Septentrion. Jaargang 38
(2009)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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ActuellesMa chère ville de Gand. Ainsi s'intitulent les souvenirs francophones inédits de Francine Somers, recueillis et préfacés par son amie Nicole Verschoore, journaliste et femme écrivain gantoise d'expression française. Francine Somers est née en 1923. Après avoir suivi les cours de l'Académie des beaux-arts locale, elle ne tarda pas à acquérir une certaine notoriété. Vers l'âge de trente ans, elle partit au Congo, puis elle se fixa à Bruxelles. Mais Gand est restée blottie au coeur de ses souvenirs. Ma chère ville de Gand brosse du dedans un portrait intéressant de la vie artistique et sociale gantoise durant l'entre-deux-guerres, la Seconde Guerre mondiale et les années qui l'ont immédiatement suivie. Francine Somers nous fait connaître des artistes rencontrés au fil des ans et qu'elle a immortalisés. Parmi eux, des artistes gantois sans doute mais aussi Salvador Dali et James Ensor (voir le présent numéro, pp. 3-7). L'ouvrage contient de nombreuses illustrations, notamment des dessins de Francine Somers elle-même. édité par le Liberaal Archief de Gand (www.liberaalarchief.be) voir Septentrion, XXXVI, no 4, 2007, pp. 79-81 Guido van de Wiel doit avoir poussé un gros soupir de soulagement. Au terme d'un travail de recherche considérable, ce traducteur littéraire est parvenu à traduire du néerlandais au français un lipogramme, ce genre d'oeuvres qui n'utilisent jamais une lettre déterminée. Et Van de Wiel n'avait pas choisi le plus simple des lipogrammes puisqu'il a traduit La Disparition, tour de force littéraire réalisé par Georges Perec et paru en 1969. Même en s'aidant d'une loupe, on ne trouve aucune trace de la lettre e dans La Disparition, et pas davantage dans sa traduction néerlandaise 't Manco. Cette traduction présentait, si c'est possible, plus de difficultés que le texte d'origine. Car la lettre e se rencontre plus souvent en néerlandais courant qu'en français et le traducteur doit évidemment tenter de suivre scrupuleusement le fil de l'histoire. La Disparition dépasse en tout cas l'expérience formelle postmoderne à laquelle on réduit souvent ce roman. Derrière les lois du postmodernisme, le lecteur découvre une étrange quête qui semble se référer constamment à la poignante histoire personnelle de Perec. Perec était fils de Juifs polonais émigrés en France. Son père est mort à la guerre en 1940, sa mère fut déportée trois ans plus tard et mourut dans les chambres à gaz. Perec fut élevé par un oncle et une tante. 't Manco (plus de 300 pages) est édité par De Arbeiderspers à Amsterdam (www.arbeiderspers.nl) Lorsque le célèbre poète flamand d'expression française Émile Verhaeren (1855-1916) composait son ode à l'Escaut, il ne se doutait pas que le fleuve se retournerait contre lui bien après sa mort. Ces dernières décennies, en effet, le tombeau de Verhaeren à Sint-Amands (au sud-ouest d'Anvers) a été régulièrement submergé par l'Escaut lors des marées d'équinoxe et en 1991, un mur de béton a même cédé sous les assauts du fleuve. On a donc décidé de rehausser le monument funéraire. L'inauguration du site funéraire restauré a eu lieu le 1er juin 2001. Ce tombeau n'est pas la seule attraction touristique de Sint-Amands. On y visite aussi le musée | |
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Francine Somers, Croquis de James Ensor, juin 1945 © sabam Belgique 2009.
provincial Émile Verhaeren dont les expositions successives gardent vivantes la mémoire et l'oeuvre de Verhaeren. Ainsi peut-on visiter jusqu'au 23 septembre 2009 l'exposition Chanson de fou. Dans cette exposition, les sept Chansons de fou de Verhaeren dialoguent avec les dessins de l'artiste ‘en marge’ Martha Grunenwaldt (1910-2008) et avec les portraits d'écrivains et d'un ‘aliéné’ réalisés par le photographe Marc Trivier (o 1960). Par ailleurs, Jean-Bastien Tinant (o 1975) a mis en musique les Chansons de fou et les a transformées en collages hallucinants. www.emileverhaeren.be Le 11 juin 2009, la traductrice néerlandaise Mirjam de Veth s'est vu décerner le prix Dr. Elly Jaffé. Ce prix de 40 000 euros qui récompense tous les deux ans des travaux de traduction à partir du français est l'une des plus grandes distinctions littéraires des Plats Pays. Il a été institué en 2001 à l'initiative de Elly Jaffé-Freem (1920-2003) qui enseigna le français pendant de longues années et collabora à la revue De Groene Amsterdammer. Mirjam de Veth a reçu ce prix pour De Seizoenen, sa traduction de Les Saisons (1965) de Maurice Pons. Dans ce roman, un artiste croit avoir découvert dans un petit village sans gloire l'endroit idéal pour travailler. Mais il se trouve plongé dans des situations inattendues et connaît une fin de vie horrible. Le jury a salué notamment la grande créativité lexicale de Mirjam de Veth et la minutie de sa traduction. Il a reconnu aussi que la complexité des phrases du texte de départ a été respectée sans rien ôter à l'élégance du néerlandais.Francine Somers, L'Allumeur de réverbères © sabam Belgique 2009.
