prol., 41), signifiant ‘à moi’, Fischart le traduit par ‘halb’ (31) et Wieringa par ‘d'helft’ (Prol, s.p.). L'expression ‘peigne de Almain’ (g 21, 96), - Almain étant un personnage historique, commentateur de Guillaume d'Occam au xve siècle, - Fischart la rend par ‘Bömischen sträl’ (233) et Wieringa par ‘Boheemzen kam’ (72). Une seule fois même, Wieringa semble ne pas comprendre l'allemand de Fischart qui traduit ‘homme de bien’ (g 27,126) correctement par ‘Bidermann’ (299), ce qui devient chez Wieringa: ‘Beedelaar’ (mendiant) (106).
Cependant, ce n'est pas uniquement pour des raisons purement lexicologiques que Wieringa recourt à Geschichtklitterung. Il se laisse aussi influencer par le style amplificateur de son prédécesseur. Voici tout d'abord quelques ajouts que Wierin- | |
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ga apporte au texte rabelaisien (dont nous indiquons la page et le paragraphe en question selon l'édition de G. Demerson) et qu'il a puisés dans la traduction allemande:
Rabelais |
Fischart |
Wieringa |
g 17,88, § 4 |
ein Quacksalber (215) |
een Quakzalver (57) |
g 20,95, § 4 |
unnd der Genffer Liechtmess (231) |
als 't licht mis is (70) |
g 21,97, § 2 |
wie ein Eul im Schornstein (236) |
[als] een uil uit de schoorsteen (74) |
g 22,105, § 7 |
von Neumagen (251) |
van Nieuw-magen (82) |
g 27,125, § 5 |
o lieber guldener S. Urban (299) |
o lieve gouden Urbaan (106) |
g 27,127, § 5 |
auff gut Türckisch (302)Ga naar eind29. |
op sijn Turks (108) |
g 43,168, § 3 |
leibhaffte Teuffel (376) |
lijfachtige Duivels (168) |
La tendance de Wieringa au dédoublement synonymique trouve dans le texte fischardien une source quasi inépuisable, ce dont témoignent les exemples suivants:
Rabelais |
Fischart |
Wieringa |
foy (g 9,66) |
Glauben und Treu (173) |
geloove, of getrouwheid (27) |
ample (g 16,85) |
weiter breiter (213) |
wijd en breed (55) |
absoubz (g 20,95) |
relevirt unnd entschlagen (230) |
gelost en ontslaagen (69) |
ne soy descroter (g 20,95) |
die Nasen noch den Arss nicht ehe zuwischen (230) |
den naars noch 't hooft havenen wilden (69) |
se seignoient (g 35,148) |
kreutz für sich zu machen, und [...]segnen (338) |
te kruissen en zeegenen (137) |
refraischy (g 39,159) |
...kül und frisch (357) |
verfrist of verkoelt (154) |
dommaige et malheur (g 47,180) |
schad unnd schand (390) |
schaad, schande, en ongeval (185) |
Parfois, Wieringa va encore plus loin que Fischart dans la duplication synonymique en prenant tel mot de Fischart pour le dédoubler ensuite:
Rabelais |
Fischart |
Wieringa |
clarté (g 10,69) |
klarheit (180) |
licht en klaarheid (33) |
ennicrochez (g 16,84) |
auff alle Eck (211) |
met hoeken en haaken (54) |
premier (g 21,97) |
Oberst (233) |
eerste of opperste (73) |
pour ses intérestz (g 32,139) |
für seinen schaden (320) |
voor sijn belang of schaa (124) |
troublefeste (g 40,161) |
Freudenstörer (362) |
Spel-breekers, en vreugdverstoorders (157) |
L'exemple suivant montre que l'influence fischardienne sur Wieringa ne se limite pas au seul domaine lexical, mais est visible aussi dans la structure syntaxique des phrases:
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Rabelais: |
puis le baillèrent à guarder à deux archiers (g 43,169). |
Fischart: |
fiengen sie ihn, und gaben ihn zwen Schützen zuverwaren (378). |
Wieringa: |
dies vingen, en gavense hem aan twee Schutters te bewaaren (170). |
Les deux traducteurs font preuve d'une même tendance à expliciter ce qui dans le texte rabelaisien reste implicitement indiqué par certains mots déictiques. ‘die dritt’ (189) et ‘de derde’ (38) pour ‘l'aultre’ (g 11,74, § 3). De même, les deux traducteurs remplacent certaines constructions substantivées, typiques du français, par des syntagmes verbaux:
