Septentrion. Jaargang 38
(2009)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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ActuellesQuand une bande dessinée devient-elle un classique? C'est la question que se pose Geert De Weyer dans l'introduction de son ouvrage 100 stripklassiekers die niet in je boekenkast mogen ontbreken (100 classiques de la BD qui doivent faire partie de votre bibliothèque). Pendant des années, Geert De Weyer a analysé les classiques de la bande dessinée du XXe siècle dans les colonnes du quotidien flamand De Morgen. Après avoir retravaillé, complété et classé ces articles, il nous offre aujourd'hui un panorama du neuvième art au XXe siècle. Cette vue d'ensemble richement illustrée réunit les genres les plus divers de la bande dessinée. L'amateur de BD japonaise, le lecteur de productions franco-belges ou flamandes, l'adepte des superhéros ou des comic-strips américains, chacun trouvera à coup sûr ce qu'il aime dans ces 100 stripklassiekers. Le livre de Geert De Weyer paraît à l'heure où la bande dessinée flamande contemporaine bénéficie d'un intérêt réel en France. Du 29 janvier au 1 février 2009, les créateurs flamands de bandes dessinées ont été à l'honneur du 36e Festival international de la BD d'Angoulême. paru chez Atlas, à Amsterdam, 244 p. Tout ce qui touche à la littérature vous passionne et vous comprenez le néerlandais? Alors nous sommes heureux de vous renvoyer au blog De Papieren Man (L'Homme de papier), sous-titré Literaire berichtgeving à la carte (Informations littéraires à la carte). Depuis quelques années, Dirk Leyman suit sur son blog l'actualité littéraire dans pratiquement le monde entier. Un prix prestigieux que l'on attribue, un livre précieux mis aux enchères, la parution d'une traduction importante, un recueil de lettres qui resurgit brutalement: ceci n'est qu'un échantillon des sujets que Leyman traite de manière captivante. Rappel: pour ce qui concerne l'actualité - culturelle et sociale - référant aux Pays-Bas et à la Flandre, le blog de Septentrion est à votre disposition. Notre blog, entièrement rédigé en français, est complémentaire de la revue et suit de près les événements (expositions, présentations, colloques, remises de prix, etc.) qui ont lieu en francophonie mais qui renvoient d'une manière ou d'une autre aux Pays-Bas ou à la Flandre. http://papierenman.blogspot.com Quel amateur français de théâtre ou / et d'opéra ne réagirait pas à l'évocation de noms comme Jan Fabre, Anne Teresa De Keersmaeker, Jan Lauwers ou Gerard Mortier? Après la France, l'Allemagne a découvert à son tour le théâtre flamand, au sens large du terme, et il semble à présent que même l'Italie ne reste pas insensible aux charmes du Nord. Fin 2008, le fameux Teatro alla Scala de Milan et le Staatsoper unter den Linden de Berlin ont demandé au metteur en scène flamand Guy Cassiers (o 1960) de monter L'Anneau du Nibelung de Richard Wagner. La création du premier volet de la Tétralogie, L'Or du Rhin, est prévue en mai 2010. Pour la direction musicale, Cassiers aura à ses côtés une très grande personnalité: Daniel Barenboim. | |
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Martin Milan, personnage créé par le Français Christian Godard (o 1932).
En 2008, Guy Cassiers a remporté le prestigieux prix Europe Nouvelles réalités théâtrales. Il est directeur artistique de la scène anversoise Het Toneelhuis. Il a travaillé précédemment au RO Theater à Rotterdam. Ces dernières années, il a aussi réalisé pour le Festival d'Avignon des mises en scène de pièces écrites par l'auteur flamand Tom Lanoye. Par ailleurs, il n'est pas le premier metteur en scène flamand à s'attaquer à la Tétralogie de Wagner; ces dernières années, Ivo Van Hove s'était attelé à la même tâche pour l'Opéra flamand. voir Septentrion, XXXII, no 1, 2003, pp. 22-29, XXXVII, no 2, 2008, pp. 105-107 et XXXVII, no 4, 2008, pp. 81-83 Jusqu'au 19 avril 2009, le musée des Beaux-Arts de Montréal présente Van Dongen: un fauve en ville. Cette exposition est la première rétrospective majeure de l'oeuvre du peintre Kees van Dongen (1877-1968) en Amérique du Nord. Elle regroupe quelque deux cents oeuvres, soit plus d'une centaine de tableaux ainsi qu'une quarantaine de rares dessins, des estampes et autres documents d'archives et photographiques, et pour la première fois une douzaine de céramiques fauves. De l'anarchiste du tournant du siècle au ‘peintre des névroses élégantes’ de l'entre-deux-guerres, l'oeuvre montrée à Montréal est celle d'un moraliste, observateur d'une société des bas-fonds aux demi-mondaines de l'‘époque cocktail’. L'exposition Kees van Dongen confirme la place déterminante occupée par ce peintre au début du XXe siècle et son rôle unique comme portraitiste parmi les peintres fauves. Ses oeuvres, éclatantes et impudiques, que l'on a comparées à de ‘prodigieuses débauches de lumière, de chaleurGil (Jommeke), personnage créé par le Flamand Jef Nys (o 1927).
