Henri Brugmans (o1906).
françaises à l'Université d'État d'Utrecht. Puis, il fut recteur du Collège de l'Europe à Bruges jusqu'en 1972. C'est là que se déroula la phase la plus importante de sa vie: le Mouvement européen.
Au lendemain de la guerre, Brugmans milita en faveur d'une Europe fédérale où la social-démocratie et le nationalisme pourraient se rejoindre harmonieusement. Son autobiographie évoque ses efforts, succès ainsi que déceptions dans ce domaine. La profusion de noms de personnes et d'organisations risque de donner le tournis au lecteur. Par ailleurs, le combat semble avoir été perdu: il n'est toujours pas question de la réalisation d'une Europe véritablement fédérale.
Brugmans était plus heureux pendant les années où il remplissait les fonctions de recteur du Collège de l'Europe à Bruges, où il pouvait pleinement réaliser sa vocation de pédagogue. De nombreux jeunes étudiants prometteurs venaient de toute l'Europe s'y initier de manière intensive au patrimoine culturel du subcontinent. Les grands thèmes du présent et du passé revêtant un caractère européen et dépassant les frontières nationales, celui-ci constitue en effet la base d'une Europe fédérale. A Bruges pouvaient se former de nouvelles générations de citoyens européens. Tel fut effectivement le cas, mais Brugmans constate en même temps que relativement peu d'anciens étudiants du collège ont trouvé à s'insérer dans la pratique politique.
La politique européenne concrète, l'évolution de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) vers une Communauté économique européenne et celle de la Communauté européenne vers une Union européenne sont à peine évoquées. Il est vrai que Brugmans était trop éloigné de la politique de tous les jours. Plus intéressants sont les passages consacrés aux nombreux contacts qu'il eut, et parfois entretient toujours, avec nombre de penseurs et de politiques tels que Robert Schuman, l'historien Emmanuel Berl, les philosophes Denis de Rougemont et Salvador de Madariaga et des politiques tels que Paul-Henri Spaak, Charles de Gaulle, le socialiste flamand Henri de Man (1885-1953) et Altiero Spinelli.
Le grand amour que Brugmans porte à la France, au pays comme à sa littérature et culture, ne l'empêchent pas de formuler quelques observations critiques. Ainsi il déplore que nombre de Français ne parlent guère de langues étrangères, sont exclusivement orientés vers leur propre pays et leur propre culture et ont tendance à considérer le monde français comme le meilleur des mondes, attitude qui n'est guère de nature à favoriser une unification européenne.
Un autre thème qui retient l'attention du lecteur est celui de la foi catholique romaine à laquelle l'auteur, protestant de naissance, s'est converti à la fin des années 50. La foi est demeurée une source d'inspiration et d'aide, mais les évolutions au sein de l'Église après le