Rabelais: |
[...se guemente...] de la venue des cocquecigrues (g 49,183). |
Fischart: |
...ob sie nichts von den Gugkenhäuserkränchen haben vernommen (395). |
Wieringa: |
...ofse van d'overkomste der Coquecigrues niet gehoort hebben (191). |
Tous ces exemples précités pourraient suggérer que la traduction de Wieringa n'est qu'une imitation servile de Geschichtklitterung. Rien n'est moins vrai. Quoique la traduction néerlandaise reste souvent proche du modèle allemand (sans pour autant tomber dans les digressions interminables de celui-ci), l'imitation ne perd jamais son caractère ludique et tient même de l'émulation: tout porte à croire en effet que Wieringa a voulu non seulement imiter mais dépasser son prédécesseur allemand lorsqu'il déploie les mêmes jeux de mots dans sa traduction amplificatrice du passage suivant:
Rabelais: |
mais ces avalleurs de frimars font les procès davant eux pendens et infiniz et immortelz (g 20,95). |
Fischart: |
und sonst Jacobs von Beutingarus: Unnd Saturnische Weisenfresser, machen die Process unnd rechtfertigung bey ihnen anhängig, unnd nimmer abhängig, noch abgängig, sondern jhe mehr zugängig unnd verlängig, unendlich und unabsterblich (231). |
Wieringa: |
Maar deze happige honden, (k'meen) heeren van Anhold en Cleef, weetende, dat op onklaar water goed visschen is, rekken de rechtzaken, die onder hun handen geraaken, zoo lang, dat die altijd aanhangig, noit ofhangig, of afgangig, maar meer en meer toegangig, en 't elkens als van nieuws aanfangig, en alzoo tegen de loop der natuure eindeloos en eeuwig maaken (70-71). |
Quand Fischart rend tel passage en prose par une traduction rimée, Wieringa l'imite:
Rabelais: |
Si n'estoient messieurs les bestes, nous vivrions comme clercs (g 16,85). |
Fischart: |
Weren nicht die Herren des Viechs der Herd
Und die Herren der Herd auff diser Erd
So weren wir all Geistlich und gelehrt (212). |
Wieringa: |
Waaren niet de Heeren Babokken en Beesten,
Wy wierden wel alle gaauwaarts en Geesten (55). |
Une fois même, Wieringa amplifie de cette façon l'épisode scatologique des torchecul (g 13) en utilisant non pas le passage correspondant chez Fischart, mais un autre passage, pris ailleurs dans Geschichtklitterung:
Fischart: |
Wilt die Finger behalten rein, so mach den Wisch nicht zu klein (197). |
Wieringa: |
wilje wel doen moer of maat,
Veegje gat niet eerje gaat |
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Soje d'hand wel houden rein |
Maakje naars-wis niet te klein (45). |
Ce dernier exemple montre que Wieringa connaît Geschichtklitterung à fond et qu'il tient ce livre sans aucun doute ouvert sur sa table de travail lorsqu'il traduit le Gargantua. Ce faisant, il accomplit la tache peu aisée (comme nous avons pu le constater nous-mêmes) qui est celle de relever dans le labyrinthe phrastique de Geschichtklitterung les passages correspondants. Nous aimerions terminer ce paragraphe par une liste non exhaustive d'exemples qui en soi ne sont guère probants, mais, pris ensemble, montrent bien à quel point Wieringa se laisse influencer par Fischart:
Rabelais |
Fischart |
Wieringa |
ce petit paillard (g 11,73) |
dass klein Hurenjägerlin (189) |
dit jong hoer-jagertje (38) |
baudet (g 20,94) |
Eselskopff (229) |
Eezels-kop (68) |
comme tous les diables (g 23,114) |
wie tausendt Teuffel (268) |
als duisent Duivels (91) |
adventureux (g 23,115) |
Waghals (268) |
waag-hals (91) |
terres et dommaines (g 28, 130) |
Land und Gebiet (306) |
Landen en gebied (112) |
quelles nouvelles (g 32,139) |
gute zeitung (319) |
goed nieuws (123) |
desguaigne son espée (g 35,151) |
zeicht von leder (341) |
trok van leer (139) |
signe (g 43,167) |
Feldzeichen (376) |
Veld-teiken (167) |
saulfz et entiers (g 45,173) |
frisch unnd gesund (381) |
