Economie
Le budget 1987 du second cabinet Lubbers
Le 16 décembre 1986, le deuxième cabinet Lubbers a présenté devant la Seconde Chambre des Etats Généraux (qui correspond à peu près à l'Assemblée Nationale française) son premier budget, portant sur l'année 1987. Dans leurs grandes lignes, les principales options étaient déjà fixées dans l'accord de gouvernement conclu cet été, après de longues négociations, entre les deux partis au pouvoir, le CDA des chrétiens-démocrates et le VVD des libéraux.
La politique du premier cabinet Lubbers (1982-1986) se trouve ainsi reconduite. Le nouveau cabinet présente également, à peu de choses près, la même composition. Et Onno Ruding, le ministre des Finances resté en poste, a exigé de ses collègues, avant d'entrer dans le nouveau cabinet, des garanties quant à la poursuite de la résorption de l'important déficit budgétaire néerlandais.
Le Premier Ministre, Monsieur Lubbers, voit dans la résorption de ce déficit budgétaire sans augmentation des contributions l'une des conditions du succès d'un des principaux objectifs de son gouvernement: la réduction du chômage, particulièrement important aux Pays-Bas par rapport aux autres pays européens, son ambition étant de ramener le nombre des chômeurs, qui sont plus de 900 000 actuellement, à 500 000 en 1990. Toutefois, pour atteindre ce but, il faudra créer pas moins de 450 000 emplois, puisque 250 000 nouveaux demandeurs d'emploi se présenteront sur le marché néerlandais du travail dans les quatre années à venir.
C'est là le résultat de l'évolution démographique néerlandaise, différente de celle des autres pays d'Europe. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, dans monta en flèche jusqu'à atteindre le double de sa valeur normale. En contrecoup, on vit apparaître vers la fin des années soixante un second baby-boom. Beaucoup de ces enfants quitteront l'école dans les quatre années à venir pour se présenter sur le marché de l'emploi.
Lubbers a déclaré que si le gouvernement ne réussit pas à créer ces 450 000 emplois, cela signifiera la faillite de sa politique. Le déficit budgétaire gouvernemental ne doit pas seulement être réduit pour diminuer le poids croissant de la dette publique (qui s'enflera malgré tout des 230 milliards de florins actuels à 330 milliards en 1990), mais aussi pour donner plus de champ et de liberté de manoeuvre aux entreprises. Le nombre des fonctionnaires sera réduit, si bien que les nouveaux emplois devront être créés en totalité par les entreprises. Aussi est-il indispensable, selon Lubbers, que les bénéfices des entreprises restent suffisants.
Au demeurant, le gouvernement échoue à réduire effectivement le déficit pour 1987. C'est qu'en 1987, les Pays-Bas, pays producteur de gaz naturel, ont été frappés de plein fouet par la baisse des prix pétroliers auxquels les prix du gaz sont liés. En outre les volumes de gaz exporté ont fortement baissé en 1987. Tout ceci a amputé de quelque 8% l'ensemble des recettes de l'Etat.
Pour compenser ce manque à gagner, le gouvernement a élaboré un ambitieux programme de compressions budgétaires. Sa mise en oeuvre devra être poursuivie jusqu'en 1990, date à laquelle le découvert devrait être ramené à 5,25% du Produit Intérieur Brut. Le découvert atteint actuellement 7,9% du PIB et se maintiendra à ce niveau l'année prochaine.
Quand, lors de la première crise pétrolière de 1974, la hausse du prix du gaz naturel eut accru considérablement les bénéfices de l'Etat, on augmenta les dépenses de l'Etat dans une proportion beaucoup plus considérable encore, ce qui eut pour effet de por-