De Stijl 1 1917-1920
(1968)– [tijdschrift] Stijl, De– Auteursrechtelijk beschermdLa peinture d'avant garde. (Suite).
| |
[pagina 143]
| |
la possibilité de réaliser une 4e dimension, et rentrer dans notre propre champ de la création, car, en parlant de perspective, nous touchons à la base même de notre art. En effet, la peinture est un art de construction, et la perspective est la grammaire de cette construction. Jusqu'ici la perspective italienne a été notre base, mais nous savons désormais qu'elle ne permet pas au peintre d'exprimer intégralement l'espace visuel. Cet espace est composé principalement d' éléments verticaux et d' éléments horizontaux. Or, la perspective italienne, plus imitative que plastique, ne tient pas compte des premiers. Elle étudie les déformations des lignes horizontales, mais elle ne signale même pas celles des lignes verticales. Elle est faite pour un oeil absolument immobile en face d'un point donné. Or, notre but enivrant de pénétrer et donner la réalité nous a appris à déplacer ce point de vue unique, parce que nous sommes au centre du réel et non pas en face, à regarder avec nos deux yeux mobiles, et à considérer parallèlement les déformations horizontales et verticales. Ces moyens nous permettent d'exprimer un hyperespace, c' est-à-dire un espace aussi complet que possible. Ainsi que je le disais tout à l'heure, je ne prétends pas trouver dans la science autre chose qu'une confirmation, un soutien; mais, observe avec raison Metzinger, n'est-il pas très significatif que des peintres nullement mathématiciens, soucieux seulement d'exprimer leurs sensations et conduits par leur seul instinct, aient pu rencontrer les bases de l'une des hypothèses les plus élevées de la science moderne? Tout raisonnement mis à part, il n'est pas douteux que ces 3 dimensions de l'espace ordinaire n'ont jamais satisfait entièrement le désir du peintre de prendre possession du réel, et qu'il a eu toujours l'intuition d'une 4e dimension indéterminée, exprimée soit par la couleur, soit par des déformations, et qui fasse passer dans le domaine de la ‘représentation’ la sensation immédiate reçue du monde extérieur. Ainsi, cette 4e dimension n'est en somme, que l'identification de l'objet et du sujet, du temps et de l'espace, de la matière et de l'énergieGa naar voetnoot(1). Le parallélisme du ‘continu physique’ qui, pour le géomètre, n'est qu'une hypothèse, se réalise par le miracle de l'art. Cette conclusion de caractère philosophique et esthétique se trouve confirmée dans Platon, Bacon, Gracian, et peut être encore soutenue au point de vue mathématique. En effet, aussi selon H. Poincaré, par la synthèse de l'espace ordinaire et du temps on réalise un hyperespace à 4 dimensions. Mais, pour que cette synthèse puisse se justifier mathématiquement, ‘il faudrait attribuer des valeurs purement imaginaires (émotives pour l' artiste) à cette quatrième coordonnée de l'espace: les quatre coordonnées d'un point de notre nouvel espace ne seraient pas x, y, z et t, mais x, y, z et √−1’. En enviságeant ainsi le temps et l' espace comme ‘deux parties inséparables d'un même tout’, la mathématique atteint le domaine de l'art.... | |
[pagina 144]
| |
Schets van een landhuisje met holle beton-wanden. Architect Jan Wils.
|
|