et de couleur’, témoignent de l'affirmation de son propre style dans l'art moderne, aux côtés de ses compagnons Matisse et Picasso. Kees van Dongen a passé sa jeunesse à Rotterdam, mais s'est installé à Paris en 1897. Il s'est fait naturaliser Français en 1929. www.mbam.qc.ca Le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, mieux connu ces dernières années sous le nom de BOZAR, fête ses 80 ans d'existence. À l'occasion de cet anniversaire, un ouvrage intéressant en trois langues (français-néerlandais-anglais) est paru fin 2008. Divers auteurs confrontent ici leur vision personnelle du Palais des Beaux-Arts. Plusieurs textes retracent le développement qu'a connu le Palais des Beaux-Arts comme grande maison de la culture, en particulier dans le domaine des beaux-arts, de la vie musicale et de la littérature. Le Palais se trouve ainsi replacé dans un contexte plus large, comme une partie d'un ensemble beaucoup plus vaste. Loin de s'intéresser à la seule vie culturelle bruxelloise, l'ouvrage s'attache aussi aux développements sociaux et socio-économiques marquants qui ont influencé d'une quelconque manière le temple de la culture. Le livre s'ouvre sur une notice consacrée à l'architecture du bâtiment. Le Palais des Beaux-Arts est l'oeuvre de Victor Horta. Il constitue d'ailleurs l'une de ses dernières grandes réalisations. Dans les pages qu'il consacre à la période la plus récente, Jacques De Decker souligne le rôle dynamique et catalyseur de Paul Dujardin, qui dirige le Palais depuis 2002. Mettant en oeuvre | |
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Façade du Palais des Beaux-Arts (BOZAR) de Bruxelles.
une politique cohérente, Dujardin et son équipe ont réussi à redonner vie au temple de la culture, qui paraissait en léthargie, et à conférer à BOZAR un rayonnement international. BOZAR LXXX, qui compte 544 pages, est richement illustré. L'ouvrage renferme aussi la liste des expositions organisées au Palais des Beaux-Arts depuis 1928. édité par BOZAR et les éditions Lannoo (ISBN 978 90 209 7984 8) Tout amateur de musique digne de ce nom ne peut ignorer le Koninklijk Concertgebouworkest d'Amsterdam. Aujourd'hui on peut même parler à son propos de meilleur orchestre symphonique du monde. Un jury international a classé premier le Koninklijk Concertgebouworkest devant les Berliner Philharmoniker, les Wiener Philharmoniker et le London Symphony Orchestra. La liste complète des vingt orchestres a été publiée dans la revue britannique Gramophone qui fait autorité en la matière. Le Koninklijk Concertgebouworkest fut fondé en 1888 et a été dirigé successivement par des chefs renommés comme Willem Mengelberg (1895-1945), Eduard van Beinum (1945-1959), Bernard Haitink (1959-1988) et Riccardo Chailly (1988-2004). Depuis 2004, son chef et directeur musical est le Letton Mariss Jansons. La formation s'est notamment taillé une réputation enviable dans le répertoire de la fin de l'époque romantique: Tchaïkovski, Brahms, Bruckner et Mahler. voir Septentrion, XXXVII, no 1, 2008, pp. 42-47 Victor Horta (1861-1947) dans son bureau.
