Économie
Les problèmes budgétaires aux Pays-Bas
Le projet de budget pour 1992, présenté par le gouvernement néerlandais, en septembre 1991, à la Deuxième Chambre des États généraux, mise manifestement sur le long terme. Phénomène d'autant plus surprenant que la paternité en revient, pour l'essentiel, à Wim Kok (o1938), ministre (socialiste) des Finances et vice-premier ministre dont le parti (PVDA - Partij van de Arbeid - Parti du travail) a toutes les peines du monde à avaliser l'impressionnant train de mesures douloureuses proposées par le gouvernement en vue de réaliser ses objectifs à long terme.
Bien que prévoyant pour 1992 une légère augmentation du chômage (quelque 20 000 demandeurs d'emploi de plus), le gouvernement s'abstient de prendre des mesures favorisant l'emploi. En revanche, désireux de voir un plus grand nombre de Néerlandais participer à l'activité économique du pays, il propose toute une panoplie de mesures - fort impopulaires, l'on s'en doute - destinées à creuser l'écart entre les revenus des actifs et ceux des non-actifs.
Générateur d'une des productivités les plus élevées au monde mais aussi, dans le même temps, d'un revenu national relativement bas par habitant, ce trop faible taux d'insertion des Néerlandais dans le monde du travail constitue aux yeux du cabinet Lubbers l'un des deux problèmes majeurs auxquels il entend s'attaquer. Au sein de la population active, la proportion entre le nombre des non-actifs (malades, personnes reconnues inaptes au travail, chômeurs) et celui des actifs ayant un emploi, est de 85 pour cent. Afin de réduire cette proportion hautement défavorable, le gouvernement a élaboré une série de mesures draconiennes parmi lesquelles il faut signaler celle qui préconise la modification de la loi sur l'incapacité de travail.
Le deuxième problème, tout aussi épineux que le premier, concerne l'accroissement ininterrompu de la dette publique, imputable aux déficits budgétaires cumulés. En dépit de la conjoncture défavorable, le gouvernement a décidé de continuer à réduire le déficit au cours de l'exercice 1992: de 4,75 du PNB en 1991 à 4,25 % en 1992. Il n'empêche que le montant du déficit demeure considérable: 21,1 milliards de florins (70 milliards de FF, 420 milliards de FB). La dette de l'État s'accroîtra donc d'autant et représentera ainsi, en 1992, 72,2 % du PNB contre 70,9 en 1991.
Quoi qu'il en soit, le gouvernement jure ses grands dieux qu'à l'augmentation persistante de la dette publique tout au long de l'année 1992 succédera la baisse s'il réussit à réduire le déficit budgétaire de 0,5 % du PNB au cours des années 1993 et 1994. On a de sérieuses raisons de croire que le gouvernement tiendra ses engagements étant donné qu'au cours des deux premières années de son existence il avait, à deux reprises, réussi ce même exploit.
Entre-temps, le service de la dette publique ne cesse de s'alourdir, réduisant ainsi d'autres postes de dépenses à la portion congrue. Sur un total de 205 milliards de florins de dépenses (700 milliards de FF, 4 200 milliards de FB), 27 milliards de florins (90 milliards de FF, 540 milliards de FB) seront affectés au règlement de la dette publique, devenu le troisième grand poste de dépenses, derrière l'enseignement (33 milliards de florins, soit 110 milliards de FF, 660 milliards de FB) et le budget des affaires sociales et de l'emploi (38 milliards de florins = 127 milliards de FF, 762 milliards de FB).
En raison de la récession économique, intervenant un peu plus tard aux Pays-Bas que chez ses voisins européens, on ne s'attend pour 1992 qu'à une croissance de 1 % contre 2,25 % en 1991 et 4,6 en 1990. Par ailleurs, le taux d'inflation pour l'année 1992 devrait être identique à celui de 1991 (3,25 %)alors qu'il ne s'était élevé qu'à 2,4 % en 1990.