Eddy van Vliet (o1942).
monde, en quête d'un lieu de pureté immaculée, protégé d'un monde intrinsèquement mauvais, en quête d'un refuge qu'il nommerait ‘la cour intérieure’ dans le récent recueil primé. C'est dire si l'univers poétique de Van Vliet est essentiellement un monde romantique, un rien tendrelet, aux coins arrondis. L'oeuvre de la deuxième moitié des années 70 - les recueils
Het grote verdriet (Le grand chagrin, 1974), et
Na de wetten van Afscheid (Après les lois d'adieu, 1978)
Herfst (Automne, 1978) -, laisse le plus nettement apparaître cet aspect de sa poésie, en total accord du reste avec le climat poétique néo-romantique et sentimentaliste de ces années.
En fait Van Vliet n'a que tout récemment trouvé un idiome puissamment personnel. La première manifestation nette en fut le recueil Jaren na maart (Des années après mars, 1983).
Dans ce recueil et dans De binnenplaats (La cour intérieure, 1987) qui lui vaut le Staatsprijs voor Poëzie 1989 (prix d'État de poésie 1989) Van Vliet atteint un bel équilibre entre l'anecdote concrète et l'abstraction généralisante, entre la poésie en tant que confession individuelle et la production d'images qui peuvent remplir le lecteur d'émotions personnelles.
La plupart des poèmes de De binnenplaats sont composés d'images très concrètes empruntées à la mémoire ou à l'imagination, images qui comme des fragments d'un petit récit soulèvent un pan d'une situation, accrochent entre elles de frémissantes liaisons, suscitent des émotions comme autant de petites étincelles électriques.
Aussi la grande force de ces poèmes réside-t-elle dans la justesse de la mesure, d'une mesure où les sentiments se libèrent pour devenir nommables, mais restent suffisamment enlisés dans les situations évoquées pour ne pas dégénérer en abstractions et en concepts.
Hugo Brems
(Tr. J. Fermaut)