répartition chronologique. La genèse de la presse néerlandaise commence très tôt. C'est en 1618 qu'on édite à Amsterdam le premier journal imprimé, le Courante uyt Italiën, Duytslandt, & C (Journal d'Italie, Allemagne, etc.) qui contient surtout des informations politiques et des nouvelles commerciales. Des périodiques du même genre ne tardèrent pas à apparaître dans d'autres grandes villes, toutefois d'abord uniquement en Hollande (qui regroupait à l'époque les actuelles provinces de Hollande septentrionale et méridionale). Les Pays-Bas furent bientôt considérés comme un modèle à l'échelle internationale. La censure n'y était pas aussi sévère que dans beaucoup d'autres pays d'Europe. Cette liberté d'expression était contagieuse. Clandestinement ou non, on traduisit et on réédita à l'étranger maint journal néerlandais, notamment en France et en Angleterre.
Dans la seconde moitié du dix-septième siècle on publia d'ailleurs en Hollande même toute une série de journaux en langue française. C'étaient surtout les immigrés huguenots qui profitaient ainsi du climat favorable. Ils éditaient quelques journaux d'un niveau plus qu'honorable qui fournissaient une information étonnamment fiable.
Les tracts ou feuilles volantes constituaient un genre à part. Ils apparurent sous leur forme imprimée à peu près en même temps que les journaux. Leur contenu était souvent différent. La plupart des feuilles volantes étaient en effet d'un genre exclusivement polémique. C'est surtout dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, alors que progressistes et conservateurs se faisaient la vie dure, qu'ils connurent une large floraison. Mais par la suite non plus les tracts ne disparaîtraient jamais complètement. Les follicules essentiellement satiriques de format exceptionnellement réduit qui parurent dans les années 1840 en constituent une variante intéressante. Leurs modestes dimensions leur permettaient d'échapper à l'obligation du timbre qui frappait les journaux. L'homme de la rue ne tarda pas à les appeler avec beaucoup d'à propos ‘lilliputersblaadjes’ (feuillets lilliputiens).
La suppression du timbre entraîna beaucoup de conséquences favorables. Non seulement le public atteint s'élargit considérablement mais la présentation et la mise en page aussi s'améliorèrent nettement. Toutefois la presse se fit le miroir d'une société de plus en plus ‘pilarisée’ (compartimentée idéologiquement). Presque chaque tendance idéologique et religieuse disposait de sa propre tribune. Ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale qu'on verrait refluer ce cloisonnement idéologique. Pour les dernières décennies nous pouvons toutefois renvoyer au passionnant article général de J. van den Berg, Les Néerlandais et leurs journaux, paru dans Septentrion, II, no 1, 1973, pp. 5-17.
Hans Vanacker
(Tr. J. Fermaut)