Septentrion. Jaargang 20
(1991)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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promotion des intérêts du commerce du livre) a commémoré, fin 1990 à Utrecht, son cent soixantequinzième anniversaire. Plus ancienne que ses consoeurs allemande et française, nées, la première, en 1827, la seconde, en 1830, elle était déjà plus que centenaire lorsque, en 1929, les libraires et éditeurs flamands décidèrent à leur tour de se fédérer. Les Pays-Bas passent depuis fort longtemps pour un pays d'imprimeurs et d'éditeurs, farouchement attaché à la liberté de la presse. Issu de la débâcle napoléonienne, le jeune royaume avait
Numéro de la revue spécialisée ‘Boekblad’ (Revue du livre), éditée par la VBBB.
hérité, en matière de législation éditoriale, d'une situation assez chaotique. Si la contrefaçon et la vente illicite de ce qui, de droit, appartenait à autrui y étaient monnaie courante depuis des siècles, ces fléaux s'étaient encore aggravés et amplifiés sous la domination française, au préjudice, bien sûr, du commerce régulier du livre. Comme les moyens légaux susceptibles d'extirper le mal étaient somme toute assez peu nombreux, quelques figures de proue du commerce du livre (terme générique désignant à l'époque tant les imprimeurs et éditeurs que les libraires) prirent l'initiative d'organiser un échange de vues sur ce qu'ils appelaient ‘le déclin profond’ de la profession et sur les stratégies à mettre en oeuvre pour tenter de l'enrayer. Les pourparlers aboutirent à la création, en 1815, de la Vereeniging ter bevordering van de belangen des Boekhaidels, appelée, en tout premier lieu, à combattre la contrefaçon. Par le biais d'innombrables procès, la VBBB s'efforçait de contraindre ses adhérents à respecter une série de dispositions dont certaines devaient pourtant se révéler peu efficaces. Il a fallu attendre jusqu'en 1881 pour qu'une meilleure réglementation acquît, enfin, force de loi. Le règlement relatif aux pratiques commerciales, entré en vigueur au xxesiècle, constitue toujours l'assise légale des transactions effectuées entre éditeurs et libraires. Les progrès de l'imprimerie, l'amélioration constante des moyens de distribution - que l'on songe, pour ce qui concerne les Pays-Bas, au remplacement du coche d'eau par le train à vapeur -, l'apparition surtout d'un nouveau type de lecteur, bénéficiaire d'un enseignement plus performant, voilà autant d'évolutions qui nécessitaient une spécialisation professionnelle accrue et des investissements plus importants. Cette nouvelle donne allait déboucher, au cours du xixe siècle, sur la séparation des fonctions d'imprimeur, d'éditeur et de libraire, mettant mieux en lumière ce qui différencie celles-ci sur le plan matériel. En 1880, les éditeurs fondèrent leur propre fédération, lui assignant comme objectif principal la lutte contre les nombreuses pratiques répréhensibles qui déconsidéraient à cette époque leur corporation. Les libraires devaient suivre l'exemple en 1907. La VBBB, loin de se désagréger, restait plus active que jamais, faisant fonction d'organe centralisateur chargé d'arbitrer les conflits opposant les deux parties. Le mémorial somptueux, édité en souvenir du cent soixantequinzième anniversaire de l'association, reproduit quelques menus de banquets organisés à l'occasion d'assemblées annuelles ou autres festivités et réunissant dans une ambiance d'allégresse confraternelle des gens qui n'y oubliaient que le temps d'un repas leurs incessantes querelles intestines. Il va sans dire que les activités de la VBBB couvraient un champ d'action beaucoup plus étendu. Elle organisa d'importantes foires du livre à Amsterdam et participa, en 1900, à l'Exposition universelle de Paris. Tout cela peut être interprété comme le prélude aux actions qu'elle mènerait en faveur de la promotion du livre néerlandais, amorcées en 1932 par l'organisation d'une Journée du livre à laquelle succéderaient des manifestations annuelles, telles que la Semaine du livre, la Fête du livre et la Semaine du livre pour enfants, véritables temps forts dans la vie du livre aux Pays-Bas. Limportance d'un bon réseau de distribution a toujours été sousestimée. La VBBB acquit, en 1902, la Bestelhuis van de Boekhandel (Maison de commande du livre) à Amsterdam qui allait se développer en un puissant centre de distribution: la Centraal Boekhuis (Maison centrale du livre), actuellement établie à Culemborg. Il s'agit d'une entreprise entièrement automatisée qui gère un stock de plusieurs dizaines de millions de livres représentant quelque quarante mille titres et qui est chargée de l'approvisionnement des libraires. La VBBB peut s'enorgueillir de posséder la plus grande bibliothèque au monde spécialisée dans les métiers du livre. Ce fleuron est actuellement abrité par la bibliothèque universitaire d'Amsterdam. Parmi les activités de la VBBB, signalons encore la publication hebdomadaire d'une revue spécialisée Boekblad (Revue du livre), issue du Nieuwsblad voor des boekhandel (Journal du commerce du livre), fondé en 1834. L'associa- | |
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tion assure en outre une formation professionnelle de haut niveau et dirige la fondation Speurwerk (Recherches) où l'on étudie tous les aspects économiques de l'industrie du livre. A l'occasion d'événements importants, elle décerne le prix D.A. Thieme (du nom d'un illustre représentant de la profession ayant vécu au xixe siècle) à une personnalité ou organisme culturel de renom. Le prix a été attribué en 1990 à Dick Bruna (o1927), dessinateur et écrivain, mondialement connu en tant qu'auteur de livres pour enfants très drôles et d'une extrême simplicité. Quelques efforts que déployât la VBBB, les dissensions opposant libraires et éditeurs réapparurent à intervalles réguliers. Vers 1970, l'association faillit même sombrer dans la tourmente. Une fois encore, elle reprit du poil de la bête, opportunément secondée par un péril venu de l'extérieur. L accord sur les prix fixes, conclu par les syndicats néerlandais et flamands des libraires mais rejeté par la Cour européenne de justice, exigeait qu'on resserrât les rangs afin de mener à bien cette bataille juridique. Il fallait, en outre, se battre pour que soit promulguée une directive européenne prenant en compte les aspects culturels du livre ainsi que la non-coïncidence des frontières linguistiques et nationales dans l'Europe de 1992. Le maintien du prix fixe aux Pays-Bas donna lieu à toute une série de procès rappelant en quelque sorte la guerre que la VBBB avait déclarée à la contrefaçon au cours des premières décennies de son existence. Toutes ces vicissitudes n'ont pas empêché de fêter, comme il se devait, le cent soixante-quinzième anniversaire de la VBBB et de lui manifester haut et clair la reconnaissance qu'elle mérite. Gratifiée - un peu tard, il est vrai - de l'épithète ‘koninklijk’, elle vient de se hisser au rang d'association ‘royale’. ■ Willem J. Schouten (Tr. U. Dewaele) |
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