Septentrion. Jaargang 27
(1998)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Bert Haanstra, scène de ‘Bij de beesten af’ (Pire que les bêtes), 1972.
Rik Wouters, ‘Femme lisant le journal’, 1914.
Bob de Moor (o1949) (Photo Luk Monsaert).
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ActuellesA l'automne 1997, la Bibliothèque publique de Courtrai a publié Paris Nord - Les Flandres. Gedichten/Poésies. L'ouvrage rassemble 22 poèmes de Monique Stockman, dans leur version originale française et en traduction néerlandaise, agrémentés d'illustrations dues à son mari, Mark Stockman (1937-1983), dont la bibliothèque exposait gravures et collages. La langue est le thème central de l'oeuvre de Monique Stockman. Sa poésie a un caractère auditif, avec parfois une approche expérimentale de la forme. A travers sa poétique, nous découvrons des aspects inattendus de la réalité quotidienne. La Flandre occupe une place importante dans l'oeuvre de Monique Stockman. Les titres de quelques poèmes sont sans équivoque à ce sujet: ‘En Flandre’, ‘Flandre’, ‘Damme’, ‘Breendonck’ (près de Malines, camp d'internement au cours de la seconde guerre mondiale). Adresse: Stedelijke Openbare Bibliotheek, Leiestraat 30, B-8500 Kortrijk.
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Fin octobre 1997 décédait le cinéaste néerlandais Bert Haanstra (o1916). Haanstra était l'un des cinéastes les plus talentueux qu'aient jamais connu les Pays-Bas. Il se fit surtout un nom par la finesse d'analyse de ses documentaires. Son Spiegel van Holland (Miroir de la Hollande, 1950) est un classique du genre, avec ses reflets de la société et de l'histoire néerlandaise dans l'eau des fossés et des canaux. Ce documentaire valut à Haanstra le Grand prix du Festival international du film à Cannes. Les films sur les animaux constituent une part importante de son oeuvre; ainsi Zoo (1962) et Bij de beesten af (Pire que les bêtes, 1972). En matière de forme, Haanstra se risqua plus d'une fois à des expériences. C'est ainsi que dans Alleman (Monsieur Tout-le-monde, 1963) il fit un usage fort judicieux de la caméra cachée. Haanstra se fit également un nom dans le film de fiction. C'est surtout Dokter | |
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Pulder zaait papavers (Le Docteur Pulder sème des pavots, 1975) qui connut un grand succès dans toute la néerlandophonie. Haanstra y perçait impitoyablement l'image accueillante de la famille néerlandaise. Voir Septentrion, XVI, no 4, 1987, pp. 43-45.
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Du 15 novembre 1997 au 15 février 1998, le Centre Xavier Battini à L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse) a organisé une exposition centrée sur l'oeuvre des artistes flamands James Ensor et Rik Wouters. Le commissaire de l'exposition était Herwig Todts, du Musée des Beaux-Arts d'Anvers. L'exposition, placée sous le haut patronage du ministère de la Communauté flamande, montrait à quel point tant Ensor que Wouters se sont libérés du rendu traditionnel de la réalité. James Ensor (1860-1949) acquit la célébrité par ses toiles peuplées de masques aux effets diaboliques. Il a profondément influencé le surréalisme et l'impressionnisme. Voir Septentrion, XIX, no 1, 1990, pp. 3-35. Rik Wouters (1882-1916) fut la figure de proue du fauvisme brabançon. L'oeuvre de Wouters, centrée sur Nel, son épouse, est un hymne à la lumière et à la couleur. Voir Septentrion, XX, no 1, 1991, pp. 73-75. Adresse: Hôtel Donadei de Campredon - Centre Xavier Battini, rue du docteur Tallet, F-84800 L'Isle-sur-la-Sorgue.
