De Vlaamsche School. Jaargang 25
(1879)– [tijdschrift] Vlaamsche School, De– AuteursrechtvrijAntoon Van Ysendyck.
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que je nourris depuis longtems dans mon coeur qui sont de vous prouver par les faibles moyens de ma plume que les grandes distances qui nous séparent et que la multiplicité des beautés tant anciennes que modernes qui se présentent journellement à ma vue, n'ont jamais souillé du moindre oubli l'estime que je dois à votre noble famille et combien je me pénètre journellement du souvenir des douceurs qu'elle m'a fait goûter, me persuadant que vous partagerez encore celle dont je suis actuellement imbu; je profite donc d'un moment que mon tableau ébauché sèchera, pour vous dire que mon séjour de Paris est devenu de plus en plus intéressant par la belle exposition et les fêtes que j'y ai vues, même par les connaissances de quelques grands artistes et particuliers que j'ai fait, ce qui me l'a fait regretter beaucoup après sept mois. Je l'ai quitté avec les pensionnaires de France (compagnie très avantageuse) pour venir visiter la belle Italie sanctifiée par le sang de tant de martyrs mais plus encore par les ouvrages immortels de tant de grands hommes que l'on ne peut se lasser d'admirer. - Nous avons eu de grandes peines à trouver notre route comme sont ordinairement les chemins qui conduisent au bonheur, mais qui étaient bien mille fois recompensées par les beautés qu'offre ce charmant pays. Milan, Bologne, Florence, où nous avons séjourné 3 ou 4 jours sont vraiment des Paradis, mais aucun ne peut être comparé à Rome. O, Rome, on voit encore dans vos vestiges que vous étiez maîtresse de l'univers! En portant ses pas sur le Forum Romanum derrière le Capitole on voit les arcs de triomphe que les siècles n'ont pu détruire, les fragments des temples, les cirques, les amphithéâtres, les tombeaux etc.; c'est alors qu'on croit vivre avec les anciens et qu'on admire leurs grandes conceptions, leur amour pour les arts et pour la gloire. Le Vatican vaut seul le voyage pour l'instruction d'un artiste; on ne se fait pas une ideé dans notre pays de ce divin Raphael, de ce fameux Dominiquin, Titien, Michel-Ange et tant d'autres; une quantité d'églises et cabinets particuliers sont ornés de leurs chefs-d'oeuvre; tout parle des arts; aucun vieillard, aucune femme, aucun enfant ou il inspire de l'intérêt; les élémens même par leur influence secrète animent les arts. Oùi, je suis heureux! plus je marche et plus j'apprécie mon bonheur. Ah, cela me rappelle si souvent la Hollande, où M. votre frère m'avait prédit toute cette félicité; que j'aurais à présent de la joie à lui raconter mes petites aventures! Comme il partagerait tous mes petits plaisirs! Ne soyez point offensé, Mr Van Ertborn, que je vous rappelle ici un frère bien-aimé, mais je ne puis m'empêcher de verser des larmes...... Pensons que le Père des hommes trouve ses raisons pour tout ce qu'il exécute. Je vous aurais écrit plus tôt même encore de cette belle capitale que j'adore si mes occupations ne m'en avaient pas retenu. Les artistes italiens d'aujourdhui ne sont pas fameux sauf Mr Camucini qui se distingue très bienGa naar voetnoot(1). Des étrangers qui se sont établis ici il y a de bons sculpteurs, entre autres Mr Thorwaldsen (Allemand) qui remplace Canova et le surpasse peut-être pour l'imagination; puis M. Kessels, de Maestricht, et quelques Français. Des peintres il y a Mr Van Brée le jeune, Verstappen. Teerlink. Voogt et plusieurs Français. Mes occupations sont toujours en pleine activité; seule la grande chaleur qui se fait déjà sentir m'empêche quelquefois de travailler. J'ai rempli