fris en gezond (174) |
telz abuz (g 45,174) |
so ungereimt ding (382) |
zulke ongerijmde dingen (176) |
l'assiete (g 48,181) |
die gelegenheit (392) |
de geleegentheid (49,187) |
A comparer aussi les phrases suivantes:
Rabelais: |
Qui ne se adventure n'a cheval ny mule (g 33,145). |
Fischart: |
wer sich nicht darff wagen, bekompt weder Pferd noch Wagen (334). |
Wieringa: |
die niet wil waagen, wint Paard noch Waagen (132). |
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4. Wieringa et Urquhart
Bien que sensible sur un ensemble textuel plus grand (à savoir les deux premiers livres de Rabelais), l'influence de Thomas Urquhart sur Wieringa est certes moins spectaculaire que celle de Fischart. Cela se comprend: le traducteur écossais reste beaucoup plus proche du texte rabelaisien que ne le fait son précurseur allemand. Aussi les vérifications, sans doute nombreuses, qu'a opérées Wieringa sur la traduction anglaise ne laissent-elles que relativement peu de traces visibles dans la traduction néerlandaise. Nous disons ‘relativement’, parce que le texte de Wieringa comporte néanmoins un certain nombre d'emprunts plus ou moins évidents à la traduction anglaise. Or, il est remarquable que ces emprunts sont de nature différente dans les deux livres rabelaisiens. Ainsi, comparée à la traduction de Panta- | |
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gruel, celle de Gargantua compte un nombre nettement inférieur d'emprunts à Urquhart, ce qui s'explique sans doute par la concurrence fischardienne dans ce livre. Ces exemples concernent en plus surtout la tendance de dédoublement synonymique que nous avons notée plus haut. En voici une liste non exhaustive d'exemples repérés dans Gargantua:
Rabelais |
Urquhart |
Wieringa |
impositions badaudes (g 9,66) |
blockish, and ridiculous impositions (i,44) |
botte en zotte inzettingen (28) |
qu'[ils] en cuidèrent rendre l'ame à Dieu (g 20,93) |
that they had almost split with it, and given up the ghost [...] (i,85) |
datze dachten bersten en den asem te verliezen (66) |
se mouscher (g 20,95) |
to blow or snuffe their noses (i,88) |
zijn neus [...] te snuyten of vaagen (70) |
je me suis vaultré (g 21,97) |
I have wallowed and rolled my self (i,91) |
ik [...] wentelde en tuymelde (73) |
sort (g 43,169) |
chance and meer fortune (i,194) |
't lot en geluk (170) |
son cheval bruncha par terre (g 49,183) |
his horse stumbled and fell down (i,218) |
struikelde zijn paard en viel van vermoeitheid ter aarden (190) |
après leur retraicte (g 49,183) |
after the souldiers had done with eating and drinking (i,219) |
wanneerse nu wel gegeeten en gedronken hadden (192) |
idoine (g 51,186) |
able & capable (i,225) |
bequaam en kloek genoeg (197) |
En revanche, de tels dédoublements, empruntés à Urquhart, sont moins nombreux et moins flagrants dans la traduction néerlandaise de Pantagruel. Voici tout ce que nous avons trouvé:
Rabelais |
Urquhart |
Wieringa |
motz espaves (p 6, 237) |
strange and unknown termes (ii,34) |
oneigene en vreemde woorden (259) |
grosses (p 21,304) |
great round (ii,149) |
groote ronde (361) |
allaigre (p 24,312) |
nimble [...] and light (ii,163) |
licht en luchtig (374) |
homme de bien (p 29,328) |
a brave man and an honest (ii,185) |
een eerlijk kloekmoedig Krijgs-man (399) |
Les listes des exemples suivants montrent que, en comparaison de sa traduction de Gargantua, Wieringa a utilisé, pour traduire Pantagruel, le texte anglais de façon différente, plus variée. Elles nous revèlent en même temps autre chose: plusieurs exemples cités se rencontrent aussi textuellement dans le célèbre Dictionary of the French and English Tongues (1611) de Randle Cotgrave.Ga naar eind30. Ces exemples (que nous avons indiqués par le sigle c) ne confirment pas seulement un fait déjà connu: la redevance d'Urquhart au dictionnaire de Cotgrave; ils désignent aussi ce dictionnaire comme une autre source probable de Wieringa (à côté donc des traductions