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En novembre 1997 paraissait le second numéro de la deuxième année de l'ANBF-Nieuwsbrief, publication en langue néerlandaise éditée par l'Association des Néerlandistes de Belgique Francophone (ANBF). Le Nieuwsbrief commence par un compte rendu de la seconde assemblée générale de l'ANBF, qui s'est tenue le 21 mai 1997. Suit un article sur la réunion consacrée à la francophonie organisée au cours du treizième colloque de l'Internationale Vereniging voor Neerlandistiek (Association internationale de néerlandistique) à Leyde (24-30 août 1997). Au cours de cette réunion, on étudia notamment les possibilités d'améliorer la collaboration avec les néerlandistes de France. On y a souligné de nouveau la nécessité d'un accord culturel entre la Flandre et la Wallonie. Les articles scientifiques traitent de littérature, de linguistique et de problématique culturelle générale. Bagrelia Borissova, de l'université de Veliko Tarnovo (Bulgarie) analyse le poème ‘Terugkeer van de jager’ (Le retour du chasseur) de la poétesse néerlandaise Anna Enquist (o1945). Per van der Wijst, de la section de néerlandais de l'Université de Liège, après avoir examiné quelques formes de politesse usuelles chez les néerlandophones et les francophones, résume les résultats de son étude. Denise van Dam (Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix de Namur) est l'auteur d'une thèse sur Les représentations culturelles et politiques. Le cas des dirigeants en Flandre et en Wallonie. Dans le Nieuwsbrief elle résume à nouveau les principales découvertes de cette étude. Enfin, on y trouve les rubriques permanentes ‘comptes rendus d'ouvrages’ et ‘annonces et informations’ laquelle propose des renseignements utiles sur les colloques, des journées d'étude, des publications prévues, etc. Adresse de la rédaction: place Cockerill 3, B-4000 Liège.
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Du 2 au 6 décembre 1997, le Théâtre La Samaritaine de Bruxelles jouait Olivetti 82, une pièce de l'écrivain flamand Eriek Verpale (o1952). Ce monologue a été tout spécialement écrit pour l'acteur Bob de Moor (o1949), qui a joué la pièce intégralement en français. La traduction était de Danielle Losman. Dans Olivetti 82, un juif flamand est déchiré entre la difficulté d'entrer en contact avec les autres et l'incapacité de rompre son isolement. En prison, il refuse de raconter quoi que ce soit même sur une vieille Olivetti 82 qu'on lui a sournoisement placée sous le nez. Eriek Verpale, prosateur, poète et essayiste, occupe une place particulière dans la littérature de | |
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Enluminure de Guillaume Wielant, xve siècle.
José Vermeersch, ‘Zittende vrouw’ (Femme assise), céramique, h. 120, 1992 (Photo Sergyssels), © SABAM Belgique 1998.
Auguste Rodin, ‘L'Age d'Airain’, 1876-1877.
langue néerlandaise. Son oeuvre se caractérise par une quête infinie de la jeune fille en fleur. En outre, Verpale ne cesse de revenir à ses racines juives. On retrouve dans toute son oeuvre des références aux rites, à l'histoire et aux personnages juifs. Voir Septentrion, XXVI, no 1, 1997, pp. 11-19.
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Du 17 au 22 novembre 1997 se déroulait dans le Jardin d'hiver à Paris une ‘Semaine des auteurs néerlandais et flamands’. Cette mise en voix de six pièces de théâtre néerlandaises et flamandes fut organisée par le Théâtre ouvert et la Société des auteurs et compositeurs dramatiques en collaboration avec le Theater Instituut Nederland et le Vlaams Theater Instituut. On avait choisi pour l'événement des pièces des écrivains néerlandais Judith Herzberg (o1934), Lodewijk de Boer (o1937), Karst Woudstra (o1947) et Gerardjan Rijnders (o1949) et des écrivains flamands Eriek Verpale (o1952) et Tom Lanoye (o1958). Chaque pièce fut jouée en traduction française. Le dernier jour fut consacré à une table ronde sur le théâtre de langue néerlandaise, qui réunissait des sommités du monde du théâtre de langue néerlandaise et de langue française. Ce débat était présidé par l'écrivain et critique Jacques de Decker. Début 1995, Amsterdam avait hébergé une initiative similaire où l'on avait représenté des pièces de théâtre françaises en traduction néerlandaise. Les Pays-Bas et la Flandre peuvent s'enorgueillir de posséder depuis bon nombre d'années un théâtre de qualité qui supporte brillamment la comparaison avec l'étranger. Toutefois, la langue, confinée dans un territoire restreint, demeure un handicap important à surmonter. Aussi les projets de traduction sont-ils cruciaux pour le théâtre néerlandophone. Voir Septentrion, XXV, no 4, 1996, pp. 88-90.
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Fin 1997, le violoncelliste néerlandais Pieter Wispelwey a reçu le prix du jeune musicien de l'année, distinction accordée par l'Union de la presse musicale belge. | |
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Pieter Wispelwey, qui fut formé notamment par le violoncelliste internationalement célèbre Anner Bijlsma, est un des plus grands talents musicaux des Pays-Bas. En 1992, il fut le premier violoncelliste à recevoir le prestigieux Nederlandse Muziekprijs. Sa palette d'interprétation s'étend des oeuvres de Bach à celles du répertoire contemporain, en passant par des sonates de Beethoven ou Brahms.
