La réception de la littérature néerlandaise à l'étranger
Pour l'heure la littérature néerlandaise n'a pas lieu de se plaindre d'un manque d'intérêt à l'étranger, du moins en ce qui concerne l'Allemagne et la France. La Frankfurter Buchmesse 1993 (Foire aux livres de Francfort) qui se tient début octobre 1993 et où l'accent sera mis sur la littérature néerlandaise, a déjà, et avec quelle vigueur!, projeté ses ombres: c'est au moins 110 ouvrages de littérature flamande, néerlandaise, caraïbe et surinamoise qui paraîtront en traduction allemande.
En 1992, Cees Nooteboom (o1933) ouvrait brillamment la voie à une percée définitive avec ses Berlijnse notities (Une année allemande) et Het volgende verhaal (L'histoire suivante); à l'automne 1992, Harry Mulisch (o1927) conquit la presse allemande avec De ontdekking van de hemel (La découverte du ciel) et son mythe de Faust fantastique le dispute en succès à Umberto Eco. Hugo Claus (o1929), Hella S. Haasse (o1918), Monika van Paemel (o1945), Margriet de Moor (o1941), Joost Zwagerman (o1963), Tom Lanoye (o1958), Kristien Hemmerechts (o1955), Connie Palmen (o1955): jeunes ou vieux, connus ou inconnus, ils paraissent en traduction allemande.
Mais en France aussi on note un intérêt croissant, augmenté d'un seul coup par le choix de la littérature néerlandaise qu'a fait le ministère français pour la manifestation ‘Les Belles Étrangères’ de décembre 1993. Une petite armée de hardis traducteurs travaille fébrilement à terminer avant cette date les traductions notamment de
De omweg naar Santiago (Désir d'Espagne) de Cees Nooteboom,
Hoffman's honger (La faim de Hoffman) de Leon de Winter (
o1954),
Zonder grenzen (Sans frontières) de Kristien Hemmerechts,
Eerst grijs dan wit dan blauw (D'abord gris puis blanc puis bleu) de Margriet de Moor,
Het gouden ei (L'oeuf d'or) de Tim
Krabbé,
Een gevaarlijke verhouding of Berg-en daalse brieven (Une liaison dangereuse ou Lettres de Berg-en daal) de Hella S. Haasse. Gallimard et Philippe Noble ont conjugué leurs forces pour la traduction de l'épopée de Mulisch,
De ontdekking van de hemel.
Bref, il n'y a pas lieu pour l'heure de se plaindre, en ce qui concerne les voisins du continent. Mais l'anglophonie reste, comme par le passé, une friche pour la littérature néerlandaise. Certes, on note ici aussi quelques inversions de tendance, Back to the Congo (Mon Oncle du Congo) de Lieve Joris (o1953), The Laws (Les lois) de Connie Palmen (o1955) et Public Secret (Secret public) de J. Bernlef (o1937) viennent en effet de paraître, et les Éditions Harvill vont également publier les derniers Nooteboom et Mulisch. Mais pour le reste, l'anglophonie est symbolique de la situation passée: la littérature étrangère, et singulièrement la néerlandaise, n'y dispose pas d'une tradition et il n'était pas rare, naguère