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allemande et anglaise). Cette hypothèse est en quelque sorte confirmée par les quelques éléments lexicaux que Wieringa n'a pas puisés dans le texte d'Urquhart, mais sans doute dans le dictionnaire de Cotgrave:
Rabelais |
Cotgrave |
Wieringa |
agiotate (p 6,237) |
A holy and blessed man |
Geheiligde (258, note) |
géomantie (p 18,290) |
Divination by points, and circles made on the earth |
Stip-waarzeggery (340; cf. 354: ‘Aard-kund’) |
lycisque orgoose (p 22,305) |
A dog ingendred between a wolfe, and a dog. [...] A sault bitch |
een hittigen hond-wolf (363; en note: ‘Een jong uyt de vermenging van een hond met een wolf voortgekomen’) |
De même, la traduction incorrecte de ‘briber’ (au sens de ‘bafrer’; p 9,256) par ‘beedelen’ (= mendier; 283) pourrait s'expliquer par le fait que Wieringa a mal choisi parmi les acceptions proposées par Cotgrave: ‘Briber = To beg his bread; also to ravine, devoure, eate greedily’. Ces exemples, peu probants en soi - nous en convenons -, montrent qu'il ne faut pas exclure a priori une éventuelle relation intertextuelle entre le dictionnaire anglais et la traduction néerlandaise.
Cela constaté, répertorions les autres emprunts que Wieringa a faits à Urquhart. Commençons par quelques exemples où, dans son choix des mots, Wieringa se laisse influencer par Urquhart:
Rabelais |
Urquhart |
Wieringa |
bréviaires des Grecz (p 1, 217) |
Grecian Almanacks (ii,2) |
Griekze Almanakken (232) |
submirmillant (p 6,236) |
submurmurating (ii,31) |
submurmureerende (257) |
Pantofla Decretorum (p 7,239) |
The Slipshoe of the Decretals (ii,36) |
Den Sleep schoe der besluitten (261) |
potée de choux (p 11,260) |
potfull (c) of cabbidge (ii,75) |
pot-vol kool (292) |
bouline (p 13,268) |
top-saile (c) (ii,90) |
top-zeil (304) |
goildronneur de mommye (p 13,268) |
trimmer (c) of mans flesh imbalmed (c) (ii,91) |
valsche mensche-vleesch verkooper (305) |
Monsieur mon routisseur (p 14,272) |
my Master turnspit (ii,96) |
mijn Heer den spit-wender (309) |
furtivement (p 14,274) |
thiefteously (c) (ii,100) |
diefs-wijze (313) |
lubricité (p 25,315) |
slipperinesse (c) (ii,165) |
slibberigheid (377) |
à grand poine (p 27,322) |
very seldom (ii,175) |
zeer zelden (386) |
La liste suivante rassemble les cas où le texte d'Urquhart (ou éventuellement le dictionnaire de Cotgrave) a visiblement inspiré une traduction incorrecte à Wieringa (nous ajoutons entre crochets la signification correcte du lexème en question selon l'édition-traduction faite par Guy Demerson et son équipe):
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Rabelais |
Urquhart |
Wieringa |
porteballes [colporteurs] (g 9,66) |
ballad mongers (i,43) |
Lietzingers (28) |
bon bies [bon biais] (p 11,260) |
bum-bees (ii,75) |
byen-swerm (291) |
le maulgouvert |
the bad government (ii,87) |
't wan-beleid (301) |
[le dissipateur] (p 12,266) |
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deau de plomb [dé de plomb] (p 16,282) |
lead-water (ii,113) |
lood-watertje (325) |
une pinne [arête] de poisson (p 18,296) |
the finne of a fish (c) (ii,137) |
een vinne van een Visch (349) |
sonnettes de sacre [sacre = oiseau de volerie] (p 26,318) |
little Anthem or Sacring bells (c) (ii,169) |
klokjes uit het Klooster (381) |
goulphre [gouffre] (p 33,349) |
gulph (ii,217) |
kolk (429) |
Cas intéressant: le mot ‘gayetier’ (p 30,336), qu'Urquhart (et Cotgrave) traduisent correctement par ‘Jet-maker’, Wieringa, ayant compris probablement ‘jestmaker’, le rend par ‘Potsemaker’ (411).