La traduction de Mirjam de Veth a été jugée ‘une remarquable combinaison de fidélité au texte et de recherche optimale de nuances’. Précédemment, Mirjam de Veth a traduit des oeuvres d'André Gide, d'Albert Cossery, de Marie Darrieussecq et Rachilde. De seizoenen est paru chez Coppens en Frenks à Amsterdam (www.coppensfrenks.nl) La chance peut tourner. C'est en substance ce qu'a dû penser Jan Fabre (o 1958) le 16 juin 2009, en recevant le grand prix de la Critique de théâtre française pour son dernier spectacle, Orgy of Tolerance. Que la Critique de théâtre française ait choisi Fabre, voilà qui était pour le moins surprenant. Une partie des médias français - la presse conservatrice principalement - n'a jamais épargné ses critiques à l'homme de théâtre flamand. Toujours à la recherche de la controverse et de la provocation, Fabre avait beaucoup choqué, entre autres comme artiste associé au Festival d'Avignon en 2005. Selon Le Figaro, le programme qu'avait composé Fabre à l'époque avait fait sombrer le festival dans la crise la plus profonde qu'il ait connue depuis 1968. Orgy of Tolerance ne déplaît donc pas à tout le monde. Ce spectacle ne constitue pourtant pas une rupture de style par rapport à l'oeuvre précédente de Fabre mais il est étonnamment léger et comporte aussi une bonne dose d'autodérision. Orgy of Tolerance fut représenté à la mi-juillet au Festival d'Avignon. Jan Fabre n'est pas que dramaturge, il est aussi plasticien. En 2008, il a eu l'occasion de confronter au musée du Louvre ses propres créations à celles | |
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Robe de Maria Fjodorovna, en satin et soie, 1880-1890, maison de couture Charles Worth, Paris © Hermitage de Saint-Pétersbourg.
des peintres du Nord, des primitifs flamands à Rubens. voir Septentrion, XXXIV, no 2, 2005, pp. 5-11, XXXIV, no 4, 2005, pp. 88-91 et XXXVII, no 1, 2008, pp. 69-70 Du 13 au 19 juin 2009, Rotterdam s'est enorgueillie une fois de plus du titre de centre de la poésie mondiale. La ville accueillait la quarantième édition du festival international Poetry International. À l'occasion de ce festival, le Flamand Jan H. Mysjkin (o 1955) et le Français Pierre Gallissaires (o 1932) ont reçu le Brockway Prize, distinction bisannuelle remise à des traducteurs de poésie néerlandophone. Ce prix, institué par la Fondation pour la production et la traduction de la littérature néerlandaise, met à l'honneur des domaines linguistiques différents. Cette fois-ci, c'était le tour du domaine français. Mysjkin et Gallissaires se sont vu décerner le prix (d'un montant de 5000 euros) pour avoir traduit en français notamment la poésie de l'expressionniste flamand Paul Van Ostaijen (1896-1928) et de Gerrit Kouwenaar (o 1923), le Great Old Man de la poésie néerlandaise. Jan Mysjkin peut se prévaloir de longs états de service comme poète et traducteur. Il traduit à partir du français et vers le français ainsi qu'à partir du roumain et vers le roumain. Pierre Gallissaires est poète et traducteur français. voir Septentrion, XXXII, no 1, 2003, p. 178 et XXXV, no 1, 2006, p. 77Le 19 juin 2009, Amsterdam s'est mise à l'heure russe. Ce jour-là, les portes de l'Hermitage Amsterdam Portrait du tsar Alexandre III, 1895-1900 © Hermitage de Saint-Pétersbourg.
