Septentrion. Jaargang 18
(1989)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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séquent l'incompréhension entre des communautés qui se sont empêtrées dans une lutte absurde’ -, le poète flamand André Bontridder a publié un recueil de 24 nouvelles - dont plusieurs inédites en volume - de 24 écrivains flamands d'aujourd'hui.Ga naar eind(1) Ce volume vient enfin compléter une série d'anthologies présentant notamment des textes de prose flamande, interrompue depuis trop longtempsGa naar eind(2). Préfacier intrigué par ‘ce cas clinique de schizophrénie littéraire’ qu'est la Belgique, Jacques de Decker se dit confronté à ‘une Flandre inattendue, (...) une société en pleine crise morale, qui ne se réfère plus aux certitudes héritées de ses traditions cléricales et rurales, et qui vit une mutation dans un déchirement plus ou moins affiché dont les auteurs sont les meilleurs interprètes’. En guise d'introduction, Hugo Bousset, chroniqueur très assidu des lettres néerlandaises des vingt dernières années, esquisse un large panorama de la prose flamande de 1979 à 1986 -un digest de son étude récente Grenzen verleggen (Déplacer les limites) -, qui se caractérise par le renouveau des modèles d'écriture. Chez une première série d'écrivains, cette rupture avec le roman narratif traditionnel se traduit par l'irruption, dans la fiction, du réel sous la forme de documents, de reportages, d'essais, d'autobiographie thérapeutique ou non, de témoignages, de dossiers, irruption combinée avec des techniques de juxtaposition ou de collage. C'est par la voie de ce mélange et d'une approche diversifiée de la réalité que l'écrivain organise la quête de soi et cherche à avoir prise sur le monde dans lequel il vit. L'intertextualité aussi fait son apparition, culminant provisoirement dans Le chagrin des Belges (1983; 1985 pour la traduction française) de Hugo Claus, dont ‘l'oeuvre incorpore la substance même de l'homme de lettres’. D'autres auteurs procèdent à la déconstruction du langage et de ses manipulations et à une recréation de la langue. Grâce au processus d'autocréativité, ‘la langue est destinée à atteindre le degré le plus élevé de la pureté’ pour ‘engendrer la beauté face à une aliénation de la réalité, produire et créer face à une civilisation réduite à reproduire’. Parmi ces créateurs d'‘opus’, Ivo Michiels a vu déjà plusieurs de ses livres traduits en français. En marge de cette ‘prose absolue’ se situe aussi un courant de ‘paraprose’ à caractère grotesque et absurdiste. Bousset attire encore l'attention sur la nouvelle génération de prosateurs qui, ayant assimilé l'acquis novateur, se détournent de la contestation sociale des années soixante pour se pencher davantage, en néoromantiques discrets, sur leur propre moi, selon un éventail allant du nihilisme à la mystique. Il présente un groupe de romancières à la recherche de leur identité propre et mentionne huit débutants de grand mérite. Ce survol tout en nuances reflète ainsi fidèlement une réalité variée, et le choix des textes illustre parfaitement cette diversité. Plusieurs des auteurs présentés et traduits sont sûrement déjà connus des lecteurs de Septentrion ou des francophones attirés par les traductions d'oeuvres néerlandaises de plus en plus nombreuses ces dernières années. D'autres noms leur seront totalement étrangers. Complétant leur image et connaissance du domaine littéraire néerlandais, cette nouvelle anthologie fait ainsi oeuvre très appréciable et saura aiguiser la curiosité des lecteurs intéressés par la découverte d'‘une fenêtre ouverte sur un peuple, qui vit au coeur de l'Europe, qui traite des affaires avec le monde entier, mais dont l'âme n'en demeure pas moins à explorer, comme les fonds marins’, comme conclut De Decker en qualifiant cette anthologie de ‘bathyscaphe’. Un seul miniregret peut-être: l'absence d'une notice bibliographique pour les auteurs dont des ouvrages et/ou textes sont déjà disponibles en français. Willy Devos |
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