En outre, pour expliquer telle difficulté lexicale, Wieringa a recours au texte anglais; une fois même l'explication d'Urquhart se retrouve telle quelle dans la note explicative en marge du texte néerlandais:
Rabelais |
Urquhart |
Wieringa |
onocrotale (p, Prol., 216) |
Onocrotal is a bird not much unlike a Swa[n], which sings like an Asses braying (ii, Prol., s.p., note) |
ratel-gans (228; en note: ‘Onocrotale, rugchelaar die als een Eezel rugchelt’) |
omoplate (p 14,273) |
homoplat, which we call the shoulder-blade (c) (ii,97) |
schouder-blad (310) |
crampons (p 14,274) |
hooks or cramp-irons (c) (ii,99) |
yseren haaken (312) |
doigtz indice (p 19,295) |
indical, or foremost fingers (ii,136) |
den voorsten of wijs-vinger (349) |
coudinac cantharidisé et aultres espèces diuréticques (p 27,326) |
the marmalade of Quinces, (called Codiniac) a confection of Cantharides, (which are green flies breeding on the tops of olive-trees) and other kindes of diuretick or pisse-procuring simples (ii,182) |
coudignac, Spaanze-vliegvet, en andere pisdrijvende dingen (395) |
Comme le montrent déjà les cas de dédoublement synonymique mentionnés plus haut, l'influence d'Urquhart sur Wieringa n'est pas uniquement de nature lexicale, mais souvent encore d'ordre plutôt stylistique. Ainsi, quoique moins frappante que dans le cas de Fischart, la tendance amplificatrice de l'Ecossais se fait
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sentir dans plusieurs ajouts de Wieringa au texte rabelaisien. Ces additions (que nous avons mises en italiques) servent parfois à expliciter le texte rabelaisien, qui est, on l'a vu, souvent dense et elliptique. Parfois, leur présence semble s'expliquer par le seul plaisir que Wieringa (et Urquhart) prennent à amplifier leur texte:
Rabelais |
Urquhart |
Wieringa |
souleva le moyne (g 42,167) |
lifted up the Monk [...] under the arms-pits (i,190) |
vatte de Monik [...] onder d'oxels (166) |
Raclet (p, Prol., 213) |
the foole Raclet (c) (ii, Prol., s.p.) |
den nar Raclet (224) |
docteurs (p 13,270) |
Doctors in the law (ii,92) |
Rechts-geleerden (306) |
il s'endort (p 14,272) |
he was fast asleep (ii,96) |
hy al vast sliep (309) |
familiairement (p 21,303) |
very familiarly (ii,147) |
zeer vrymoedelijk (359) |
aussi estourdys que le premier son de matines (p 28,327) |
even no lesse astonished than are Monks, at the ringing of the first peale to Matins (ii,183) |
met zulken verbaasden verbijsteringen als de Monniken op 't eerste klokklippen van de Metten (396) |
la gueulle ouverte (p 29,330) |
his mouth wide open (ii,189) |
de mond wijd open (402) |
damoizelles (p 30,338) |
handsom Gentlewomen (ii,200) |
schoone jonge Juffertjes (414) |
à demain (p 31,341) |
against to morrow (ii,205) |
tegens morgen (418) |
L'influence stylistique est parfois aussi visible dans l'ordre des mots dans telle énumération:
Rabelais: |
force flacons, jambons et pastez (p 5,232). |
Urquhart: |
with store of gammons, pasties and flaggons (ii,25). |
Wieringa: |
met hammen, taarten en menigte flessen wijns (251). |
Pour terminer, comparons aussi les phrases suivantes qui illustrent bien l'influence générale (syntaxique, sémantique, stylistique etc.) d'Urquhart:
Rabelais: |
il les feist tous quinaulx et leurs monstra visiblement qu'ilz n'estoient que veaulx engiponnez (p 10,257). |
Urquhart: |
he [...] made it visibly appear to the world, that compared to him, they were but monkies, and a knot of mufled calves (ii,68). |
Wieringa: |
deed hyse al te maal staan kijken als aapen en poel-sneppen, oogenschijnlijk haar betoonende, datse by hem niet dan domme nuchtere Kalvers waaren (285). |
