De 1922 à 1929, il s'établit à Paris et gagna sa vie comme homme à tout faire dans les cirques. C'est à Paris, alors berceau de la célèbre École de Paris, qu'il rencontra les grandes figures du monde artistique tels que Braque et Picasso en pleine période cubiste, mais également Matisse et d'autres artistes de renom. Il y découvrit aussi l'oeuvre de Delacroix qui suscita chez lui une impression indélébile et il étudia au Louvre les maîtres de la Renaissance italienne, les peintres baroques flamands et Rodin. De ces années parisiennes il dira: ‘Ce fut une grande école d'esprit, de nuance et d'équilibre, indispensable à notre tempérament déchaîné de Flamands. J'y ai appris aussi à me méfier du succès et de... l'actualité. ...Mes préférences vont aux grands, à ceux qui font naître un monde, qui passent dans le temps comme des météores et impriment à la vie une cadence héroïque. C'est pourquoi je vais directement aux grands maîtres’.
Verdegem qui à Gand avait rencontré les représentants de l'expressionnisme flamand tels que Permeke (1866-1952), De Smet (1877-1943) et Van den Berghe (1883-1939), comprit lors de son séjour parisien qu'un provincialisme étroit ne pouvait donner naissance à un art d'intérêt mondial. A-t-il donc pu créer une telle oeuvre lui-même? Certes non, mais il a réussi à induire une synthèse incontestablement personnelle de l'amalgame des courants artistiques qui dominent les années avant et après la seconde guerre mondiale. La raison de cette originalité est double. D'une part, il y a sa personnalité très complexe qui détermina le contenu de ses oeuvres et qui refléta son caractère où le désir de beauté et
Jos Verdegem, ‘Mijne moeder op haar sterfbed’ (Ma mère sur son lit de mort), diverses techniques sur papier, 26,5 × 36, 1941).
de sensualité alternait avec mélancolie et dramatique. Dans le personnage clownesque qui lui servit souvent de thème se reflète son inclination à la mélancolie, un sentiment qui constitue en réalité la quintessence de son oeuvre. D'autre part, il y a l'aspect formel par lequel il s'exprime et où domine sans aucun doute une certaine forme d'expressionnisme qu'il emprunta autant aux maîtres expressionnistes flamands et allemands qu'aux fauvistes. Un amalgame, en somme, entre les influences romanes et germaniques que l'artiste caractérisa par l'utilisation de couleurs parfois très expressives et une recherche picturale qui évolua souvent vers des formes abstraites, surtout choisies pour les motifs d'arrière-fond. L'expressionnisme de Verdegem ne tendait pas à altérer la forme pour intensifier la force dramatique mais exprimait plutôt une certaine monumentalité, une division de la surface et une utilisation des couleurs qui imprégnèrent ces tableaux d'une sensation de dramatique vécu. La peinture et le dessin mis à part, Verdegem se consacra également avec talent à la gravure et à la lithographie, disciplines qu'il développa avec tant de maestria que nombreux