Septentrion. Jaargang 41
(2012)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
[pagina 92]
| |
ActuellesJacques DarrasL'oeuvre du poète, essayiste et traducteur français Jacques Darras (o1939) ne se résume pas en quelques mots: elle est trop complexe, trop capricieuse. Et pourtant, on en voit bien la trame. En Européen convaincu, Darras tente sans relâche de pousser la poésie française à s'ouvrir davantage aux autres traditions. Il travaille obstinément aux frontières (nordiques) de la sensibilité nationale française, avec la volonté souvent mal comprise - selon ses propres dires - ‘de rendre cette dernière plus extensiblement inclusive et surtout plus ouverte’. Quels textes Darras a-t-il consacrés précisément à la Belgique? Pour répondre à cette question d'un intérêt évident, on n'aura plus besoin désormais d'éplucher tout ce qu'il a écrit. En effet, Geef mij maar België! - Moi j'aime la Belgique! vient de paraître: un recueil de poèmes et de textes en prose où Darras présente la Belgique sous les angles et les aspects les plus variés. Benno Barnard s'est chargé de la traduction en langue néerlandaise. Cet ouvrage s'ouvre sur une introduction aussi captivante que le livre, due à l'écrivain flamand Geert van Istendael (que les francophones connaissent surtout pour son Labyrinthe belge). Le propos de Van Istendael tourne essentiellement autour de la belgitude. Le mot n'est pas vraiment joli, il en convient, mais si l'on parle de la Belgique, faut-il choisir nécessairement un joli mot? Van Istendaal, on le voit, va droit à l'essentiel de son propos. En soi, l'existence de la Belgique n'est pas toujours belle, mais faut-il qu'elle le soit? La Belgique est une création artificielle, il l'admet de bonne grâce, non sans ajouter malicieusement: ‘Existe-t-il un pays, en Europe, qui ne le soit pas?’ Hélas! cette introduction n'a pas été traduite en français. La présentation de Geef mij maar België! - Moi, j'aime la Belgique! au musée provincial Émile Verhaeren de Sint-Amands (province d'Anvers) est fixée au 18 septembre 2012. paru chez Uitgeverij P à Louvain (www.uitgeverijp.be) | |
EYEAu printemps 2012, un nouveau musée du cinéma, EYE, s'est ouvert sur la rive nord de l'IJ, à Amsterdam. Premier grand centre culturel à enjamber l'IJ, il affiche l'ambition de devenir un lieu de rencontre et d'inspiration dans le domaine de la culture. Conçu par le bureau viennois Delugan Meissl Associated Architects, le nouveau bâtiment attire le regard avec sa couleur blanche et sa silhouette spectaculaire qui évoque une soucoupe volante. Il abrite quatre salles de cinéma pourvues d'un équipement de pointe et offre quantité d'espaces pour accueillir des expositions, des activités éducatives, des séminaires de formation. Sans oublier des locaux de travail, un labo film, une échoppe et un café-restaurant. Dans le cadre de son exposition permanente Basement, EYE propose gratuitement au public sa riche collection de films. Le musée met cette activité sur pied dans une grande salle panoramique où les visiteurs sont entourés d'extraits de films, de petites cabines pourvues d'écrans de cinémascope et de plusieurs installations | |
[pagina 93]
| |
Le musée du cinéma EYE à Amsterdam.