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5. Conclusion
Les paragraphes précédents donnent une idée de la façon consciencieuse et créatrice dont Wieringa a travaillé en utilisant au moins deux éditions de base et en vérifiant sa propre traduction sur celles de Fischart et d'Urquhart. Il va sans dire que ce que nous avons trouvé ne saurait constituer qu'un début. Une étude plus approfondie serait nécessaire pour déterminer les sources lexicographiques de Wieringa. Afin d'élargir la perspective, il serait également intéressant de reconsidérer, à par- | |
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tir des études de Thijssen-Schoute, les autres traductions du Frison et de comparer sa manière de travailler à celle d'autres traducteurs néerlandais de la même époque, tel Glazemaker, le traducteur de Montaigne. Nous espérons que le présent article y donnera lieu.
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eind*
- Le project du présent article a été conçu lors du séminaire ‘Rabelais aux Pays-Bas/Rabelais in de Nederlanden’ sous la direction de Karel Bostoen et de Paul J. Smith (Université de Leiden, Faculté des Lettres 1988). Nous tenons à remercier Karel Bostoen de ses remarques stimulantes sur une version antérieure de notre article.
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eind1.
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[...] The Works of Mr. Francis Rabelais [...]. London. printed for Richard Baddeley, within the middle Temple-gate, 1653 (ex. Londres, British Library, c 57 k 14). Nous nous référons à cette édition en indiquant les livres par chiffres romains (i ou ii) et les pages par chiffres arabes.
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eind2.
- Si l'on accepte l'hypothèse de Frances Yates. John Florio. The Life of an Italian in Shakespeare's England. Cambridge 1934, p. 177-178, l'un de ces ‘prime spirits’ pourrait être John Eliot, le traducteur possible de Gargantua his prophesie. Londres 1592, livre actuellement perdu, dont seulement le titre nous est parvenu. A remarquer que, selon l'affirmation catégorique de Marcel De Grève. L'interprétation de Rabelais au xvie siècle. Genève 1961 (= Etudes Rabelaisiennes 3), p. 236, aucun des romans de Rabelais n'a été traduit en anglais avant 1653.
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eind3.
- Florence M. Weinberg. Gargantua in a Convex Mirror. Fischart's View of Rabelais. New York etc. 1986.
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eind4.
- ‘The three editions of Geschichtklitterung differ from each other mainly in continuous accretion of material. The first edition of 1575 was an almost literal translation of Gargantua, except for the massive additions on Grandgousier's stores of food and drink (chapters 3 and 4), his considerations on marriage (chapters 6 to 7) and about twenty pages added to Rabelais's ca. six-page “Propos des bien Yvres”. The second edition of 1582 adds most of Fischart's polemical and propagandistic interpolations; the last edition [of 1590] adds only a few touches here and there, but does not substantially alter the 1582 text.’ (Weinberg, o.c., p. 2).
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eind5.
- F.C. Roe, Sir Thomas Urquhart and Rabelais. Oxford 1957; Richard Boston. The admirable Urquhart [...]. Londres 1975. Pour une comparaison entre Urquhart et les autres traducteurs anglais de Rabelais des siècles plus récents, voir Alex L. Gordon. ‘Rabelais en anglais: bonheurs et malheurs de la traduction’, in L'Europe de la Renaissance. Cultures et civilisations. Mélanges offerts à Marie-Thérèse Jones-Davies. Paris 1989, p. 463-476.
