de quotidiens comme De Morgen et Het Laatste Nieuws, mais aussi avec des magazines comme le populaire Dag Allemaal, le magazine pour les jeunes Joepie et Woef, revue destinée aux cynophiles. De plus, le groupe De Persgroep est impliqué dans la radiotélévision avec la chaîne VTM et la station de radio Q-Music.
La manière dont la direction et le personnel de PCM supplièrent presque Van Thillo de les arracher des griffes du précédent propriétaire - la société d'investissement britannique APAX - est éloquente. APAX était entrée en 2004 avec l'objectif d'investir massivement dans les quotidiens mais, après quelques années, il s'avéra que la direction du fonds d'investissement avait surtout rempli les poches des actionnaires avec les intérêts des emprunts qui accablaient PCM. C'est pourquoi la propriétaire initiale de PCM - la Stichting voor Democratie en Media (Fondation pour la démocratie et les médias) - avait racheté les parts de APAX en 2007. Bien trop cher, mais cela indique aussi à quel point le désir de se séparer des capitalistes britanniques était vif.
Une augmentation de capital était nécessaire pour libérer PCM de son énorme endettement et pouvoir soutenir ses titres dans la concurrence croissante sur un marché des quotidiens en rétraction. Heureusement Van Thillo était là, un entrepreneur anversois qui, dès l'âge de 27 ans, avait pris les rênes de l'entreprise familiale et était devenu un éditeur prospère, d'une capacité financière estimée pour l'instant à 340 millions d'euros. Il sauva également le quotidien d'Amsterdam Het Parool de la disparition. Par des actions de cette sorte, il se fit une réputation de ‘journaliste’ à l'ancienne, celle d'un homme qui n'aspire pas seulement à maximiser le rendement, mais qui est attaché aussi aux journaux et à leur mission démocratique.
Auprès de PCM cette affinité passe bien, car ce groupe publie les journaux de qualité les plus importants des Pays-Bas, des journaux qui jouent un rôle politique et culturel éminent. De ce fait, PCM ne vise pas seulement à maximiser ses bénéfices mais, en premier lieu, à garantir la qualité de l'information et de la formation de l'opinion publique. Ces missions seraient dorénavant en sécurité au sein de De Persgroep. C'est peut-être pourquoi Van Thillo n'a pas eu à débourser une somme trop importante pour PCM: seulement 130 millions d'euros pour une participation à hauteur de 58% dans une entreprise évaluée à plus de 700 millions il n'y a pas si longtemps.
Mais c'était à un moment plus favorable, sans endettement, avec des rentrées en augmentation et exempt de sombres perspectives. C'est pourquoi PCM n'avait guère le choix quand elle voulut s'affranchir d'APAX. Van Thillo veut ce que ne veulent manifestement plus les investisseurs néerlandais: investir dans des journaux. Cela paraît magnanime, mais Van Thillo n'est certainement pas un philanthrope. Il a toujours été clair sur sa tactique: d'abord assainir, puis investir. Dans le cas du quotidien flamand de bonne tenue De Morgen, par exemple, plus du quart des journalistes durent disparaître pour amener le journal au niveau estimé souhaitable par Van Thillo. Ce fut douloureux et la rédaction affirmait qu'elle allait se retrouver en deçà de ses normes de qualité.
Par conséquent Van Thillo a beau aimer les journaux et être toujours aimable envers les journalistes, ce ‘Berlusconi flamand’ en veut pour son argent. Pol Deltour, le président de l'association flamande des journalistes VVJ avertissait à la fin 2008: ‘Aux Pays-Bas, vous le portez aux nues, à la limite de l'idolâtrie. Mais au moment des comptes, la sensibilité de l'éditeur s'efface, et c'est un banquier comme les autres qui se manifeste. Alors le couperet arrive sur la table’.
Pour le moment, le succès de De Persgroep étouffe une telle critique dans l'oeuf. L'entreprise familiale anversoise de Van Thillo semble même être en passe de jouer un rôle considérable sur le marché européen des médias. Il dame ainsi le pion aux ‘Hollandais’ sur leur propre terrain: il entreprend là où ils se résignent. Dans ce domaine, le temps est donc venu pour les Néerlandais d'adopter une attitude plus modeste quant à leur prétendue supériorité en affaires.
huub wijfjes
(tr. m. harmignies)