Septentrion. Jaargang 19

Cees Nooteboom à Bangkok

En 1985 la présente revue a présenté l'oeuvre de l'écrivain néerlandais Cees Nooteboom⁽¹⁾. L'auteur de l'article soulignait le regain d'intérêt pour Nooteboom depuis la publication du roman Rituelen (Rituels). Cet intérêt n'a pas fléchi depuis, c'est même tout le contraire. Les médias s'intéressent beaucoup à tout nouveau livre de Nooteboom. En outre, un nombre non négligeable de ses ouvrages ont également été traduits en français⁽²⁾.

En 1989 est parue chez Actes Sud la nouvelle Le Bouddha derrière la palissade (titre original: De Boeddha achter de schutting), traduite par Philippe Noble. Nooteboom décrit le regard porté par un voyageur occidental sur la vie et la culture de la capitale thaï, Bangkok. Bien qu'il soit lui-même le protagoniste, Nooteboom emploie constamment la troisième personne. Par ce procédé l'auteur semble établir une certaine distanciation entre lui-même et la ville. Cette distanciation est du reste fréquente chez Nooteboom. Presque jamais ‘il ne se fond complètement’ dans la ville où il réside. Dans Le Bouddha derrière la palissade, Nooteboom est néanmoins assisté par une voix secrète, une sorte de ‘conscience touristique’ qui guide l'auteur si solitaire par ailleurs vers le mystère de cette ville mondiale às la fois fascinante et hallucinante. La capitale thaï est en effet un chaudron de

(1) françoise opsomer, Cees Nooteboom, un écrivain de ce monde, dans Septentrion, XIV, n^o 1, 1985, pp. 2-5.

(2) Outre la nouvelle présentée ici, sont également parus en français: Rituels, Calmann-Lévy, 1985, Mokusei!, Actes Sud, 1987, Le chant de l'être et du paraître (titre original: Een lied van schijn en wezen), Actes Sud, 1988 et Dans les montagnes des Pays-Bas (titre original: In Nederland), Calmann-Lévy, 1988.

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Cees Nooteboom (^o1933).

sorcières grouillant de contradictions. Si Bangkok est un exemple d'école de culture orientale imprégnée d'intense spiritualité et marquée par une séculaire histoire bouddhiste, elle n'en reflète pas moins tout à la fois un insipide et décadent matérialisme. Aussi le mot d'ordre de la ‘conscience touristique’ est-il de ‘réconcilier les images’. Mais à aucun moment l'entreprise ne s'avère possible: les extrêmes divergent par trop à Bangkok et la méconnaissance de la culture orientale est par trop grande.

Hans Vanacker

(Tr. J. Fermaut)

cees nooteboom, Le Bouddha derrière la palissade. Un voyage à Bangkok (traduit du néerlandais par Philippe Noble), Actes Sud, Arles, 1989, 59 p.