Septentrion. Jaargang 29
(2000)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Illustration parue dans ‘Description de tovts les Pays Bas, autrement appellez, La Germanie inferievre, ov Basse Allemagne’ de Pierre Verbiest, Anvers, 1636, détail.
August van den Steene, ‘De Grote Markt van Brugge (met het belfort)’ (La Grand-Place de Bruges (avec le beffroi)), 1826, détail.
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ActuellesLa cartographie dans les Plats Pays a pu s'enorgueillir assez tôt de compter dans ses rangs quelques noms illustres, tels, au xvie siècle, les savants Gemma Frisius et Gerard Mercator. Au xviie siècle aussi, des oeuvres cartographiques d'une grande valeur ont vu le jour. Deux d'entre elles ont été rééditées en 1999, accompagnées chacune d'une introduction bilingue (néerlandais-français), signée H.A.M. van der Heijden. Le premier ouvrage réédité est l'Atlas des Pays-Bas du Néerlandais Frederik de Wit (vers 1630 - 1698). Cet atlas grand format en fac-similé comprend 25 cartes en noir et blanc représentant les XVII Provinces des Pays-Bas ainsi que les régions avoisinantes. Il fut édité dans les années 1670, plus de vingt ans après que le traité de Münster eut reconnu l'indépendance des Pays-Bas du Nord. L'atlas de De Wit comporte également de nombreuses cartes des Pays-Bas du Sud, restés sous domination espagnole, ce qui prouve que son auteur ne manquait pas de flair commercial. Comme les Pays-Bas du Sud étaient convoités par plusieurs grandes puissances de l'époque (dont la France), un atlas reproduisant des cartes de ces territoires, devait forcément se vendre comme des petits pains dans une bonne partie de l'Europe. L'atlas Description de tovts les Pays Bas, autrement appellez, La Germanie inferievre, ov Basse Allemagne (1636) de l'Anversois Pierre Verbiest, est d'un format beaucoup plus petit. Dans cet ouvrage, remarquable par la qualité de la gravure et des couleurs, on trouve, outre des cartes des Pays-Bas du Nord et du Sud, une carte d'ensemble représentant les Plats Pays à l'époque romaine. Bien que, à en croire les sceptiques, Verbiest ait copié de nombreuses cartes, s'inspirant essentiellement de modèles amstellodamois, la valeur historique de cette édition est indéniable. Il se trouve en effet que l'atlas en question était le seul ouvrage cartographique nouveau sorti dans les | |
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Pays-Bas du Sud au cours de la première moitié du xviie siècle. L'atlas de De Wit (ISBN 90-6469-735-3) et celui de Verbiest (ISBN 90-6469-747-7) ont été réédités par Canaletto/Repro-Holland B.V. à Alphen aan de Rijn en collaboration avec la Universitaire Pers te Leuven.
