fut la Belle Époque et qui marqua incontestablement tous ceux qui comme Neuhuys eurent ‘un talon dans l'autre siècle’. Premiers souvenirs s'attarde ensuite au premier recueil La Source et l'Infini, publié à l'âge de seize ans et illustré licencieusement par l'ami Paul Joostens. La réaction ne se fit pas attendre: le poète fut renvoyé de l'école. Mais cela ne l'empêcha pas de se laisser éblouir par les phares du moment: Francis Jammes, Verhaeren, Maeterlinck (qu'il considéra toute sa vie comme la source du surréalisme) et Max Elskamp qui l'encouragea d'une préface pour son deuxième recueil Loin du tumulte.
Les chapitres intitulés Ça Ira et La cathédrale dada essaient de situer le mouvement dans sa véritable perspective. Neuhuys reproduit in extenso un article du numéro 14 de Ça Ira (1921) où, après avoir tenté une définition de l'esprit dada, il passe en revue les représentants français. Il s'attarde ensuite aux deux artistes qui incarnent pour lui le début et la fin du mouvement: Picabia et Clément Pansaers. De ce dernier, seul vrai représentant de Dada en Belgique, il recommande L'Apologie de la paresse à tous ceux qui sont constamment tendus au maximum.
Marchand de fumée - allusion à la reprise par Neuhuys de la manufacture de cigares de son père - et
Les amis fidèles font défiler à un rythme endiablé toute une pléiade d'artistes: du poète flamand Van Ostaijen qui ‘avait l'air d'être en
‘La Belle Époque’, collage de Paul Neuhuys.
smoking dans son costume de bain’ aux peintres Floris Jespers et Paul Joostens qui se traitèrent mutuellement de
Krabber, griffonneur et de
klatcher, barbouilleur. Sans oublier naturellement le dramaturge Michel de Ghelderode hanté par la peur de la mort ou celui qui n'avait pas son pareil ‘pour fantastiquer la réalité’, le romancier Franz Hellens.
Dans la deuxième partie qui se présente davantage comme un journal, nous retenons surtout les deux grands amours de Neuhuys: son épouse et la poésie. ‘La poésie, écrit-il en 1957, est ma seule religion et la femme, ma seule récompense.’ La perte de Georgette Nyssens, emportée en quelques heures, le toucha si profondément qu'il eut ‘du mal à conserver l'envie de vivre’. Mais une fois de plus la littérature et la peinture (‘Vermeer et le reflet