La soprano néerlandaise Eva-Maria Westbroek (o 1971) a remporté le grand prix Antoine Livio 2008. Cette distinction est attribuée par la Presse musicale internationale (PMI), association établie à Paris qui compte dans ses rangs des critiques musicaux français et étrangers. La PMI récompense ainsi Eva-Maria Westbroek pour ‘la façon exemplaire dont elle mène sa carrière et celle dont elle marque tous les rôles qu'elle interprète’. Oubliée par les maisons de disques, cette cantatrice affirme sur scène une présence dramatique étonnante. Les années précédentes, ce prix avait été attribué à Louis Langrée (2007), Peter Eôtvôs (2006), Jean Nithart (2005), Gidon Kremer (2004), Laurence Equilbey (2003), René Koering (2002), Simon Rattle (2001), Placido Domingo (2000) et Henri Dutilleux (1999) - palmarès impressionnant. Après avoir étudié le chant au Conservatoire royal de La Haye de 1988 à 1995, Westbroek est attachée au Stuttgarter Staatsoper de 1999 à 2006. À partir de 2004, elle joue notamment à l'Opéra Bastille de Paris dans des opéras de Poulenc et de Richard Strauss. En 2007, elle se distingue lors du Festival d'Aix-en-Provence lorsqu'elle interprète Sieglinde dans La Walkyrie de Wagner. Westbroek s'est vu remettre le prix le 18 janvier 2009 à l'Opéra Bastille, le lendemain de la première de Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch, où elle interprète le rôle de Katerina Ismailova. www.eva-maria-westbroek.nl | |
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Mariss Jansons (o 1943) en 1989, photo W. Ruigrok.
Le 14 novembre 2008, à Paris, l'hôtel Lutetia accueillait la sixième conférence bilatérale Érasme-Descartes. Le thème, La France et les Pays-Bas face à la mondialisation. Les défis, tombait à point nommé. La crise financière mondiale, qui commençait au même moment à peser sur l'économie réelle, donnait un relief nouveau aux entretiens bilatéraux entre chercheurs et acteurs du monde économique français et néerlandais. Dans sa conférence inaugurale, Frits Bolkestein, ancien ministre du Commerce extérieur et de la Défense des Pays-Bas et ancien commissaire européen, livra sans détours les commentaires d'un libéral, qui croit à la concurrence comme condition nécessaire de la croissance économique et de l'emploi, sur un État français qui demeure jacobin et croit au champ illimité de la politique: ‘J'interviens, donc je suis’. L'ancien commissaire européen exhorta la France ‘qui doit encore trouver son nouveau rôle en Europe’ (mais à cette date, il n'avait pu encore apprécier la présidence de l'Union par Sarkozy) à embrasser les réalités nouvelles. Dans trois ateliers à huis clos, on traita ensuite du thème du jour: ‘Bonheur, progrès et croissance’, ‘Éthique, durabilité et compétitivité’, ‘Pouvoirs publics et marché: vers un nouveau rôle de l'État’. Enfin, une table ronde ouverte au public se pencha sur ‘le juste équilibre entre croissance et durabilité’. À propos de ce dernier atelier: marché et politique sont l'un comme l'autre imparfaits. Un mouvement de balancier donne alternativement plus de poids à l'un ou à l'autre mais en réalité, ce sont deux aveugles qui se conduisent mutuellement. L'État est le garant de l'intérêt national, le marché doit être institué par l'État etEva-Maria Westbroek (o 1971).
l'État (et non la société civile) doit prendre en charge le changement social: cette proposition sonne très français, quoiqu'un Français, au cours de la discussion, ait précisément qualifié l'État de corporatiste et conservateur et trouvé bien préférable le modèle néerlandais de concertation sociale (donc de société civile). Le Belge Jean-Pierre Stroobants, correspondant du quotidien Le Monde pour le Benelux, fit remarquer que les gouvernements de coalition néerlandais (avec leur représentation proportionnelle) ne pouvaient servir de modèle à la France à notre époque où une grande partie de l'électorat est volatile. Toutefois, il souligna également l'influence modératrice des partis chrétiens-démocrates et leur discours moralisateur. À la fin de cet intéressant débat, il apparut que le conférencier français parlait toujours de l'État (avec une majuscule), traduit à tous les coups par staat (avec une minuscule) et que le conférencier néerlandais parlait de overheid, traduit par pouvoirs publics. Le bon Dieu est dans le détail. voir Septentrion, XXXVI, no 1, 2007, pp. 86-88 | |
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