[Frans]
à envoyer carminalement ses fanfaronnades à la face du monde et à insulter ses adversaires par le truchement de poèmes.
Sa poésie était aussi fonctionnelle que poésie peut l'être. Il écrivait: ‘They all must fall / in the round I call’ (Ils iront tous au tapis / dans le round que je choisis) et ‘When you come to the fight, don't block the aisle and don't block the door. / You will all go home after round four’ (Quand tu viens au combat, n'obstrue pas le passage et ne barre pas la porte. / Tu rentreras chez toi dès le quatrième round), après quoi il battit son adversaire, Clay Moore, au quatrième round. - Il s'agissait donc d'une poésie hautement pratique et effective, dotée même d'aspects proscopiques, à moins que le jeune poète n'ait déjà été corrompu à un stade si précoce par la littérature, qu'il ait - à l'instar de ses collègues littérateurs - adapté la réalité à sa poésie et se soit délibérément retenu sur le ring pour faire de sa poésie une réalité.
A quelque temps de là son assurance s'était tellement accrue qu'il s'estima de taille à participer à un tournoi de poètes beatniks organisé à Greenwich Village. Son poème s'intitulait: ‘Ode à un champion’. Comme on ne l'avait pas jugé le meilleur, il se déclara lui-même champion. Je ne pense pas qu'un des autres ait osé le pousser sur le côté.
En fait son assurance était si grande qu'à l'âge avancé de 31 ans, il travailla à un glorieux retour; il n'était plus ‘le plus beau’ à l'époque, mais toujours ‘le plus grand’.
Extrait de ‘Droom van de oplichter: Werkelijkheid’ (Rêve de l'escroc: Réalité), De Bezige Bij, Amsterdam, 1977, pp. 33-34.