interactives alternantes. Le musée organise aussi des expositions temporaires tout au long de l'année. www.eyefilm.nl | |
Gerrit Komrij et Rutger KoplandEn juillet 2012 nous ont quittés deux protagonistes de la littérature néerlandaise: Gerrit Komrij (o 1944) et Rutger Kopland (o 1934). Gerrit Komrij a débuté en 1968 avec le recueil de poésie Maagdenburgse halve bollen en andere gedichten (Demi-boules de Magdebourg et autres poèmes), qui a tout de suite retenu l'attention par sa forme délibérément en décalage par rapport à son temps, alliée à un humour caustique. Fidèle de bout en bout à sa vocation de poète, Komrij devait publier au total une quinzaine de recueils Dans les années 1970 et 1980, Komrij s'est surtout fait connaître comme essayiste. À ce titre, il s'est aventuré dans les domaines les plus divers allant du féminisme à l'architecture, avec comme arme favorite un ton volontiers corrosif. C'est de la même période que date son premier roman (autobiographique), Verwoest Arcadië (L'Arcadie ravagée, 1980), qui allait être suivi de plusieurs autres romans. Komrij a traduit bon nombre d'oeuvres littéraires, notamment des pièces de Shakespeare. Ses langues sources étaient le français, le latin, le grec moderne, l'anglais et l'allemand. Ses anthologies de poésie lui ont valu un succès retentissant et ont eu une grande influence dans le monde littéraire néerlandophone. Il était lauréat de nombreux prix, parmi lesquels le prix P.C. Hooft, l'une des plus hautes distinctions littéraires que puisse recevoir un écrivain de langue néerlandaise. Rutger Kopland (pseudonyme de Rudi van den Hoofdakker) a incontestablement marqué de son empreinte la poésie néerlandaise de ces dernières décennies. Il est l'auteur de quatorze recueils de poésie, auxquels il faut ajouter de nombreux essais littéraires. Ses thèmes favoris étaient le temps qui passe et la nature sous toutes ses facettes. Kopland était également psychiatre et professeur d'université. Comme Gerrit Komrij, Rutger Kopland était lauréat du prix P.C. Hooft. Différents recueils et poèmes de sa main ont paru en traduction française. voir Septentrion, XVII, no 2, 1988, pp. 89-91 et XXIX, no 1, 2000, pp. 72-73 et http://www.septentrionblog.be | |
Sadi de GorterLe 19 octobre 2012, on fêtera le centième anniversaire de la naissance de Sadi de Gorter. De Gorter est décédé fin décembre 1994. L'histoire retiendra le nom de De Gorter parce qu'il fut le premier directeur de l'Institut Néerlandais de Paris. Mais pour de nombreux lecteurs de Septentrion, il restera avant tout l'auteur de dizaines d'articles parus dans la présente revue et de quantité de traductions de poètes néerlandais. Et aussi, cela va de soi, l'auteur pendant de longues années de l'inimitable ‘Chronique’ au ton parfois un peu moqueur, parfois mordant, toujours fondée sur une immense érudition, et dans laquelle il se voulait le témoin, depuis Paris, de la vie culturelle des Pays-Bas et de la France. | |
[pagina 94]
| |
Sadi de Gorter (1912-1994).
Ami fidèle de Jozef Deleu, fondateur et rédacteur en chef jusqu'en 2002 de Septentrion, De Gorter a collaboré dès 1972 au tout premier numéro de la revue. Jusqu'en 1994, on retrouve son nom dans presque chaque numéro. Sa dernière ‘Chronique’ paraît quelques mois avant sa mort. Promoteur éminent des relations culturelles franco-néerlandaises, De Gorter a durablement marqué Septentrion de son empreinte pendant une vingtaine d'années. La vie de Sadi de Gorter se lit comme un roman d'aventures captivant. Il passe ses jeunes années à Amsterdam, à Bruxelles et à Paris. Il sera tour à tour garçon de courses, ouvrier d'usine, employé de bureau, employé de banque, représentant de commerce, inspecteur d'assurances, rédacteur de textes publicitaires et journaliste. Peu après le début de la Seconde Guerre mondiale, il ouvre une auberge de jeunesse dans les Pyrénées. Cette auberge ne tardera pas à devenir un gîte d'étape pour des personnes qui se sentent menacées et cherchent à fuir en Angleterre en passant par l'Espagne. Mais De Gorter se voit contraint lui-même de gagner l'Espagne où il est incarcéré. Fin 1943, il parvient malgré tout à rejoindre l'Angleterre. Il y est d'abord garçon d'ascenseur avant de devenir rapidement journaliste et fonctionnaire à titre temporaire au ministère néerlandais des Affaires étrangères. À ce poste, il dirige la section ‘Information en langue française’ du Service d'information du gouvernement néerlandais en exil. Au lendemain de la Libération, De Gorter regagne Paris où il séjournait au début des hostilités. Il intègre les services diplomatiques néerlandais où il assume de hautes fonctions.Marleen Temmerman.