très agrandi se sont ouvertes au public. Ce parent de l'Hermitage de Saint-Pétersbourg existait depuis 2004 mais il devait être agrandi et rénové. L'Amstelhof, un ancien hospice pour vieillards, a été transformé en un lieu d'exposition prestigieux d'environ neuf mille mètres carrés répartis sur deux grandes salles et quarante-quatre cabinets. L'Hermitage Amsterdam ne possède pas de collections en propre. Chaque année, on y organisera deux ou trois expositions qui puiseront largement dans les gigantesques réserves de la maison mère en Russie. C'est ainsi que l'on pourra admirer jusqu'en janvier 2010 une exposition consacrée à la vie à la cour de Russie au XIXe siècle. Cette exposition réunit pas moins de 1800 objets (entre autres des robes de bal, des pièces de mobilier uniques, des bijoux et le piano à queue de la dernière tsarine) exposés dans les deux salles d'apparat les plus célèbres du palais d'Hiver de Saint-Pétersbourg, présentées dans une imitation abstraite. www.hermitage.nl Jozef Deleu (o 1937), poète et promoteur de la politique culturelle flamando-néerlandaise, et l'écrivain néerlandais Jeroen Brouwers (o 1940) ont reçu le premier prix de la Collaboration culturelle flamando-néerlandaise. Ce prix est une initiative de l'ancien ministre flamand de la Culture Bert Anciaux. Il sera décerné tous les deux ans à des ‘personnes qui ont oeuvré de manière exceptionnelle et durable en faveur de la collaboration culturelle entre la Flandre et les Pays-Bas’. Jozef Deleu et Jeroen Brouwers ont reçu chacun 25 000 euros. | |
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Jozef Deleu (à gauche, o 1937) et Jeroen Brouwers (o 1940) en 1992, photo Paul Van Den Abeele.
Jozef Deleu a fondé en 1970 l'association flamando-néerlandaise Ons Erfdeel vzw, qui poursuit un double objectif: promouvoir les liens culturels entre tous les néerlandophones et faire connaître la culture de langue néerlandaise à l'étranger. Ons Erfdeel vzw édite entre autres des publications périodiques: Ons Erfdeel (Jozef Deleu a lancé cette revue dès 1957), Septentrion, les annales bilingues De Franse Nederlanden - Les Pays-Bas Français et les annales The Low Countries. Arts and Society in Flanders and the Netherlands. Jusqu'en avril 2002, Jozef Deleu a été administrateur délégué de Ons Erfdeel vzw et rédacteur en chef de l'ensemble de ses éditions. En 2003, il a fondé Het liegend Konijn (Le Lapin menteur), revue semestrielle de poésie néerlandophone contemporaine. Jeroen Brouwers a d'abord été rédacteur auprès de la maison d'édition flamande Manteau. Durant cette période, il a affiné sa connaissance de la Flandre. Après avoir quitté Manteau, il s'est révélé un des meilleurs romanciers contemporains de langue néerlandaise. Le Rouge décanté, traduction de son roman Bezonken rood, a reçu en 1995 le prix Femina étranger. Le thème central de ce roman est la difficile relation entre Brouwers et sa mère, sur fond de réminiscences de leur séjour dans un camp japonais au cours de la Seconde Guerre mondiale. voir Septentrion, XXIV, no 4, 1995, pp. 20-26 et XXXVI, no 3, 2007, pp. 81-85 Le 23 juin 2009 est décédé a l'âge de 67 ans l'homme politique flamand Karel Van Miert. Il avait entamé sa carrière politique en 1976 en qualité de secrétaire national adjoint du Parti Socialiste Belge - Belgische Socialistische Partij, toujours unitaire à l'époque. Deux ans plus tard, il accédait à la présidence de l'aile flamande du parti, le SP (aujourd'hui SP.A). Durant les années 1980, il a été une des figures de proue du mouvement pacifiste et de l'opposition à l'installation de missiles nucléaires américains sur le sol belge. En 1989, Van Miert est devenu membre de la Commission européenne, alors présidée par Jacques Delors. Van Miert s'y est vu attribuer la compétence de commissaire au Transport, à la Politique des consommateurs, aux Crédits et aux Investissements. Celui en qui on ne voyait au début que ‘le petit Belge’ n'a pas tardé à forcer le respect par sa connaissance des dossiers et sa détermination. Son mandat a été reconduit, avec cette fois l'important portefeuille du Personnel, de l'Administration générale et de la Politique de la concurrence. C'est surtout dans cette dernière fonction qu'il est devenu un commissaire internationalement respecté, qu'il a même été appelé ‘l'homme le plus puissant d'Europe’. Il en imposait incontestablement par la manière dont il a mené combat contre l'influence de grandes entreprises et de lobbies politiques. Karel Van Miert allait finalement exercer deux mandats successifs en tant que commissaire européen à la Concurrence, jusqu'en 1999. Cette année-là, il a été contraint de démissionner avec l'ensemble de la Commission à la suite de ‘l'affaire’ Édith Cresson. Il s'est alors retiré de la politique européenne. De 2000 à 2003, il a présidé l'école néerlandaise des affaires Nyenrode. voir Septentrion, XXX, o 1, 2001, pp. 183-185 | |
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