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eind6.
- C.L. Thijssen-Schoute. ‘N.J. Wieringa, traducteur hollandais de Rabelais’, in Humanisme et Renaissance 3 (1936), p. 43-51; id.. Nicolaas Jarichides Wieringa. Een zeventiende-eeuwse vertaler van Boccalini, Rabelais, Barclai, Leti e.a.. Assen 1939.
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eind7.
- Pour être précis: avant Geschichtklitterung (1575) a paru Aller Practik Grossmutter, la traduction de la Pantagruéline Prognostication, datant de 1572 (seconde édition 1574).
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eind8.
- ‘Les premiers traducteurs de Gargantua: Urquhart lecteur de Fischart’, par Enny E. Kraaijveld. A paraître dans Etudes Rabelaisiennes.
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eind9.
- Sauf indication contraire, nos citations françaises de Rabelais sont prises dans ses Oeuvres complètes, éd. Guy Demerson e.a. Paris 1973. Abréviations utilisées: g = Gargantua; p = Pantagruel; Prol. = Prologue.
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eind10.
- Nous citons le texte de Fischart d'après l'édition d'Ute Nyssen: Geschichtklitterung [...] Text der Ausgabe letzter Hand von 1590 [...]. Dusseldorf 1963.
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eind11.
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Alle de Geestige Werken van Mr. Francois Rabelais, Geneesheer [...] Met groote vlijt uyt het Fransch vertaelt door Claudio Gallitalo. t'Amsterdam, by Jan ten Hoorn, Boekverkooper over 't oude Heere Logement, 1682 (ex. Leiden, Bibl. Univ., 1174 g 6-7). (Contrairement à ce qu'affirme M.A. Screech. Looking at Rabelais. Oxford 1988, p. 19, Jan ten Hoorn est l'éditeur du texte néerlandais, non pas le traducteur). Toutes nos références renvoient au premier tome, qui contient la traduction des trois premiers livres de Rabelais.
-
eind12.
- Cf. De Grève, o.c., p. 191.
-
eind13.
- Cf. Het zal koud zijn in 't water als 't vriest. Zestiende-eeuwse parodieën op gedrukte jaarvoorspellingen, éd. Hinke van Kampen, Herman Pleij, e.a.. La Haye 1980, p. 162-187.
-
eind14.
-
Catalogus [...] librorum praecipue autem Judicorum [...]. La Haye, J. Steucker, 1680, p. 23 (ex. Amsterdam, Bibl. Vereeniging, Nv 11).
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eind15.
- Cf. B. van Seim. ‘“Almanacken, lietjes, en somwijl wat wonder, wat nieuws”. Volkslectuur in de Noordelijke Nederlanden (1480-1800): een onbekende grootheid’, in Leidschrift 5 (1989), p. 56 et p. 68, n. 70. Selon Van Selm il pourrait s'agir de la traduction de l'une des éditions du Disciple de Pantagruel, ouvrage anonyme, connu sous de nombreux titres, parmi lesquels: Le Voyage, et navigation, que fit Panurge, disciple de Pantagruel aux Isles incognuës, & estranges: & de plusieurs choses difficilles à croire, qu'il dict avoir veuës [...] (cf. nrb 141) (nrb = Stephen Rawles et M.A. Screech. A New Rabelais Bibliography. Editions of Rabelais before 1626 [...]. Genève 1987 (= Etudes Rabelaisiennes 20)).
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eind16.
- Ex. consulté: La Haye, Bibl. Royale, 224 g 36. (Plan = Pierre-Paul Plan. Les éditions de Rabelais de 1532 à 1711 [...]. Paris 1904).
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eind17.
- Ex. consultés: nrb 86: Tilburg, Bibl. Faculté de Théologie, ha 15.326.; nrb 92: Paris, Bibl. Nat., Rés. Y2 10320-10322 et Göttingen, Bibl. Univ., 787.8. Cf. nrb 92, p. 488: ‘The text derives from nrb 85; The more direct source may be nrb 86’. Nous n'avons pas pu consulter nrb 85.
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eind18.
- Nous avons pu consulter une vingtaine d'éditions rabelaisiennes, parues avant 1675.