un portefeuille de dessins d'après les plus beaux ouvrages des anciens et la nature m'offre la couleur dans mon atelier. Voila Mr ce que je voulais vous faire connaître, qui me soulagera dans mes travaux et me fait espérer d'avoir bientôt de vos nouvelles. Veuillez maintenant présenter mes très respectueux respects à Madame Van Ertborn votre épouse, à Mme la baronne, à Mr le Bourgmestre, Mr Vermoelen, Mr Stier, Gheysens et me rappeler à vos chers enfants et le cher petit baron, à mon ami P. Kremer, et tous les amis. N'oubliez pas la bonne soeur qui servait l'aimable Adolphe et croyez moi toujours Votre tout devoué. P.S. Vous avez reçu lors de mon séjour à Paris un croquis de la Vénus de Milo. Je ne sais si cela vous rend l'effet que vous vous en étiez formé; la statue est belle, d'un grand style; la tête doit être un portrait car il n'appartient pas tout à fait à la beauté du corps, mais ne la comparons pas à la Vénus de Medici que j'ai vue à Florence. Adieu. J'envoye par le même courrier mon adresse à Mr votre frère qui était bien d'intention de me régaler un jour de sa visite à Rome. Brieven werden gezonden aan de heeren Boursault (3 Juli), Herreyns en Desmalines (5 Juli), Limelette (6 Augustus), De Gratie en moeder Van Ysendyck (8 Aug.), De Nef (3 September), moeder Van Ysendyck en Van Brée (2 Oct.), Herreyns (5. Oct.), Boursault (15 Oct.), moeder Van Ysendyck, juff. Bressers, Desmalines (6 Nov.), Desmalines (15 Dec.), Boursault (28 Dec). Dit laatste schrijven drukken wij hier over: ‘Rome, 28 Xbre 1825. Mr Boursault, ‘C'est de la plus vive joie que je reçois de vos cheres nouvelles; vous me faites toujours revivre à Paris, aimer et apprécier de plus en plus le beau pays où je suis; que pourrais-je désirer encore? Tant de grands hommes ont fait des chemins longs et pénibles, et moi, le mien vous voulez le parsemer de fleurs délicieuses, et pour cela ne voir que mon zèle et mon travail: c'est m'obliger tout à fait à devenir heureux. J'ai vu Mr Chatillon peu de temps après ma dernière lettre et je me félicite de sa connaissance; déjà il m'a montré non-seulement son amitié et confiance, mais une vraie volonté à m'être utile et m'instruire. - Nous avons été voir une partie de la riche collection de ce vieillard en question; ce brave homme ayant eu une passion dès son enfance pour la peinture qu'il ne connaissait pas, a acheté tout ce qui lui a été présenté excepté ce qui coutait trop d'argent; mais n'importe nous avons assorti quatre ou cinq d'un tiers que nous avons vu; si dans les autres deux tiers il s'en trouve encore comme cela, au moins nous en aurons quelques-uns qui seront bien. On ne peut pas trop se presser; le vieillard est souvent malade et a peur qu'on y touche sans lui. Mr Chatillon me dit vous avoir parlé de son Poussin, Velasquez, Guido et Murillo; il m'a laissé ignorer le prix; les tableaux sont très beaux surtout le Velasquez et le petit portrait de Murillo, que j'aime à la folie; en outre Mr Chatillon tient à vendre du prince Lucien le petit bas-relief de Michel Ange en marbre, Ganymède enlevée par l'aigle de Jupiter, environ 1 pied de haut et 1 1/2 de large, forme ovale, un vase de Donatello avec des sculptures à l'entour, on dit des travaux d'Hercule; ces deux objets aussi beaux que rares vous sont offerts pour 1500 piastres; le prince veut s'en défaire, ayant besoin d'argent. Quant à moi, j'ai commencé une scène de l'année sainte, petit tableau qui trouve déjà des amateurs: il représente un | |