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Du 5 décembre 1997 au 18 janvier 1998, la Bibliothèque royale de Belgique à Bruxelles consacrait une exposition centrée sur l'oeuvre du miniaturiste Willem Vrelant, plus connu des francophones sous le nom de Guillaume Wielant. Originaire d'Utrecht, Guillaume Wielant s'installa au milieu du xve siècle à Bruges. En 1454, il adhéra à la gilde de Saint-Jean l'évangéliste, qui rassemblait toutes les personnes concernées par la production de manuscrits. Wielant travaillait pour de prestigieux donneurs d'ordres: membres de l'aristocratie, riches bourgeois, hauts fonctionnaires et ecclésiastiques. C'est avant tout pour le duc de Bourgogne, Philippe le Bon et son fils Charles le Hardi, dit leTéméraire, qu'il réalisa ses travaux les plus remarquables. Guillaume Wielant faisait partie des enlumineurs les plus inventifs et les plus productifs de la période bourguignonne. Sa production, où se rejoignent sur un fond brugeois les influences française et néerlandaise, exprime parfaitement les tendances de l'enluminure de cette époque empreinte des recherches de réalisme des primitifs flamands.
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Le 13 décembre 1997, décédait, à l'âge de 75 ans, le plasticien flamand mondialement connu José Vermeersch. Il exposa notamment à la Biennale de Venise, à Mexico et à Los Angeles. Un de ses maîtres était Constant Permeke (1886-1952), figure de proue de l'expressionnisme flamand. Bien que Vermeersch pratiquât aussi la peinture, il était surtout célèbre pour ses statues d'argile grandeur nature d'hommes, de femmes et de chiens. Ces sculptures, qui évoquent l'art égyptien ou précolombien, mettent souvent mal à l'aise mais inspirent également une intense émotion. Pour une seule et même statue, Vermeersch utilisait plusieurs sortes d'argile, l'effet atteint tenant de la polychromie et du caprice. Voir Septentrion, XV, no 4, 1986, pp. 30-33.
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Jusqu'au 14 décembre 1997, on pouvait visiter au Palais des Beaux-Arts de Charleroi, l'exposition ‘Rodin et la Belgique’. Outre quelques sommets ultérieurs de l'oeuvre de Rodin, cette exposition présentait essentiellement les années 1871-1877, période où Rodin résidait à Bruxelles, séjour d'une importance capitale pour l'artiste. Lorsque Rodin arrive à Bruxelles, il n'est qu'un sculpteur inconnu à la recherche de luimême. Il gagne sa vie en travaillant pour les autres. C'est sans doute le sculpteur français Carrier-Belleuse qui l'aiguilla vers la capitale belge. Ce spécialiste en ornementation monumentale s'était vu confier la réalisation du décor de la Bourse de commerce bruxelloise. Outre ce travail de décoration architecturale, Rodin modèle en terre cuite de petits bustes, souvent féminins, de facture légère et élégante. Elles montrent déjà son excellente maîtrise du modelage. Dans ses temps libres, il s'adonne à la peinture et trace de nombreux dessins, surtout au cours de ses promenades dans la fôret de Soignes (au sud de Bruxelles). Le travail achevé à la Bourse de commerce, Rodin reste encore quelques années en Belgique. Son oeuvre plus personnelle gagne en réputation par sa participation à quelques salons en Wallonie et en Flandre. En 1876, Rodin met la dernière main à son premier chef-d'oeuvre, l'Age d'Airain. Cette sculpture monumentale, représentant un homme nu et debout levant les bras comme s'il s'éveillait à la vie, fut exposée pour la première fois à Bruxelles en 1877. Peu après, Rodin revint à Paris. Lors de ses ‘années belges’, il avait acquis | |
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Léon Spilliaert, ‘La buveuse d'absinthe’, aquarelle, pastel et gouache sur papier, 105 × 77, 1907, collection privée, © SABAM Belgique 1998.
Cees Nooteboom (o1933) (Photo Simone Sassen).
assez d'expérience pour mener seul sa carrière de sculpteur. L'exposition ‘Rodin et la Belgique’ a généré un catalogue détaillé et soigné qu'on peut se procurer au Palais des Beaux-Arts de Charleroi, place du Manège, B-6000 Charleroi.
