Tout sur Ghelderode!
Depuis la période de ‘ghelderodite aiguë’ (1950-57) que déclencha la publication par Félicien Marceau du Théâtre complet (1947), Michel de Ghelderode n'a plus jamais quitté le devant de la scène française. Ni de la scène internationale d'ailleurs. Il suffit, pour s'en convaincre, de compulser la magistrale Bibliographie de Michel de Ghelderode qu'a publiée Roland Beyen, professeur à la Katholieke Universiteit Leuven (Université Catholique de Louvain). Dès sa thèse de doctorat, publiée en 1971, ce spécialiste avait déjà bouleversé les théories en cours sur la biographie et la chronologie officielles de l'oeuvre ghelderodienne: il y montrait par exemple comment l'auteur s'était ingénié sa vie durant à antidater ses textes, à cacher ses sources littéraires, à fourvoyer constamment journalistes et biographes. Ayant constaté l'immense tohubohu qu'avait ainsi créé Ghelderode (et non ‘De’ Ghelderode comme le Petit Larousse, 1988 s'obstine à écrire), R. Beyen s'est donné pour tâche de rédiger la bibliographie de cette oeuvre universellement admirée. Lors du Congrès Ghelderode tenu à Gênes en novembre 1978, il présenta un plan ambitieux et sollicita la collaboration des ghelderodiens du monde entier. Le résultat de ces dix années de labeur constitue aujourd'hui un fort volume de 840 pages où seule l'introduction présente un texte suivi!
On se demandera peut-être à quoi peut bien servir cette impressionnante accumulation de références bibliographiques. Imaginons un metteur en scène voulant monter la célèbre pièce Barabbas. Grâce à l'index des textes de Ghelderode, il trouvera d'abord un renvoi à l'édition originale, en français, sous le no114 (et non 144 comme l'indique l'index). Puis, le même index promène notre metteur en scène à travers une cinquantaine d'autres renvois qui lui procurent une foule de renseignements. Il apprend ainsi, au no1906, qu'il existe une interview enregistrée de Ghelderode (Les entretiens d'Ostende) présentant en outre l'interprétation d'un extrait de la pièce; d'autres numéros le renvoient à des articles élogieux, carrément destructeurs, ou plus simplement et plus utilement informatifs (sur la genèse, les maquettes des décors, les costumes...), ayant suscité à leur tour des comptes rendus...
Mais la grande nouveauté de l'ouvrage, ce sont les dossiers sur les représentations: ils indiquent les dates des représentations et des reprises, le nom de la troupe, les noms des acteurs, l'existence d'un programme, les comptes rendus suscités par la représentation. Ainsi, le no4011 nous renseigne sur la première mondiale à Ostende, en traduction néerlandaise! Ce n'est qu'après une autre représentation en traduction - en suédois: cf. le no4018 - qu'a eu lieu la première en français à Bruxelles (no4024), puis à Paris, au Théâtre de l'OEuvre, en 1950 (no4060). Le metteur en scène curieux apprendra encore qu'il existe des adaptations radiophoniques en plusieurs langues, des mémoires de licence et des doctorats (publiés ou inédits), des articles inédits de toute sorte, des émissions de radio enregistrées, voire même un film resté inachevé.
Ainsi, les trois grandes parties