Septentrion. Jaargang 23
(1994)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermdPolitique culturelleL'Institut Néerlandais: vitrine de la culture des Pays-Bas à ParisEn 1993 est paru Institut Néerlandais Paris. 1957-1992. Cette publication offre un panorama des activités de l'Institut Néerlandais jusqu'en 1992 et dépeint à merveille comment l'Institut s'est peu à peu haussé au rang de meilleur représentant de la culture néerlandaise dans la capitale française. Depuis 1957, on y organise toutes sortes de manifestations - expositions, soirées littéraires, tables rondes, projections de films, concerts - qui mettent un nombre important de Parisiens en contact avec la culture néerlandaise. L'impact qu'excerce l'Institut en tant qu'agent de diffusion de la culture néerlandaise en France peut donc difficilement être surestiméGa naar eind(1). On ne saurait parler de l'Institut Néerlandais sans mentionner le nom du collectionneur et historien d'art néerlandais Frits Lugt (1884-1970). | |
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Celui-ci créa en 1947 avec son épouse Jacoba Lugt-Klever la Fondation Custodia pour réunir et conserver sa collection d'art exceptionnelle qui comprend plus de 90 000 pièces, dont 6 000 dessins, 30 000 gravures, 200 tableaux, des autographes, livres anciens, etc. En 1953, les Lugt achetèrent à Paris l'Hôtel Turgot ainsi que l'immeuble annexe. En 1956, Frits Lugt qui y avait installé ses collections, fonda, avec l'aide du Gouvernement des Pays-Bas, l'Institut Néerlandais. Du fait de la formation et du goût de Frits Lugt, l'Institut Néerlandais s'intéressa d'abord à l'art du siècle d'Or des Pays-Bas. Et il peut se vanter d'avoir organisé un grand nombre d'expositions de haut niveau. A l'initiative du premier directeur, le poète et écrivain Sadi de Gorter (o1912), fut réservée une place de plus en plus importante aux artistes modernes sans que toutefois l'art plus ‘ancien’ eût à en pâtirGa naar eind(2). On s'efforça de concevoir une programmation équilibrée faisant la part belle aussi bien à l'art moderne qu'à l'art non contemporain. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur le programme du premier semestre 1994 pour se convaincre de l'intérêt que manifeste l'Institut pour les arts plastiques d'aujourd'hui. Quatre expositions présentent des oeuvres de quelques artistes contemporains remarquables. Il s'agit de Peter Peereboom, Pat Andrea, René Daniëls et Harald Vlugt. Bien que, dès le départ, l'on se soit efforcé de diversifier au maximum la programmation, nombre de Néerlandais et de Français continuent à penser que l'Institut privilégie exclusivement les arts plastiques. A intervalles réguliers, des écrivains néerlandais et, parfois aussi, flamands se voient inviter à présenter eux-mêmes ou, au besoin, avec l'aide d'un traducteur leurs oeuvres, qui sont souvent disponibles dans l'importante bibliothèque d'art et de littérature dont dispose l'Institut Néerlandais. Fin novembre, début décembre 1993, l'Institut participa à la manifestation littéraire ‘Belles Étrangères’ consacrée cette fois-ci à la littérature des Pays-Bas. Parmi les participants on trouvait aux côtés de Harry Mulisch et Hella S. Haasse, des auteurs prometteurs, tels Margriet de Moor, Leon de Winter, Connie Palmen et Marcel Möring. Des talents inconnus figurent également aux programmes musicaux de l'Institut. Dans ce but, on s'est même permis de mettre au point un petit ‘stratagème’ très efficace. On attire le public en mettant à l'affiche des noms prestigieux tels que Gustav Leonhardt, Frans Brüggen et Toon Koopman. Ceux-ci s'étant produits dès 1965, on passe ensuite à la présentation d'un ou de plusieurs musiciens encore inconnus en France mais qu'on juge capables de s'imposer sur la scène musicale internationale. Il faut signaler à ce propos que l'Institut n'a cessé de présenter les talents musicaux. Outre Gustav Leonhardt et Frans Brüggen qu'on vient de citer, d'autres musiciens ont eu l'occasion de se produire à l'Institut parmi lesquels on pourrait mentionner, entre autres, Elly Ameling, Anner Bijlsma, Gerard van Blerk, Aafje Heynis, Theo Olof, Bernard Kruysen, Lily Laskine, Jaap Schröder et Daniel Wayenberg. Le ‘cinéma’ n'est pas oublié non plus grâce à de fréquentes projections de films. Bien que les films présentés appartiennent à divers genres, l'on comprendra que le film documentaire se voie accorder un traitement de faveur en raison sans doute de la grande tradition dont il jouit aux Pays-Bas. Parmi les documentaristes on relève des signatures célèbres, telles que Joris Ivens, Bert Haanstra, Herman van der Horst, Max de Haas, Johan van der Keuken et Jan Vrijman. Inviter un grand nombre d'instances, d'associations et de musées à participer sur le plan financier et organisationnel aux activités programmées par l'Institut, voilà un des principaux objectifs que s'est fixés l'actuel directeur, Ed Craanen (o1947). Il ne fait là que reprendre une idée déjà chère à son prédécesseur, George Strasser (o1934). Ce dernier fut directeur de l'Institut de 1982 à 1989. Il est actuellement ministre pléni- | |
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Sadi de Gorter (o1912), premier directeur de l'Institut Néerlandais, 1972.
