Politique
La passation des pouvoirs royaux en Belgique
Le 31 juillet 1993, Baudouin Ier, roi des Belges, est décédé inopinément d'un arrêt du coeur dans la villa royale ‘Astrida’ à Motril, dans le sud de l'Espagne, où il passait ses vacances. Il a régné sur son pays pendant 42 ans.
La disparition du monarque âgé de 62 ans a surpris tout le monde. S'il est vrai qu'en 1991 il avait été opéré d'un cancer de la prostate et qu'en 1992 il avait subi une opération à coeur ouvert, sa santé semblait bien rétablie après cette dernière intervention chirurgicale. Le 21 juillet 1992, il avait annoncé son intention de servir son pays pendant de nombreuses années encore. Un caillot de sang en a décidé autrement.
Avec Baudouin, un souverain populaire a disparu. Il était devenu le chef de l'État belge après l'abdication forcée de son père, le roi Léopold III. Après une longue période d'apprentissage, pendant laquelle il donnait l'image d'un jeune homme plutôt triste et mélancolique, il commença visiblement à prendre quelque plaisir à l'exercice de sa fonction royale. Son mariage avec l'Espagnole Fabiola de Mora y Aragon, en 1960, lui apporterait un soutien moral bénéfique dans une vie non dépourvue de chagrin privé et de tensions politiques.
Homme profondément religieux, Baudouin devint un modèle de sens du devoir. Sa connaissance des dossiers, son intégrité et sa droiture en imposaient. Il n'approuverait jamais ce qu'il ne pouvait justifier en âme et conscience. Ce fut littéralement le cas lorsqu'il refusa de signer la loi relative à l'interruption volontaire de grossesse adoptée par le Parlement. Le gouvernement dut en toute hâte recourir à un tour de passe-passe pour étouffer dans l'oeuf une miniquestion royale. Son très chrétien amour du prochain l'amenait à prendre le parti des plus défavorisés et des marginaux, des immigrés, des prostituées et des clochards. La population admirait son sens moral et son affabilité, qui contrastaient passablement avec l'arrogance et un certain avilissement des moeurs dans les milieux des partis politiques.
Initialement, tout semblait indiquer que ce ne serait pas le prince Albert, frère âgé de 59 ans du roi demeuré sans enfants, qui succéderait au roi Baudouin, mais son fils, le prince Philippe, âgé de 33 ans, que l'on prépare depuis une dizaines d'années à la succession au trône. Pour des raisons non explicitées - le premier ministre Dehaene avançait uniquement la nécessité d'assurer la continuité -, c'est