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Situé à Saint-Jans-Cappel (département du Nord), dans le domaine où Marguerite Yourcenar passa une partie de son enfance, le Centre départemental de résidence d'écrivains européens a, depuis sa création en 1997, accueilli plus de trente auteurs. Ces derniers y combinent l'achèvement d'une oeuvre en cours et des rencontres avec des lecteurs de part et d'autre de la frontière franco-belge. Dans Les annales de la Villa Mont-Noir centre départemental de résidence d'écrivains européens 98-99, le directeur Guy Fontaine insiste sur le caractère international de la Villa Mont-Noir. Là où au début du xxe siècle une guerre mondiale faisait rage, un siècle plus tard, des écrivains originaires de divers pays apprennent à se connaître et à s'estimer mutuellement. Les auteurs invités viennent non seulement de France mais d'un peu partout en Europe. Les Annales mentionnées ci-dessus présentent 23 écrivains venus travailler à la Villa Mont-Noir. Au portrait de l'auteur s'ajoutent chaque fois une bio-bibliographie et un bref extrait d'une de ses oeuvres. A ce jour, aucun écrivain néerlandophone n'a, hélas, pu être présenté. Qu'on se console: à en croire certaines rumeurs, un Flamand ou un Néerlandais résidera bientôt à la Villa Mont-Noir. Voir Septentrion, XXVI, no 4, 1997, pp. 87-88
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Fin 1999, le Comité pour la protection du patrimoine culturel mondial de l'UNESCO a inscrit pas moins de 30 beffrois belges (dont 24 en Flandre et 6 en Wallonie) sur la liste mondiale du patrimoine culturel. Par le biais de ce comité, l'UNESCO entend promouvoir l'identification, la protection et la préservation du patrimoine culturel et naturel. Quelques exemples de sites figurant sur la liste citée plus haut: les pyramides de Gizeh, la Grande Muraille de Chine, l'Acropole d'Athènes et le Mont-Saint-Michel. Dans les Pays-Bas du Sud, les beffrois ou ‘tours de guet’ symbolisent, depuis le Moyen Age, le désir de voir s'accroître la liberté, la démocratie et la participation du citoyen aux affaires de la cité. Dans un premier temps, ces tours n'abritaient que la cloche municipale. Plus tard, elles devaient être dotées de l'horloge et du carillon appelés à rythmer la vie citadine. Avec l'inscription des beffrois belges sur la liste du patrimoine mondial, le patrimoine culturel des Pays-Bas méridionaux est à l'honneur pour la deuxième fois en peu de temps. En effet, en 1998, 13 béguinages flamands avaient déjà pris place sur la liste. Voir Septentrion, XXVIII, no3, 1999, pp. 68-70.
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Le Néerlandais Hugo de Groot ou Grotius (1583-1645) n'est pas un inconnu pour le public francophone. Très jeune, celui qui allait se tailler une réputation mondiale en tant que philosophe, théologien, juriste et spécialiste de philologie classique, se rendit en France. A quinze ans déjà, lors d'une mission diplomatique en France, il est remarqué par Henri IV, qui le surnomme le ‘miracle de Hollande’. Un an après, il est promu docteur en droit à Orléans. Dans la suite, Grotius devait séjourner à plusieurs reprises en France. Son voyage le plus retentissant au pays de Marianne eut lieu en 1621. Impliqué dans un conflit politique aux Pays-Bas, il y fut incarcéré dans un château fort. Il réussit à s'échapper, caché dans un coffre à livres et prit le chemin de la France où il fut reçu à bras ouverts par des intellectuels amis. L'oeuvre maîtresse de Grotius, De iure belli ac pacis (1625), a jeté les bases du droit naturel et du droit international modernes. L'ouvrage fut dédié à Louis XIII, ‘le plus éminent des Rois’. Une version moderne est actuellement disponible en français, intitulée Le droit de la guerre et de la | |
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Michiel van Mierevelt, portrait de Hugo Grotius, 1631, ‘Rijksmuseum’, Amsterdam.
Le ‘Paleis op de Dam’, intérieur, ‘Gemeentelijke Archiefdienst Amsterdam’.
Michel Seuphor, ‘Ego Flos’, en hommage à Guido Gezelle, gravure, 1933 © SABAM Belgique 2000.
paix, traduite du latin par P. Pradier-Fodéré et éditée aux Presses Universitaires de France. Cette traduction comble une réelle lacune puisque les versions françaises antérieures étaient soit obsolètes soit introuvables dans le commerce. Le lecteur ne manquera pas d'être frappé par l'actualité des écrits de Grotius. L'auteur se demande s'il y a quelque guerre qui soit juste et ensuite ce qu'il y a de juste dans la guerre. Des questions auxquelles, à ce jour, aucune réponse satisfaisante n'a encore pu être donnée.