potentiaire chargé des affaires culturelles à l'ambassade des Pays-Bas à Bruxelles. Ces dernières années, l'Institut collabora, entre autres, avec le Musée de la ville d'Amsterdam, le Musée communal de La Haye, le Musée Boymans-Van Beuningen de Rotterdam, le Musée Kröller-Müller et le Musée de Groningue. Des collections spécifiques, conservées dans ces musées, furent exposées rue de Lille. Ce type de coopération ne se limite d'ailleurs pas au domaine néerlandais. C'est ainsi que, fin 1991, eut lieu à l'Institut une exposition d'oeuvres de maîtres hollandais et flamands du xviie siècle, laquelle attira un très grand nombre de visiteurs. Les toiles provenaient du Musée des Beaux-Arts de Lyon, à l'époque fermée pour cause de travaux de réaménagement. Désireux d'intensifier ses contacts avec le monde universitaire néerlandais et français, l'Institut organise depuis peu un colloque scientifique annuel consacré à un thème bien défini. Le premier colloque se tint au printemps 1992 et eut pour titre ‘Les Lieux de mémoire’. L'année d'après, on plancha sur le libéralisme aux Pays-Bas et en France. Des universitaires renommés, tant français que néerlandais, participèrent aux deux colloques. Il a été décidé d'éditer les actes
La reine Beatrix, Jack Lang, ministre de la Culture, François Mitterrand, président de la République française et Ed Craanen (o1947), directeur de l'Institut Néerlandais, 1991.
des colloques. Les textes relatifs au thème ‘Lieux de mémoire’ ont été publiés par l'Amsterdam University Press et sont parus à la fin de 1993. Le colloque qui sera organisé fin mars 1994 sera consacré à l'art moderne. Ce choix est à mettre en rapport avec la rétrospective de l'art néerlandais du xxe siècle qui aura lieu à partir du 23 mars 1994 au Musée d'art moderne de la ville de Paris. Un des ‘piliers’ indispensables sur lesquels repose le fonctionnement de l'Institut est l'organisation de cours de néerlandais pour francophones. A l'heure actuelle, l'Institut propose des cours collectifs (divers niveaux) et des cours individuels. L'intérêt dont bénéficie le néerlandais s'est considérablement accru ces dernières années. Les cours collectifs réunissent en moyenne quelque 250 participants par semestre. Les motivations des étudiants se sont, elles aussi, modifiées. Alors qu'autrefois on s'inscrivait à un cours pour des motifs essentiellement personnels par exemple des liens familiaux, ce sont maintenant avant tout des raisons professionnelles qui prévalent (le fait, par exemple, de travailler pour une entreprise néerlandaise ou dans une entreprise qui opère sur le marché flamand ou néerlandais). A l'avenir, les programmes des cours conti- | |
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nueront à s'étoffer et à se diversifier. On envisage, entre autres, d'organiser des cours de civilisation néerlandaise et flamande, donnés en français et accessibles à un large public. L'adaptation des programmes peut se faire grâce à une subvention octroyée par la Nederlandse Taalunie (Union linguistique néerlandaise). Les cours de langue constituent pour l'Institut Néerlandais une source de revenus indispensable étant donné que les subventions actuellement allouées par les autorités néerlandaises suffisent à peine à régler les dépenses fixes et à financer une petite partie des activités. Les subventions n'ont plus été augmentées depuis 1982 et elles n'ont même pas été indexées sur le coût de la vie. Ce n'est qu'en 1992 qu'il a été décidé d'indexer les salaires, ce qui a contraint l'Institut Néerlandais à faire des coupes sombres dans ses dépenses. Les recettes propres sont plutôt modestes. A part les droits d'inscription perçus pour les cours de néerlandais, l'Institut n'a d'autres revenus que le produit de la vente des billets d'entrée et des catalogues (à noter toutefois que seul un nombre restreint d'expositions sont payantes). Il faut y ajouter les cotisations versées par les membres de la Société des Amis de l'Institut Néerlandais. Quantité d'activités sont financées par un mécénat de quinze entreprises implantées en France ou aux Pays-Bas. Une solution aux problèmes financiers évoqués ci-dessus vient pourtant spontanément à l'esprit. De plus en plus de voix se font entendre pour modifier l'Institut en ‘institut culturel flamando-néerlandais’. Une telle solution présenterait des avantages incontestables. La culture de l'ensemble de la néerlandophonie pourrait ainsi être mieux connue du public parisien et les charges financières seraient assumées conjointement par les Pays-Bas et la Flandre. Le fait que des pourparlers aient déjà été engagés avec des fonctionnaires flamands pour examiner comment et dans quelle mesure on pourrait davantage impliquer la Flandre au niveau des activités organisées par l'Institut, doit donc être considéré comme un signe encourageant.
Hans Vanacker (Tr. U. Dewaele) |
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