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Du 18 décembre 1997 au 28 février 1998, le Musée-Galerie de la Seita à Paris hébergeait une exposition consacrée aux oeuvres de jeunesse de Léon Spilliaert (1881-1946), peintre, aquarelliste et dessinateur flamand. Bien que son oeuvre ait des accointances avec le symbolisme, elle se rattache surtout au surréalisme. Il fut un artiste au talent singulier, souvent qualifié de visionnaire. L'exposition au Musée-Galerie de la Seita présentait des oeuvres des années 1900-1919. Au début de cette période, Spilliaert vagabondait encore dans sa ville natale d'Ostende et aux environs, obsédé qu'il était par la mer, la vie des pêcheurs et la nature. A l'instigation de l'éditeur bruxellois Deman, Spilliaert se rendit en 1902 à Bruxelles, où il pouvait s'épanouir dans un milieu d'artistes et d'intellectuels. En 1909, il put pour la première fois prendre part avec une dizaine de toiles à une exposition dans la capitale belge. Entretemps, Spilliaert avait fait la connaissance d'Émile Verhaeren, avec qui naquit un lien profond. Au cours de séjours répétés à Paris, il rencontra également Picasso et Stefan Zweig. Il put également y travailler avec des écrivains éminents. C'est ainsi qu'il illustre La femme au prisme de Franz Hellens et Les serres chaudes de Maurice Maeterlinck. On peut se procurer le catalogue, enrichi de 94 reproductions en couleur, en s'adressant au Musée-Galerie de la Seita, 12, rue Surcouf, F-75007 Paris. Voir Septentrion, XVIII, no 4, 1989, pp. 7-12.
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Fin 1997 est paru le volume 10 d'Archipel. Cahier international de littérature. Alain Germoz nous offre à nouveau une publication variée comportant des textes originaux en français et des traductions. | |
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Cette livraison contient aussi un ‘dossier’ consacré à Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde (1540-1598). Né à Bruxelles mais formé à Louvain, Dôle et Genève, cet écrivain et diplomate était l'un des plus proches compagnons de Guillaume d'Orange dans sa lutte contre les Espagnols. Il fut aussi un temps ‘bourgmestre forain’, c'est-à-dire en charge de la partie de la ville qui se trouvait hors les murs. Calviniste convaincu, Marnix de Sainte-Aldegonde publia des textes incendiaires contre le papisme, l'Église et la religion catholique qu'il présentait comme un nouveau paganisme. Il est peut-être aussi l'auteur du Wilhelmus, l'hymne national néerlandais. Archipel reprend des chapitres du Tableau des différens de la religion, édité à titre posthume en 1601 et réimprimé en 1857. Un fragment d'une conférence de Paul Neuhuys présente une des principales oeuvres de Marnix de Sainte-Aldegonde, De Byencorf der H. Roomsche Kercke (La ruche de la sainte Église catholique romaine, 1596). Dans cette virulente diatribe, Marnix de Sainte-Aldegonde feint, en apiculteur habile, de confondre la ‘Ruche’ avec la papauté. Adresse: Archipel, Jan van Rijswijcklaan 7/2, B-2018 Antwerpen.
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Jusqu'au 28 décembre 1997, le Musée des arts décoratifs de Paris exposait l'artiste flamand Johan Creten (o1963). Grâce à une bourse accordée par l'Académie de France à Rome, Creten a pu séjourner une année à la villa Médicis. L'exposition de Paris présentait des oeuvres de cette période, ainsi que celles de quatre ‘collègues-pensionnaires’. Les statues de Creten sont de terre cuite émaillée. Comme il exploite toujours au mieux le volume du four, ses oeuvres d'art possèdent une certaine monumentalité. L'oeuvre de Creten n'est ni fonctionnelle ni décorative. Ce qui domine, c'est la force symbolique qui se dégage de chaque statue.
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Jusqu'au 22 mars 1998, le Musée littéraire de La Haye propose une exposition consacrée à la vie et à l'oeuvre de Cees Nooteboom (o1933). Ce prosateur et poète est sans aucun doute l'un des écrivains les plus importants de la période d'après la seconde guerre mondiale. Le grand public a appris à le connaître par ses reportages de voyages. Rituelen (Rituels, 1980) a définitivement assis sa réputation de romancier talentueux. Outre Rituelen, divers autres romans et nouvelles de Nooteboom ont fait l'objet d'une traduction en français. Voir Septentrion, XIV, no 1, 1985, pp. 3-11. L'exposition du Musée littéraire, qui s'intitule ‘J'avais bien mille vies mais je n'en ai pris qu'une!’, mène chronologiquement le visiteur à travers la vie et l'oeuvre de l'écrivain. Outre une ample collection de photos, on peut y voir notamment des lettres, des carnets de notes et même un bulletin scolaire (aux résultats contrastés). On s'intéresse particulièrement à trois voyages de Nooteboom, respectivement à Budapest (1956), Paris (1968) et Berlin (1989). L'écrivain arrive manifestement toujours à se trouver au bon moment au bon endroit. L'exposition a suscité l'édition d'un livre d'images de l'écrivain qu'on peut se procurer au Letterkundig Museum, PB 90515, NL-2509 LM Den Haag. Hans Vanacker |
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