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eind19.
- Thijssen-Schoute, art. cit., p. 48.
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eind20.
- De Grève, o.c., p. 185-203.
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eind21.
- Notre corpus, qui ne comprend qu'une fraction petite de la totalité des catalogues connus, concerne uniquement les ventes des bibliothèques privées non-anonymes. Sont donc exclus les très nombreux catalogues anonymes, les catalogues du magasin ou du stock des libraires, les ‘memorial catalogues’, etc. Cf, à ce sujet, B. van Selm, Een menighte treffelijcke Boecken. Nederlandse boekhandelscatalogi in het begin van de zeventiende eeuw. Utrecht 1987, passim.
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eind22.
- Dans son article ‘Franse lektuur in Nederland in het begin van de 18e eeuw’, in De Nieuwe Taalgids 11 (1917), p. 161-178. S.A. Krijn, qui a glané cent catalogues de vente publiés entre 1700 et 1750, en arrive
aux chiffres suivants: Montaigne (36 fois), Rabelais (32), Marot (25), Ronsard (19), Du Bartas (16), Du Bellay (moins de 10). A remarquer la popularité constante de Rabelais et de Montaigne et la popularité décroissante de Du Bartas.
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eind23.
- Pour une description bibliographique précise des catalogues de Halsberch, d'Arminius et de Vulcanius, voir Van Selm, o.c., p. 152, 156-157, 162-163.
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eind24.
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Catalogus librorum excerptorum ex bibliotheca [...] Guilielmi Staackmans [...], Franeker 1645 (Copenhague, Bibl. Royale, 79 ii-39 ii (48).
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eind25.
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Catalogus van veel rare en welgeconditioneerde Nederduytse en eenige andere boeken [...] Nagelaten by de heer Gerardus van Veen [...]. Haarlem, Jacob van Beverwyk, 1695 (ex. Wolfenbüttel, Bc Sammelband 3 (13)); Catalogus [...] librorum praecipue Theologicorum, Juridicorum, Medicorum & Historicorum [...] Naargelaten van Arnoldus van Heukelom [...]. Leiden, Corn. Boutesteyn, 1699 (ex. Amsterdam, Bibl. Vereeniging, Nv 54).
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eind26.
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Catalogus variorum [...] librorum [...] D. Theodori Winckelmanni [...]. Leiden, J. Hackius, 1690 (ex. Amsterdam, Bibl. Vereeniging, Nv 32); Catalogus behelsende verscheide treffelijke Nederduitsche Theologische, Historische en Regtsgeleerde Boeken naagelaten van Johannes vander Sluys [...]. Leiden, J. Wagens, 1698 (ex. Amsterdam, Bibl. Vereeniging, Nv 49).
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eind27.
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Catalogus variorum et insignium in omni facultate et lingua librorum
bibliothecae [...] Constantini Hugenii [...]. La Haye, Abraham Troyel, 1688 (ex. Copenhague, Bibl. Royale 79ii-39iv (4)).
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eind28.
- Dans le cadre limité de cet article, il nous est impossible d'expliquer la signification des mots difficiles chez Rabelais. Nous renvoyons le lecteur intéressé à la traduction en français moderne et aux commentaires de Guy Demerson et de son équipe (o.c.).
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eind29.
- Cet ajout est peut-être suggéré par le chapitre 14 du Pantagruel, intitulé ‘Comment Panurge racompte la manière comment il eschappa de la main des Turcqs’. Cf. p. 271: ‘Les paillards Turcqs m'avoient mys en broche tout lardé comme un connil...’.
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eind30.
- Nous avons utilisé la troisième édition, publiée à Londres en 1650 sous le titre: A French-English Dictionary, Compil'd by Mr. Randle Cotgrave [...] Whereunto are newly added the Animadversions and Supplements, &c of James Howell Esquire (ex. Leiden, Bibl. Univ., 1221 a 4). Cette édition reprend intégralement les rabelaisianismes de l'édition princeps (cf. Michèle Schmidt-Küntzel. Cotgrave et sa source rabelaisienne. Analyse synchronique et diachronique [...]. Cologne 1984, p. 276-278).
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