Septentrion. Jaargang 19
(1990)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
[pagina 82]
| |
Robert Heppener (o1925).
et grandiose oeuvre pour orchestre. Ce fut une surprise pour beaucoup. Heppener, en effet, est avant tout un compositeur lyrique, auteur de chants magnifiques. Mais dans sa composition Boog voor groot orkest (Arc pour grand orchestre), il a accumulé une tension énorme - 22 minutes de pp à ff -, comme on bande un arc, à partir d'une attaque à l'unisson constituée d'une cellule germinale de deux petites secondes séparées par une quinte, petite figure tâtonnante se faisant de plus en plus agressive, se ramifiant, s'amplifiant jusqu'à ce que la tension devienne insoutenable. Les instruments à cordes tendent cet arc, les instruments à vent ne font qu'apporter des touches de couleur. Initialement, cette oeuvre était d'ailleurs destinée à un quatuor à cordes. Dans la réalité, bander un arc prend quelques secondes, mais l'oeuvre de Heppener constitue un agrandissement dans le temps de ce geste, comparable à la contraction d'un muscle telle qu'on la voit sous microscope. Le décochement proprement dit n'est pas indiqué. La tension se libère dans une évanescence aboutissant au silence. La trompette marque le lancement de la flèche, et dans cette explosion au ralenti résonne un lointain souvenir des premières mesures du lied Mondnacht (Nuit de lune) de Robert Schumann. Le compositeur a notamment songé aux dernières lignes: Und meine Seele spannte weit ihre Flügel aus, flog durch die stillen Lande, als flöge sie nach Haus (Et mon âme déployait largement ses ailes, traversait en volant le pays silencieux comme si elle rentrait à la maison). Heppener a travaillé pendant un an, ‘tous les muscles tendus’, à sa composition, à cette pièce d'idées pour le moins insolite. La création de la tension était impressionnante dans sa radicalité. La ‘dé’-tension était passablement plus problématique. La performance du Concertgebouworkest ainsi que de son chef d'orchestre Riccardo Chailly fut un plaidoyer convaincant, ce qui n'a pas toujours été le cas par le passé! Ernst Vermeulen (Tr. W. Devos) |
|