Schumann, Mahler, Verbesselt... un brelan d'extrêmes
Ces derniers temps, la vie musicale anversoise s'est avérée particulièrement florissante. Son intensité ne se manifeste pas uniquement par le foisonnement de concerts et de récitals, mais tout autant par la qualité des exécutions et, enfin et surtout, par la grande diversité de l'offre. De jour en jour on passe d'un extrême à l'autre.
Y a-t-il contraste plus flagrant que celui entre la gigantesque Symphonie des mille de G. Mahler et l'intimité de certains lieder de Schumann?
Il a fallu des années avant que l'on osât organiser un cycle de récitals de lieder dans la ville scaldéenne. Heureusement le centre culturel De Singel a changé cet état des choses. Durant la saison 89-90, le lied romantique, de Schubert à Brahms, sera à l'ordre du jour, avec une attention spéciale accordée aux lieder moins connus de R. Schumann ainsi qu'à des pages rarement exécutées de Clara Schumann-Wieck. Première dans la série, la mezzo-soprano japonaise M. Shirai, accompagnée de son époux H. Höll, interpréta des lieder extraits du répertoire de Schumann. Résultat d'un travail méticuleux, raffiné, et d'une technique sans faille, l'interprétation pécha par une expression quelque peu juvénile - peutêtre trop féminine?
La veille, c'était la Huitième symphonie de Mahler qui figurait au programme; une oeuvre qui, à notre connaissance, n'avait plus été exécutée à Anvers depuis des années. Au service de cette partition imposante, avec sa gigantesque distribution, l'Orchestre symphonique de Liège et le Koninklijk Filharmonisch Orkest van Vlaanderen (Orchestre philharmonique royal de Flandre) se présentèrent conjointement sur la scène de la Salle reine Elisabeth. Pour la phalange chorale on avait dû faire appel à deux choeurs d'oratorio des Pays-Bas, qui se sont excellemment acquittés de leur tâche. La Symphonie des mille, avec son contenu dichotomique, ne peut certes être considérée comme la création la plus géniale du ‘solitaire en automne’, elle n'en constitue pas moins un monument impressionnant, typique aussi bien de l'esprit de l'époque que des déchirures intimes du compositeur. Il est tout à l'honneur du Koninklijk Filharmonisch Orkest van Vlaanderen d'avoir enfin programmé cette page-là de Mahler. C'est, et c'était une expérience excellente, même si la direction de Pierre Bartholomée semblait parfois tracée à l'équerre et échouait à atteindre l'expression la plus profonde de l'oeuvre.
Bon nombre de musiciens appartenant à ce même orchestre philharmonique s'étaient fait remarquer auparavant au sein du Kamerorkest Walter Proost (Orchestre de chambre W. Proost), mais dans un tout autre répertoire: outre à des oeuvres de Prokofieff, on assista à la création mondiale du Gaudeamus d'August Verbesselt. Récemment ce compositeur anversois fêtait son 70e anniversaire. Flûtiste confirmé, il a été pendant de longues années soliste dans l'orchestre du Koninklijke Vlaamse Opera (Opéra royal flamand), professeur d'harmonie et d'analyse musicale au Koninklijk