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Comment la ville d'Amsterdam est-elle actuellement perçue dans les pays avoisinants? Pour beaucoup de gens, cette ville s'est profilée, au fil des ans, comme le symbole de la permissivité éthique totale. D'autres relèveront les nombreuses manifestations culturelles et les innombrables contacts internationaux qui font d'Amsterdam l'une des villes de culture les plus attachantes de la planète. Jean-Claude Boyer, professeur à l'Université Paris-VIII, considère cette ville comme ‘la plus petite des grandes métropoles’. C'est le titre donné au grand ‘portrait de ville’, qu'il vient de publier aux Éditions L'Harmattan (1999, ISBN 2-7384-7360-1). L'auteur commence son livre par l'évocation du ‘Siècle d'or’ (le xviie) au cours duquel Amsterdam connut un développement économique et culturel exceptionnel, une période de gloire qui ne se reproduirait plus dans la suite. Toutefois, l'attention se porte essentiellement sur la ville telle qu'elle se présente à l'heure actuelle et sur les graves problèmes auxquels, comme tant d'autres métropoles de taille analogue, elle se trouve confrontée. Une constante saute aux yeux: la difficulté de concilier viabilité et croissance économique. Afin de pouvoir faire face à la mondialisation croissante, Amsterdam devrait, à en croire Boyer, collaborer davantage avec d'autres grandes villes de la ‘randstad’, telles Rotterdam et La Haye.
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Il y a 2 500 ans, au pied de l'Himalaya, un petit royaume au nord de l'Inde...Ainsi commence La vie de Bouddha, un livre destiné aux enfants (à partir de 9 ans). La vie de Bouddha a été écrit par Dirk Nielandt et traduit en français par Patrick Grilli. Les nombreuses et somptueuses illustrations sont signées An Candaele. Dirk Nielandt s'est inspiré de textes du Lama Karta, bien connu en Europe comme enseignant et spécialiste du bouddhisme. Le jeune lecteur découvre, adaptée à son âge, la saga du prince richissime qui quitte son château à la recherche du bonheur. Une histoire vraie, féerique et remplie de suspense, passionnant et instructif à la fois. Adresse: Uitgeverij Kunchab, Kruispadstraat 33, B-2900 Schoten.
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L'artiste flamand Michel Seuphor (1901-1999), qui passa la plus grande partie de sa vie en France, restera surtout connu comme le défenseur passionné de l'abstraction dans les arts plastiques. Il ne faut cependant pas oublier que Seuphor, artiste aux multiples facettes, était également bourré de talent littéraire. Dès les années 30, il se prit de passion pour le poète flamand Guide Gezelle (1830-1899) dont il considérait la poésie musicale comme ‘un art au-delà de l'art’. A la même époque, Seuphor s'essaya à la traduction d'une série de poèmes de Gezelle. Une de ces traductions fut même publiée dans la prestigieuse revue Mesures. La maison d'édition De blauwe reiger (Le héron cendré), spécialisée dans la bibliophilie, a sorti, en hommage posthume à Michel Seuphor, une édition de luxe intitulée Le tombeau de Gezelle. Seuphor vertaalt Gezelle (Le tombeau de Gezelle. Seuphor traduit Gezelle). Outre quelques poèmes de Gezelle, cet ouvrage contient également des citations de Seuphor relatives au poète ouest-flamand. Il est illustré par cinq gravures réalisées par Seuphor dans les années 30. Dans un bref essai, l'éditrice Agnes Caers esquisse ‘la parenté naturelle’ entre Seuphor et Gezelle. Le tombeau de Gezelle a été tiré à 60 exemplaires. Adresse: Collegestraat 22, B-1050 Brussel. Voir Septentrion, XX, no1, 1991, pp. 51-55 et XXVIII, no1, 1999, pp. 39-53.