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marchand de chapelets; crucifix, livres de l'année sainte etc., des pélerins, des paysans et paysannes des environs de Rome viennent lui acheter; différentes épisodes font l'intérêt de cette simple scène; le fond représente la place et l'église de St.-Pierre. Un autre tableau qui m'occupe est une Sainte Famille parce que une jeune fille, un enfant et un vénérable vieillard sont autant de belles études. Outre cela j'emplis toujours mon portefeuille au Vatican. J'en reviens à Mr Chatillon. J'ai vu encore dernièrement de ses Ducis comme vous en avez deux. Il possède une profonde théorie de tous les genres de peinture. Son Laurent de Medicis qui reçoit Raphael dans son cabinet m'a surtout beaucoup plu, ainsi qu'une vue de maison de campagne qu'il a faite l'été passé et qu'il nomme Bagnain, tableau qui réunit tous les souvenirs d'Italie qu'on peut désirer en France. Mr Chatillon comptant y retourner, désirerait bien y pouvoir placer ce tableau. 1 Janvier 1826. Depuis ces peu de lignes, je reçois votre seconde lettre en date du 16 Décembre. J'espère que vous ne trouverez pas d'indiscrétion en ce que j'en ai lu quelques règles à Mr Chatillon. Il m'en a paru un peu découragé dans nos entreprises mais cela reviendra. - Je ne doute pas que son Poussin ne soit réellement un Poussin, car comme il y a aussi deux Moïse sauvé des eaux, différentes compositions par ce même maître, au musée de Paris, il ne serait pas étonnant qu'il ait fait de même avec l'éducation de Bacchus. Au reste Mr Chatillon compte retourner à Paris pour passer en Angleterre au commencement de l'été prochain et je pense qu'alors vous aurez encore tout le choix de ce qu'il possède. Je vous prie de ne communiquer cela à personne, et vous lui feriez un grand plaisir dont plus de la moitié me reviendra en vous intéressant à ses propres ouvrages. - Je me gronde tous les jours de ne rien pouvoir vous envoyer encore des miens; pardonnez-moi que je ne sois pas plus pressé: il faut savoir peindre avant de faire des tableaux. J'espère que mes petits Pèlerins ne déplaisent pas à Mme Boursault. Je m'abstiens de vous dire déjà le prix de mon Israélite parce qu'il y a longtemps que je n'ai pas voulu le voir à cause qu'il demande encore des retouches. - Les devoirs et le sentiment m'obligent plus que les coutumes de renouveler aujourd'hui nos voeux du ciel pour la conservation heureuse de vos jours que je bénirai toute ma vie. Veuillez présenter ces mêmes sentiments à Mr B, à M. Laimé etc., et embrassez pour moi la chère Léonie. Votre très attaché et très obéissant serviteur.’ Van Ysendyck had dus het eerste jaar van zijn verblijf te Rome, behalve de menigvuldige teekeningen en studiën die hij in het Vaticaan maakte, twee tafereelen aangelegd, voorstellende: 1o Eene episode uit het heilig jaar, een koopman in paternosters, kruisbeelden, kerkboeken enz., verkoopende aan boeren en boerinnen uit de omstreken van Rome, met St.-Pietersplein en kerk als achtergrond, 2o eene Heilige Familie, omdat schreef hij: ‘een grijsaard, een jong meisje en een kind schoone studiën zijn om naar de natuur te schilderen.’ Buitendien schijnt hij aan mevrouw Boursault gezonden te hebben een klein tafereel waarop Pelgrims waren afgebeeld. De heer Boursault had den schilder naar den prijs gevraagd van zijn Israëliet, welk stuk Van Ysendyck meende, dat alstoen nog niet genoegzaam voltooid was. Van Ysendyck, hiertoe aanzocht, deed voor de verzameling van den heer Boursault onderscheidene aankoopen van kunstgewrochten in Italië, namelijk bij tusschenkomst van gemelden heer Chatillon, een Fransch kunstschilder die later onder den naam van graaf Charles de Chatillon te Parijs stukken tentoonstelde wier onderwerpen ontleend waren aan Italië. (Wordt voortgezet.) |
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