Actualités
Arts plastiques
Les gravures de Ensor de retour en Belgique
En 1987, on a restauré deux dessins de James Ensor (1860-1949) conservés au Museum voor Schone Kunsten (Musée des Beaux-Arts) de Gand. Ce fut l'occasion d'organiser une exposition sur James Ensor dessinateur et aquafortiste, laquelle fit découvrir en Ensor l'un des principaux graphistes de son temps. C'est surtout au cours de sa période la plus créative, de 1880 environ à 1895 environ, que l'artiste ostendais produisit une oeuvre importante. Les historiens de l'art s'accordent à dire qu'après, Ensor ne fit plus que se répéter. Son oeuvre graphique comporte en tout 133 gravures.
La Kredietbank (la plus grande banque flamande) est parvenue à acquérir une collection de 122 gravures d'Ensor. Cette collection appartint jadis à François Franck, ami et mécène d'Ensor. Au début des années soixante, elle fut achetée par H. Shickman qui exploitait une galerie d'art à New-York. La Kredietbank est donc parvenue à rapatrier cette importante collection en Belgique.
Ensor se lança dans l'eau-forte vers 1886. La principale raison en était qu'il avait des difficultés à vendre ses peintures: les gravures, de par la modicité de leur prix, se vendraient mieux. Cela ne l'empêchait pas de considérer les eauxfortes comme des compositions à part entière et de les exhiber aux expositions. Dans ses gravures nous retrouvons tous les thèmes abordés dans ses peintures et ses dessins.
Son oeuvre se répartit en deux
James Ensor, ‘Insectes singuliers’, pointe sèche, 114 × 154 mm, 1886, collection ‘Kredietbank’.
groupes: dans le premier groupe de gravures, créées avant 1891, les gravures reprennent très étroitement les thèmes de ses autres oeuvres, mais il s'agit bien de compositions originales. Le second groupe, à partir de 1893, comprend surtout des reproductions de ses peintures et dessins.
Les gravures de cette collection sont presque toutes à un stade avancé ou définitif, tirées à l'encre noire, à quelques unités près qui le sont dans un ton mêlé sépia-sanguine. En effet Ensor coloriait souvent ses gravures à la craie, à l'aquarelle et à la peinture opaque. On distingue parmi cellesci deux catégories: les coloriées et les rehaussées. Dans la présente collection, on n'en trouve pas de rehaussées. La qualité des gravures coloriées est assez variable et pour les rehaussées, Ensor utilisait les impressions ratées.
Ensor n'était pas un aquafortiste né et il lui arrivait de bousiller une plaque. Volontiers aussi il se livrait à des expériences. Il ne s'occupait pas de l'impression elle-même. Il n'avait pas de presse et, à cause de cela, se rendait à Bruxelles pour chaque nouvelle impression. Presque toutes les plaques ont été conservées, mais après sa mort ses héritiers en ont rendu la majorité inutilisables. Il y en a une qu'Ensor lui-même a rendue inutilisable: celle qui s'intitule Doctrinaire voeding (Nourrissage doctrinaire), dans laquelle il se livre à un éreintage acerbe de la situation politique de son temps. Ayant accepté en 1929 le titre de