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Très tôt, les francophones se sont intéressés à la littérature des Plats Pays. C'est ce qu'a démontré clairement l'exposition ‘Découverte des lettres néerlandaises - Nederlandse literatuur in Franse vertaling’ qu'a abritée la bibliothèque de l'Université d'État de Leyde (14 janvier - 25 février 2000). L'exposition, préparée par Jeanne Verbij-Schillings, a été organisée à l'occasion de la publication, en 1999, de l'Histoire des lettres néerlandaises aux Éditions Fayard (voir Septentrion, XXVIII, no 4, 1999, pp. 79-81). Elle s'accompagnait d'un petit catalogue, rédigé en néerlandais. Les premières traductions françaises d'ouvrages moyen-néerlandais parurent au XIVe siècle. On accorda entre autres un intérêt particulier aux écrits des mystiques flamands. A la même époque, des oeuvres historiques et des livres consacrés à la navigation maritime furent également traduits en français. Au cours de la Renaissance et au xviie siècle, on se passionna pour les écrits politico-éthiques et humanistes. Entre-temps, le nombre des traductions littéraires ne cessa d'augmenter. La vraie ‘découverte’ des lettres néerlandaises se ferait sous le Second Empire. Certes, on ne saurait exagérer l'importance de la littérature de langue néerlandaise dans la francophonie. Il n'en reste pas moins qu'une percée semble s'effectuer ces dernières décennies. Les critiques littéraires ont parlé en termes élogieux des traductions d'un certain nombre d'ouvrages d'auteurs néerlandophones renommés. Hugo Claus (o1929), Jeroen Brouwers (o1940), Hella S. Haasse (o1918), Harry Mulisch (o1927) et Cees Nooteboom (o1933), pour ne citer que ceux-là, ne sont plus des inconnus pour qui, dans l'espace francophone, se passionne pour la littérature. | |
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Le catalogue esquisse assez clairement toutes ces évolutions, bien que les aperçus bibliographiques concernant les périodes plus récentes présentent des lacunes assez frappantes. Quelques traductions importantes d'auteurs flamands sont passées sous silence. Exemple: Hugo Claus est présenté comme l'auteur néerlandophone contemporain le plus traduit mais l'édition récente de ses Poèmes aux Éditions L'Age d'Homme (voir Septentrion, XXVIII, no 3, 1999, pp. 45-55) n'est pas signalée. La bibliothèque universitaire de Leyde ne possédait-elle pas (encore) cet ouvrage ni quelques autres également importants? En fin de volume, on mentionne brièvement la fondation Stichting Ons Erfdeel et Septentrion. Arts, lettres et culture de Flandre et des Pays-Bas. Cependant, il est regrettable qu'on ne souffle mot des aperçus bibliographiques des oeuvres en langue néerlandaise traduites en français, publiés chaque année dans la revue Septentrion. Adresse: Universiteitsbibliotheek Leiden, PB 9501, NL-2300 RA Leiden (ISSN 0921-9293).
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Imaginaires du mal: tel est l'intriguant titre d'un recueil de 38 études édité par les Presses universitaires de Louvain, qui dépendent de l'Université catholique de Louvain. Les études ont été réunies et sont présentées par Myriam Watthée-Delmotte, chercheur qualifié au Fonds national belge de la recherche scientifique, et Paul-Augustin Deproost, professeur à l'Université catholique de Louvain. Ce recueil, paru au printemps 2000, présente un parcours qui laisse entrevoir comment ont évolué les imaginaires du mal: stables à l'origine, dans les sources bibliques et mythiques, ils se dispersent dans leurs mises en oeuvre littéraires et artistiques qui traduisent un éclatement progressif des valeurs. L'ouvrage s'articule en trois grandes parties: Sources et permanences, Théorisations du mal et La modernité: figures littéraires et artistiques. Cette dernière partie comporte notamment un article de Sonja Vanderlinden, professeur de littérature néerlandaise à l'Université catholique de Louvain. Sonja Vanderlinden y étudie le mal qui court dans La rumeur de Hugo Claus (o1929). Cette version française du roman Degeruchten est parue aux Éditions de Fallois en 1997. La traduction est de la main d'Alain van Crugten. La rumeur se prête bien à une analyse du mal. Les thèmes centraux du roman de Claus sont la maladie comme punition pour le mal, la notion de péché, de culpabilité et de faute. Adresse: Service des publications, Faculté de philosophie et lettres, place Blaise Pascal 1, B-1348 Louvain-la-Neuve (ISBN 2-87416-000-8). Voir Septentrion, XXVI, no 1, 1997, pp. 79-80. Hans Vanacker |
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