Il est aussi responsable pendant vingt-cinq ans de la publication hebdomadaire Nouvelles de Hollande et de 1957 à 1977 il dirige l'Institut Néerlandais. Sadi de Gorter fut un talentueux écrivain et poète de langue française. Il fut très influencé par le poète, essayiste et écrivain belge Charles Plisnier (prix Goncourt) qu'il rencontra à Bruxelles dans les années 1930 et avec qui il se lia d'amitié. En 1992, à l'initiative de Jozef Deleu, parut la publication originale et privée Sadi de Gorter. Poèmes et traductions, anthologie de poèmes et de traductions de la plume de De Gorter. voir Septentrion, XXII, no 1, 1993, pp. 45-49, XXIV, no 1, 1995, pp. 63-65 et XXIV, no 4, 1995, pp. 3-12 | |
Marleen TemmermanUne fois de plus, les Belges peuvent être légitimement fiers d'une de leurs compatriotes appelée à assumer de hautes fonctions internationales. À partir d'octobre 2012, la gynécologue flamande Marleen Temmerman (o 1953) dirigera à Genève le Département de santé reproductive et de recherche de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce département s'est fixé comme objectif de parfaire l'effort entrepris à l'échelle mondiale sur le plan de la santé sexuelle et reproductive. Dans le monde entier, il encourage les pays à développer et mettre en oeuvre leur capacité de recherche en vue d'améliorer les soins à prodiguer aux mamans et aux enfants, le planning familial ainsi que le traitement des cancers et infections. L'une des plus grandes priorités de Marleen Temmerman sera l'accès des femmes et des jeunes filles aux | |
[pagina 95]
| |
La nouvelle aile du Stedelijk Museum d'Amsterdam.
moyens de contraception modernes qui ne présentent aucun risque. De 1986 à 1992, Marleen Temmerman a vécu au Kenya, enseignant à l'université de Nairobi et dirigeant la maternité de service public dans un bidonville. De retour en Belgique, elle a fondé avec plusieurs partenaires, dont certains ex-collègues du Kenya, le Centre international de santé reproductive (ICRH). Ces dernières années, elle était titulaire d'une chaire de professeur à l'université de Gand et dirigeait le département d'obstétrique de l'hôpital universitaire de Gand. Elle a reçu en 2011 le prestigieux Lifetime Achievement Award décerné par le British Medical Journal. Pendant plus de dix ans, Marleen Temmerman a également exercé une activité politique. Récemment encore, elle était à la tête du groupe des socialistes flamands (SP.A) au Sénat belge. http://www.who.int/fr/ | |
Stedelijk MuseumLes travaux de rénovation et d'agrandissement du Stedelijk Museum (musée municipal) d'Amsterdam sont enfin terminés. Le 23 septembre 2012, le musée rouvre ses portes. Le nouveau bâtiment a été réalisé par le bureau Benthem Crouwel Architekten. Il comporte des espaces réservés aux expositions temporaires et pour la commodité des visiteurs on a prévu, outre la nouvelle entrée, un restaurant, une boutique et une bibliothèque. En orientant le musée vers la Museumplein, les travaux ont permis de créer un jeu harmonieux entre le Stedelijk Museum et ses voisins: le Rijksmuseum, le musée Van Gogh et le Concertgebouw. La nouvelle aile du Stedelijk Museum est un volume blanc qui ne laisse voir aucun raccord, soutenu par deux colonnes blanches. Dans sa partie supérieure, ce volume, qui semble flotter et que certains surnomment déjà ‘la baignoire’, est coiffé d'un vaste toit plat qui se termine en auvent. Vue de l'extérieur, la nouvelle construction contraste vivement avec le bâtiment historique, mais de l'intérieur les deux musées sont parfaitement accordés. Deux expositions temporaires sont d'ores et déjà au programme du ‘Stedelijk’ rénové. Beyond Imagination rassemblera une série de nouveaux projets et oeuvres réalisés sur commande par vingt artistes (tant néerlandais qu'étrangers mais travaillant tous aux Pays-Bas). Au sous-sol, la plus vaste salle d'exposition d'Amsterdam, seront temporairement exposées des oeuvres et des réalisations contemporaines de très grand format extraites des propres collections du musée. Dès le 15 décembre, on pourra voir l'exposition très attendue centrée sur l'oeuvre de l'artiste postmoderne américain Mike Kelley. Par la suite, cette exposition fera halte dans plusieurs grands musées des États-Unis. Le prochain numéro de Septentrion consacrera une ‘Actualité’ au nouveau Stedelijk Museum. www.stedelijk.nl |
|