Liège, à Mons, à Verviers et à Huy, et pour ce qui concerne la Flandre, à Hasselt et à Anvers.
On peut se demander quel objectif poursuivent les Alliances en Belgique francophone. Jean-Luc Gavard, Délégué général de l'Alliance Française en Belgique, voit les choses comme suit: ‘Pour quoi faire? Pour faire, comme ailleurs, comme partout, que la conscience des différences suscite la curiosité, le dialogue, l'amitié.’ Le dossier s'interdit de donner une ‘image trop lisse ou insipide’ de ce ‘petit pays ignoré ou caricaturé’. Quelques témoignages engagés entendent jeter leur éclairage sur une ‘Belgique vivante et contradictoire’, ‘prospère’ et ‘déchirée’.
Le diplomate Philippe Cantraine présente la communauté française de Belgique. ‘Le modèle politique inauguré par la Belgique de 1830 fut celui d'un État jacobin à la française,’ affirme-t-il. ‘Son unique langue officielle jusqu'en 1898 fut le français.’ Un siècle plus tard, la situation a changé du tout au tout. ‘Le français a perdu en Flandre.’ Restent la Wallonie et Bruxelles. Cantraine affirme que, nonobstant les différences qui les séparent, les habitants de la Wallonie et de Bruxelles ‘sans pour autant prétendre à la citoyenneté française, procèdent de la nation française’. C'est là une position qui prête à controverse. Hélas, la Wallonie est aujourd'hui aux prises avec une sévère crise économique, au moment précis où elle étrenne de nouvelles institutions et où elle s'interroge sur son identité. Toutefois Cantraine attend beaucoup des nouvelles institutions et conclut ainsi: ‘La Communauté française de Belgique est, par son histoire, française et wallonne, européenne et bruxelloise. Elle prend d'autant plus en compte cette richesse plurielle que sa jeune existence a coïncidé avec la naissance de la Francophonie internationale.’
Le professeur de littérature et écrivain Vincent Engel voit plutôt dans la fédéralisation de la Belgique un appauvrissement qu'un enrichissement: ‘Ainsi, de réforme en réforme,
de communauté en région, puis en sous-région, d'affirmation francophone en affirmation wallonne, notre culture s'est dangereusement prise les plumes dans l'engrenage d'un régionalisme qui est aux antipodes de ce qu'une culture doit chercher à être.’ En dépit de ses bonnes intentions, la politique de subventions aux maisons d'édition francophones belges a émoussé leur alacrité, pour ne rien dire de la politisation de la vie culturelle. S'en est suivie une autocensure rampante. L'écrivain se trouve embrigadé dans un nouveau provincialisme: ‘On n'est plus écrivain belge, mais écrivain de la Communauté française de Belgique, ou écrivain wallon, ou bruxellois...’ Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'exil éditorial à Paris reste une condition sine qua non du succès littéraire.
Georges Lory est Délégué culturel pour la Flandre au service culturel de l'Ambassade de France en Belgique. Ce Français de souche parle parfaitement néerlandais et brosse un portrait nuancé de la prospère Flandre qui, en 1995, vit sa longue lutte pour l'autonomie politique et